Tout le monde veut un morceau de Britney Spears, comme elle le chantait dans Piece of Me sur l’album Blackout, souvent considéré comme son meilleur. J’ai l’impression de participer à cela chaque fois que j’écris sur elle.
Pas moins de quatre documentaires ont été réalisés dans la dernière année sur le sujet, non autorisés par Britney et sa famille : Framing Britney Spears du New York Times, qui a lancé le bal en février, et auquel vient de s’ajouter la suite, Controlling Britney Spears (offert sur FX et Hulu) ; The Battle for Britney de la BBC, sorti en mai dernier, et Britney vs Spears, arrivé mardi sur Netflix, soit la veille de l’importante audience de ce mercredi, où nous apprendrons peut-être si la tutelle sera levée.
La pression est de plus en plus forte sur l’entourage de la chanteuse et en particulier sur son père, qui, après 13 ans, a soudainement proposé de se retirer comme tuteur, à mesure que des pierres étaient soulevées dans cette affaire pleine d’obscurité. Comme des brèches dans un mur infranchissable qui entourait la pop star de 39 ans depuis que son pouvoir sur sa propre vie lui a été retiré légalement.
Si seulement pour une fois, la frénésie médiatique qui a toujours entouré Britney Spears pouvait l’aider. Car tout ce qu’on apprend depuis un an est scandaleux, en plus de pointer vers d’importantes failles dans le système de justice qui a permis qu’une femme qui n’a jamais cessé de travailler ait moins de libertés qu’une mineure.
On apprend dans le documentaire de Netflix, réalisé par Erin Lee Carr, que dès le début, Britney Spears s’opposait à ce que son père soit de la tutelle, mais surtout, qu’elle a reçu un diagnostic de démence, ce qui est incompréhensible lorsqu’on a vu sa carrière se poursuivre, qui a engrangé des millions, alors qu’elle n’a même pas le droit d’utiliser une carte de crédit.
Britney Spears n’a jamais pu contester cette tutelle et on lui a refusé le droit de choisir son propre avocat. Ce serait arrivé sous prétexte de vouloir la protéger des vautours qui rôdaient autour d’elle alors qu’elle vivait une dérive extrêmement publique, en pleine bataille judiciaire avec Kevin Federline pour la garde de ses enfants.
On commence à se demander si les vautours ne sont pas dans sa famille et son entourage immédiat, qui sont tous sur le payroll de sa fortune gagnée à la sueur de son front. On dirait bien que lorsque Britney ne travaille pas, c’est la tutelle qui va mal, bien plus qu’elle.
Il faut ajouter à cela les avocats, en particulier celui qu’on lui a imposé, Samuel Ingham, qui, lui aussi, soudainement, s’est retiré en juillet quand ça a commencé à chauffer, après des années à toucher des honoraires.
Je pense que ça va barder parce que le nouvel avocat de Britney Spears, Mathew Rosengart, est en train de sortir l’artillerie lourde pour Spears.
Des révélations explosives sont sorties selon lesquelles Britney a été mise sur écoute et espionnée à son insu, si bien que le FBI s’apprête à enquêter au sujet de Jamie Spears sur ce qui pourrait être une grave violation de la vie privée de sa fille.
Si ça continue comme ça, j’ai l’impression que cette affaire pourrait aboutir à l’un des plus célèbres cas d’abus de l’histoire du star-système américain et de laxisme de la justice en même temps.
Quand je revois la période sombre de Britney Spears, en 2007 lorsqu’elle semblait péter les plombs, je me souviens qu’à peu près tout le monde se demandait où était sa famille. On était presque soulagé qu’elle soit mise sous une protection quelconque. Le père, qui avait été très peu dans le décor pendant longtemps, paraît-il, est arrivé comme un sauveur, et la mère, on en parle assez peu dans tout ça.
Mais le temps a passé, nous savons tous que n’importe qui peut traverser une crise grave dans sa vie, que la dépression post-partum existe (Britney sortait alors de deux grossesses) et que nous vivons dans un monde où un diagnostic médical peut marquer au fer rouge et discréditer pour toujours la personne à qui on l’imprime.
Britney Spears était condamnée par un diagnostic que le public a toujours au fond ignoré et le moindre de ses agissements et la moindre de ses sautes d’humeur pouvaient quasiment confirmer ou renforcer la tutelle.
Elle n’avait aucune porte de sortie parce que les regards sur elle ont toujours été sans pitié, dès ses débuts où elle affolait l’Amérique et était accusée d’être un mauvais exemple pour les jeunes filles.
Quand on apprend que le droit de voir ses enfants était en jeu, dans une sorte de chantage pour qu’elle obéisse et performe, on a vraiment envie de hurler.
Mais on aura beau sortir une tonne de documentaires, d’articles et de reportages sur Britney Spears, aucun ne sera aussi puissant que son témoignage livré en juin dernier, quand elle a pris la parole pour la première fois publiquement contre sa tutelle. Ce n’est pas pour rien que le documentaire de Netflix finit là-dessus.
Elle a parlé pendant 24 minutes quasiment sans respirer, avec un aplomb qui m’a jetée par terre. En contradiction, je trouve, avec son compte Instagram pour le moins très cryptique.
Il faut vraiment écouter ça au complet, c’est partout sur YouTube, pour considérer tout ce qui est en train de sortir sur cette affaire.
Écoutez le témoignage de Britney Spears (en anglais)Elle attaque dès le début en disant qu’elle n’a jamais été respectée en cour devant un juge, que son père a profité de son pouvoir sur elle, qu’elle est une femme traumatisée et sous le choc, et que tous les gens impliqués dans sa tutelle devraient être en prison pour ce qu’ils lui ont fait.
Je souhaite que la parole lui soit enfin rendue, et qu’elle finisse par être traitée comme un être humain. Il est temps d’écouter Britney Spears plus que n’importe qui d’autre. Ce ne sont pas ses fans, sa famille, des avocats ou des journalistes qui parlent dans ce témoignage : c’est elle.
La parole est à Britney Spears | La Presse - La Presse
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