La famille de la sculptrice Danielle Roux poursuit le Cégep de Sainte-Foy pour avoir détruit « illégalement » une de ses œuvres après l’avoir « laissée se détériorer durant des décennies ». En plus de réclamer plus de 100 000 $ à l'établissement d’enseignement, elle veut l’obliger à reconstruire la sculpture L'Oiseau à l’identique.
Dépeinte par sa famille comme une des premières sculptrices québécoises à avoir produit des œuvres monumentales, Danielle Roux a notamment conçu, en 1967, une sculpture monumentale en acier qui a été installée devant l’entrée principale du Cégep de Sainte-Foy.
Elle y est restée durant de nombreuses années avant d’être déplacée sur un terrain vague, à l’ouest de l’établissement, où, selon les proches de l’artiste, elle a été laissée à l’abandon et n’a cessé de se détériorer.
Destruction
Malgré différentes démarches entamées auprès du Cégep de Sainte-Foy à compter de 2016 pour lui enjoindre de restaurer la sculpture, l’établissement a procédé à sa destruction en 2020 après l’avoir démantelée et sciée
, peut-on lire dans la demande introductive d’instance déposée en Cour supérieure le 31 août.
Danielle Roux est décédée en 1981 à l’âge de 40 ans. Pour faire respecter ses droits d’auteur, les enfants de Mme Roux et son conjoint survivant, le réalisateur Richard Lavoie, ont décidé de poursuivre le Cégep de Sainte-Foy en Cour supérieure.
Danielle Roux a notamment été lauréate du prix du lieutenant-gouverneur et boursière du Conseil des arts du Canada. (Photo d'archives)
Photo : Crédit : Hans Krieber
Ils lui reprochent d’avoir laissé la sculpture se détériorer pour ultimement la détruire, et ce, même après qu’un spécialiste de la restauration d’œuvres d’art, Jérôme Morissette, eut conclu qu’il était tout à fait possible
de restaurer L'Oiseau à des coûts raisonnables
.
Selon les demandeurs, le Cégep de Sainte-Foy a contrevenu à la Loi sur les droits d’auteur. L’article 28.2 (1) de la loi précise qu’il y a violation du droit à l’intégrité si l'œuvre est, d’une manière préjudiciable à l’honneur ou à la réputation de l’auteur, déformée, mutilée ou autrement modifiée
.
De plus, toute déformation, mutilation ou autre modification d’une sculpture est réputée préjudiciable au sens du paragraphe 1
.
Droits moraux
La violation des droits moraux par le défendeur cause un préjudice irréparable à la famille de feue Danielle Roux, qui [est] maintenant privé[e] de l’original de l'œuvre créée par cette dernière, à jamais, par la faute du défendeur
, est-il écrit dans la demande introductive d’instance.
Les héritiers de Mme Roux demandent au tribunal d’ordonner au Cégep de Sainte-Foy de reconstruire intégralement l'œuvre détruite et d’installer la nouvelle sculpture sur le terrain situé devant la salle Albert-Rousseau, le tout aux frais du défendeur.
L'affaire n’est pas sans rappeler la destruction, par la Ville de Québec en 2015, de l'œuvre « Dialogue avec l'histoire », qui a été reconstruite en 2019 et installée au parc de l’Amérique-Française. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Claudia Genel
Ils réclament également un montant de 75 000 $ à titre de dommages et intérêts ainsi qu’une somme de 30 000 $ en guise de dommages-intérêts punitifs.
Par leurs démarches, les enfants et le conjoint de Danielle Roux souhaitent en outre attirer l’attention sur le manque d’entretien flagrant
des œuvres d’art public au Québec.
Une fois érigés, ces sculptures, bas-reliefs et autres créations artistiques sont pour la plupart oubliés et abandonnés aux intempéries par une bureaucratie totalement insensible à leur sort
, dénoncent-ils dans un communiqué publié mercredi.
Avec la collaboration de Yannick Bergeron
Le Cégep de Sainte-Foy poursuivi pour « destruction illégale » d'une œuvre d'art - Radio-Canada.ca
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