Ikiwhoum: La grève à Hollywood entraîne craintes, pertes et mises à pied au Québec

La grève des scénaristes et des acteurs aux États-Unis, qui a commencé le 2 mai dernier, est lourde de conséquences pour l’industrie cinématographique au Québec. Les pertes financières sont si importantes qu’elles se traduisent par des mises à pied.

La majorité de mes clients, c’est des productions américaines. J’ai perdu à peu près 80 % de ma clientèle pour des tournages cet été. Si c’est pas réglé d’ici le mois de décembre, je vais probablement mettre la clé dans la porte, affirme Daniel Moise, gérant de l’équipe caméra et électro chez Pro-Cam.

M. Moïse essuie des pertes de près d'un million de dollars.

À Montréal, plusieurs secteurs souffrent de cette situation à l’image du Grand costumier, où les machines à coudre sont silencieuses. L’OBNL est passé de 15 à 4 employés seulement.

Le scénario qui était très possible, c’était vraiment la fermeture du Grand costumier. On a restreint nos services. Il y a un petit peu de films québécois, il y a un petit peu de séries québécoises, il y a de la publicité, mais si la grève se poursuit, je ne sais pas ce qui va arriver au Costumier dans le long terme, explique Kate Lecours, cheffe costumière au Grand costumier.

La moitié du chiffre d'affaires de cette maison montréalaise provient de l'habillage de figurants pour les grandes productions. L’ampleur de l’impact de cette grève peut s’évaluer par le nombre de personnes touchées dans le secteur et les revenus qui s’amenuisent.

Les personnes impactées par la grève actuelle aux USA, on les évalue entre 1000 et 2000 personnes. Présentement, les revenus sont à zéro. Il y a un stress énorme à savoir quand ça va recommencer. Il y a des gens qui nous appellent pour faire des retraits de régime enregistré d'épargne retraite, souligne Christian Lemay, président de l'AQTIS section locale 514 AIEST.

Daniel Moise, de Pro Cam, a dû acheter pour 100 000 $ de nouvel équipement pour se recycler dans les plus petites productions québécoises.

Les Américains nous ont permis de bâtir un héritage, une façon de tourner ici, professionnelle, de calibre mondial, et tranquillement pas vite, on est en train de le perdre, déplore-t-il.

Les réalisateurs et les acteurs d'Hollywood réclament de meilleurs cachets des plateformes de diffusion en continu, et une protection en lien avec l'arrivée de l'intelligence artificielle.

D'après le reportage de Jean Philippe Hughes