Attaque au marteau attendrisseur de viande, coup de bâton de baseball dans les tibias et vagin « défoncé » par des objets hétéroclites, la nouvelle saison d’À cœur battant, qui démarre le mardi 12 septembre à 20 h, ne flotte pas dans la légèreté. Mais pas du tout, seigneur.
En fait, les nouveaux épisodes que j’ai vus jeudi nous montrent que les deux héros du populaire téléroman de Radio-Canada en arrachent et qu’ils vacillent dans leur combat contre la violence domestique. L’armure téflon du psychoéducateur Christophe L’Allier (Roy Dupuis), terrassé par de violentes crises de panique, se fissure pour la première fois depuis son apparition dans Toute la vie, à l’automne 2019.
On le comprend de craquer, notre bon et dévoué Christophe. Le dernier épisode relayé au printemps révélait que la mère de Christophe, la très dérangée Édith (Micheline Lanctôt), l’a agressé sexuellement pendant son enfance et qu’elle a même pris des photos de ces gestes épouvantables.
N’oublions pas, non plus, que la petite sœur de Christophe, la toxicomane Julie (Larissa Corriveau), la mère des jumelles séropositives, s’est suicidée en prison et que cette même Julie a été violée par son propre frère, le policier Patrick (Jean-Nicolas Verreault).
En résumé : méchante famille de fuckés que les L’Allier.
Pas étonnant que Christophe parle de son « enfance de marde », à laquelle il a survécu non sans blessures.
Et Christophe n’a pas fini d’en découdre avec sa maman complètement inadéquate et manipulatrice, qui vit en résidence et qui est guérie de son cancer de l’estomac, détail important dans l’histoire d’À cœur battant.
Maintenant, des nouvelles de la procureure acharnée Gabrielle Laflamme (Ève Landry), qui a fini la saison printanière avec une seringue enfoncée dans le pli du coude. Divulgâcheur prévisible : non, Gabrielle n’est pas morte. Et non, vous ne connaîtrez pas immédiatement la substance qu’elle a recommencé à s’injecter dans les veines.
Ce que vous comprendrez, grâce à plusieurs retours en arrière, c’est d’où vient cette Gabrielle Laflamme et pourquoi elle agit de façon aussi carrée et intransigeante dans son travail d’avocate de la Couronne. Le père de Gabrielle, Hervé Dubois (Marc Messier), détient toutes les clés de l’énigme.
Rappel amical, ici : l’énigmatique Hervé Dubois a assassiné sa secrétaire puis tué la mère de Gabrielle, sous ses yeux, quand Gabrielle avait 12 ans. L’arme du crime : un attendrisseur à steak. C’est le genre d’évènement traumatisant qui marque à vie, n’est-ce pas.
Quand Gabrielle a appris que son père meurtrier demandait une libération conditionnelle, à laquelle il a légalement droit, elle a disjoncté et renoué avec d’anciens mécanismes de défense. Un nouveau venu, le Dr Windbourne (Roger Léger), l’épaulera dans son rétablissement.
Parlant de nouveau personnage, Catherine De Léan, alias Me Véronique Lenoir dans District 31, a coupé ses longs cheveux très, très court pour incarner la policière Éloïse Pelletier, une femme bête, zéro empathique et ennemie du gentil enquêteur Fabien Gauthier (Maxime Mailloux). Elle est méconnaissable et on se plaît déjà à la détester.
En parallèle, l’auteure Danielle Trottier, jamais en panne d’inspiration, boucle les intrigues d’À cœur battant amorcées au printemps, dont celle du policier Bertrand « Bert » Campeau » (Jérémie Jacob), blessé aux deux yeux après avoir tiré sur la pierre tombale de la femme qu’il a lui-même tuée. Quand ça va bien…
À cœur battant ramène aussi la famille Lazik, dont la mère Aleksa (Antoinette Fekete), qui ne parle pas français, avait été retrouvée en piteux état sur un bloc de ciment. La police avait accusé son mari et son fils de l’avoir battue. Au tribunal, l’avocat des Lazik expose une version des faits complètement différente.
Il n’existe pas de façon amusante ou jolie de parler de violence conjugale dans une télésérie. Et À cœur battant, que regardent 967 000 fidèles, n’est pas le type d’émission qui se consomme en rafale. Les épisodes sont chargés et les cas racontés, très lourds.
Cela dit, on ne s’ennuie pas devant ce téléroman, réalisé avec soin par Jean-Philippe Duval.
Oui, c’est dur à visionner. Au deuxième épisode, une jeune femme (Stéphanie Desrochers) se pointe aux urgences avec des lésions partout sur le corps, dont les parties génitales, qui ont été ravagées par divers objets. Selon son conjoint (Raphaël Lacaille), la victime a consenti à ces gestes d’une violence extrême.
Au premier épisode, la scène où l’écœurant Julio Montoya (Guillaume Champoux) s’attaque à son épouse Sylvie (Sasha Migliarese) avec un bâton de baseball lève le cœur. Impuissants, on a le goût de hurler devant nos écrans de la même façon que nous rageons à la lecture des articles de journaux qui racontent ces mêmes histoires, mais qui se déroulent à Notre-Dame-des-Prairies ou à Pointe-aux-Trembles.
Certains d’entre vous diront sûrement : je ne peux pas et je ne veux pas regarder ça, le monde va déjà assez mal comme ça, j’ai besoin de voir autre chose pour me détendre. Je comprends.
Heureusement, les épisodes d’À cœur battant nous prouvent qu’il existe de bonnes personnes, qui ont le cœur à la bonne place et qui sauvent des vies. Ça, c’est rassurant et réconfortant.
Cœur débattant et sensible, s'abstenir | La Presse - La Presse
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