Le long métrage de Ridley Scott avec Lady Gaga et Adam Driver prend, et c’est malheureux, des airs de roman-savon.
La première heure de La saga Gucci fascine. Le scénario de Becky Johnston et de Roberto Bentivegna ainsi que les caméras de Ridley Scott nous transportent à Milan, en 1978. Là, Patrizia Reggiani (Lady Gaga) et Maurizio Gucci (Adam Driver, excellent) tombent amoureux l’un de l’autre malgré l’opposition de Rodolfo Gucci (Jeremy Irons, formidable comme toujours), le père de Maurizio.
Mais le couple n’en a cure et se marie sans la bénédiction paternelle. Ambition, arrivisme, désir de s’intégrer à la famille? On ne le saura jamais vraiment, mais Patrizia commence à s’immiscer dans les affaires de la maison Gucci afin de propulser Maurizio à son sommet en évinçant Aldo (Al Pacino, égal à lui-même), frère de Rodolfo, et Paolo (Jared Leto), son fils, mettant ainsi en branle une série d’événements qui entraîneront la chute de la maison de couture. Et qui se soldera par le meurtre, qu’elle commanditera, de son époux.
La prestation de Lady Gaga tient en un seul mot: impressionnante malgré un accent italien peu convaincant. La chanteuse et désormais actrice domine chaque scène, y insufflant une énergie – voire une rage – à laquelle il est impossible de ne pas succomber. Mais ce rythme ne peut durer longtemps, malgré une trame sonore entraînante.
Passée la première heure, La saga Gucci dure 157 minutes, le scénario s’essouffle et la mise en scène tonitruante, à grand renfort de costumes, d’accessoires et de décors flamboyants, suit. Car, après la naissance d’Alessandra Gucci, la fille de Mauricio et de Patrizia, cette dernière multiplie les manigances et le script les raccourcis peu flatteurs (Maurizio acceptant d’aller à New York uniquement en raison d’une gâterie sexuelle de son épouse ou Paolo piquant des crises d’enfant gâté).
On reprochera aussi la tendance de Jared Leto et de Lady Gaga à pousser tellement leurs personnages qu’ils en deviennent des caricatures. Jared Leto donne ainsi à Paolo des airs d’idiot, oubliant que l’homme a quand même été designer principal de Gucci et vice-président de la compagnie. Outre son jeu parfois trop mélodramatique, Lady Gaga ne semble pas maîtriser son accent italien qui, non seulement change d’une fois à l’autre, mais ne ressemble à aucun de celui de ses covedettes (notamment avec celui de Salma Hayek qui, on le sent, fait des efforts louables).
Cela dit, on pardonne ces errements, un film de Ridley Scott, même maladroit, étant un plaisir. Pour une qualité supérieure, on se dirigera par contre vers Le dernier duel, son long métrage précédent, sorti en octobre dernier.
Note: 3,5 sur 5
«La saga Gucci»: cauchemar à l'italienne - Le Journal de Montréal
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