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Friday, October 8, 2021

Les oiseaux ivres est une splendeur - Le Journal de Montréal

Quand j’ai appris que c’est un film québécois qui allait représenter le Canada dans la course aux Oscars du meilleur film international cette année, ça m’a fait un petit velours : après Arcand, Villeneuve, Falardeau, Duval et Nguyen, c’est à nouveau un film du Québec qui va nous représenter.

Je le confesse, je n’avais rien vu d’Ivan Grbovic, qui réalise Les oiseaux ivres, avant cette sélection.

Je me suis dépêchée de voir le film et je peux maintenant vous dire :   

  1. c’est un chef-d’œuvre ;  
  2. c’est parmi mes trois films québécois préférés... à vie.    

UN OISEAU PAS COMME LES AUTRES

C’est plate à dire (et le Milieu ne m’aimera pas), mais Les oiseaux ivres est un film québécois... qui ne ressemble pas à un film québécois.

Ce n’est pas un festival de champ-contrechamp ; je n’ai pas l’impression de regarder un long épisode de série télé ; ce n’est pas moralisateur ; pas de dialogues soulignés au crayon gras ; et les personnages ne sont pas unidimensionnels.

Le personnage principal est un travailleur saisonnier mexicain qui cherche la femme qu’il aime et qui pense la retrouver au Québec, en travaillant sur une ferme tenue par un couple en désunion (Claude Legault et Hélène Florent).

Vous n’avez pas besoin d’en savoir plus. Si j’en dis trop, je vais divulgâcher votre plaisir. Car Les oiseaux ivres dévoile les indices sur ses personnages au compte-gouttes.

Et même si le film parle du travail des migrants, ce n’est pas une charge anti-capitaliste sur « Des-vilains-gringos-qui-exploitent-les-pauvres-Mexicains-esclaves-de-l’agriculture-intensive ».

Le scénario n’a pas été écrit par le Machin décolonial de Québec solidaire.

On dit souvent qu’on ne souligne pas assez le travail des femmes en cinéma. Eh bien, Les oiseaux ivres a été coscénarisé avec Sara Mishara, qui signe aussi la direction photo. Cette magicienne de l’image nous avait donné la direction photo de (entre autres) Tout est parfait, Tu dors Nicole, Félix et Meira, les films québécois dont j’ai le plus aimé la facture visuelle.

N’ayons pas peur des mots : Les oiseaux ivres est une splendeur. J’avais constamment envie d’appuyer sur pause pour me plonger dans ces images tournées à l’heure magique, ces brefs instants avant le coucher du soleil où tout est baigné dans une lumière dorée virant au rose.

C’est un film d’atmosphère, qui montre plus qu’il ne démontre. En entrevue, Grbovic et Mishara parlent de leur film comme d’une « expérience », un « état d’âme ».

J’ai adoré : les travelings dans les champs ; les scènes urbaines de nuit ; le réalisme magique ; les scènes de pluie inquiétantes ; et la musique de Philippe Brault qui habille tout ça d’une mélancolie qui vous prend au cœur.

Vous savez ce que disait Bergman : « Si tu peux résumer un film avec des mots, ce n’est pas du cinéma ». Les oiseaux ivres est un film véritablement « cinématographique » : le réalisateur et la coscénariste/directrice photo nous racontent une histoire avec des images.

Le cinéma, pour moi, c’est un regard, une signature. Trop souvent dans les films québécois des dernières années, le propos était plus important que le regard.

J’avais envie depuis longtemps d’un vrai film d’auteur, qui me prend à la gorge. Ivan Grbovic, qui est né à Montréal en 1979 de parents serbes, est cet auteur que j’attendais.

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