La dernière fois que Le Journal a réalisé une entrevue avec Michel Pagliaro, il y a deux ans, le rockeur québécois avait raconté qu’il détestait les demi-mesures et qu’il avait viré des musiciens qui ne donnaient pas leur 110 % avec lui. Cette fois, Pag a insisté sur l’importance pour un artiste en développement de monter sur scène le plus souvent possible.
Tel le vieux sage qu’il est devenu à 72 ans – peut-être que sage n’est pas le mot approprié, mais tant pis –, Michel Pagliaro semble profiter des rares occasions que nous avons de nous entretenir avec lui pour prodiguer des conseils aux jeunes artistes.
Sa leçon du jour pourrait se résumer ainsi : vous voulez devenir une bête de scène ? Jouez, jouez, jouez. Le plus souvent possible, dès qu’une occasion se pointe.
« J’ai grandi à l’époque où les gars jouaient presque tous les soirs dans de petits bands. Aujourd’hui, ils ne jouent jamais. Ils font une télé, deux ou trois pratiques et ils les mettent sur une scène. Ça ne fait pas 15 ans qu’ils jouent dans les salles de danse », soutient Michel Pagliaro, qui nous a passé un coup de fil quelques jours avant sa participation au Festival d’été de Québec.
Apprendre la scène
Pourquoi est-ce si important ? Pour développer un bon flair (Pag a utilisé le terme anglais acumen) musical et de la constance.
Pour devenir un pro.
« Quelqu’un qui n’est pas professionnel tire une fois sur la cible, une fois sur la porte des toilettes, une fois au plafond. Le pro, lui, tire toujours sur la cible. Quand tu n’as pas fait assez de shows, tu n’as pas vraiment de présence sur scène. T’as pas rencontré assez de gens qui t’ont hué ou qui t’ont félicité. Tout ça permet d’apprendre à vivre sur scène et de comprendre ce qui s’y passe », explique-t-il, entre deux soupirs, parce que son voisin le dérangeait en passant sa tondeuse à gazon.
Et l’album ?
Jaser avec Pagliaro, ça exige aussi de lui demander encore une fois, même si on connaît la réponse d’avance, si son prochain album, qui sera son premier depuis Sous peine d’amour (Les bombes, Dangereux) en 1988, sortira bientôt.
Comme d’habitude, le rockeur a répondu qu’il nous le présentera quand il sera à son goût, sans s’étendre davantage sur le sujet.
D’ailleurs, il ne dit même pas le mot album. Il parle de son « projet ».
« Je ne veux pas en parler parce que je suis tanné d’en parler. Pour moi, ce n’est pas important ce que les gens disent. Je ne veux pas mettre mon nom sur une affaire que je n’aime pas », affirme le musicien, tout en précisant néanmoins qu’il aime ce qu’il est en train de faire.
Un ermite en pandémie
Il a donc profité de la pandémie pour avancer le projet. Comment s’est passé son confinement ? Pas trop mal, merci !
« Un ermite, pandémie ou pas de pandémie, ça ne change pas grand-chose pour lui. Je suis enfermé avec mes machines et mes bébelles. C’est le fun de sortir parfois pour aller au restaurant, mais si on ne peut pas, ce n’est pas grave. »
Une de ses sorties récentes a été un concert qu’il a donné dans un stationnement, selon la formule Musiparc qui avait été la planche de salut des artistes qui voulaient monter sur scène l’été dernier.
Comme d’autres, il n’en gardera pas un souvenir mémorable.
« Quand tu fais un show, tu veux que les gens soient près de toi et qu’ils aient la chance de sentir et d’absorber des choses. Qu’il y ait 12 ou 12 000 personnes, on essaye toujours de mettre autant de bonne volonté dans l’exécution, mais c’est certain qu’il y a des cadres qui sont plus le fun que d’autres. »
► Michel Pagliaro en concert au Manège militaire de Québec, dans le cadre du Festival d’été, samedi soir, 21 h 30.
Les leçons de Pagliaro - Le Journal de Québec
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