Mardi soir, à compter de 22 h, les premières bombes colorées des Grands Feux Loto-Québec seront tirées d’une barge installée sur le fleuve Saint-Laurent, entre Québec et Lévis.
Si des dizaines de milliers de spectateurs accourront sur les deux rives pour assister au spectacle gratuit de 20 minutes, de plus en plus de voix s’élèvent contre la tenue d’un tel événement, qui se répétera huit fois en août.
Des villes, dont certaines au Québec, ont même décidé de bannir l’allumage de feux d’artifice sur leur territoire. La pandémie avait provoqué une pause. Certaines municipalités ont décidé de ne pas revenir en arrière.
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En rejetant des particules fines de titane, aluminium, magnésium, zinc, cuivre, potassium et autres substances utilisées pour obtenir les couleurs, les feux d’artifice sont sources de pollution atmosphérique et aquatique.
Sans oublier le bruit. Et les importantes sommes d’argent nécessaires pour réaliser de tels spectacles.
Un mémoire publié à l’Université de Sherbrooke, en 2018, se penche sur une quarantaine d’études scientifiques concernant l’impact des feux d’artifice.
Sans réclamer l’interdiction des feux d’artifice, l’auteure de la recension, Gabrielle Lajoie, recommande entre autres « ne permettre aucun lancement sur l’eau ou à moins de 100 m d’un cours d’eau ».
2,3 M$ d’investissements
« Est-ce qu’on a mauvaise presse? Je dirais plutôt fausse presse », a réagi François Brunet, directeur événementiel chez Les Créations Pyro, organisme à but non lucratif organisateur des Grands Feux et d’autres spectacles de feux d’artifice privés.
« La plupart des choses qu’on entend actuellement se basent sur des études de 2010 [ou avant]. Depuis, ça a énormément évolué. On est rendu avec des coquilles en plastique et les matériaux n’étaient pas biodégradables, dans ce temps-là », a poursuivi M. Brunet, joint lundi au téléphone par Le Soleil en pleine préparation avec ses artificiers.
Carton biodégradable, feuilles de riz pressé, approvisionnement local. Il dit tout mettre en œuvre pour réduire l’impact environnemental.
L’an dernier, 10 % des pièces pyrotechniques utilisées pour les Grands Feux étaient considérées comme « plus écoresponsables ». Cette année, après des tests concluants, ce sera 30 %, se félicite M. Brunet.
Le budget suit la même courbe.
Pour les huit spectacles des Grands Feux 2023, on parle de 2,3 millions $ d’investissements puisés chez les partenaires publics et privés. Presque 300 000 $ par soir. En calculant les échanges de services, ce montant atteint 3 millions $.
Rendez-vous au stade
Une première de cette ampleur dans la région cette année.
Les traditionnels feux d’artifice prévus sur les plaines d’Abraham pour célébrer la Saint-Jean, le 23 juin, et la Confédération, le 1er juillet, n’ont pas eu lieu en raison des importants incendies de forêt qui faisaient rage à ce moment dans plusieurs régions du nord du Québec.
Sans négliger toutefois que les Capitales de Québec, gagnent ou perdent, offrent des feux d’artifice à leurs partisans chaque vendredi où l’équipe de baseball joue au stade Canac. Selon leur calendrier, cela fera neuf feux d’artifice au-dessus du parc Victoria cet été.
« Il n’y a pas de réflexion en cours afin d’interdire les feux d’artifice à grand déploiement dans la région de Québec. »
— la Direction régionale de santé publique de la Capitale-Nationale
La Santé publique « rappelle toutefois que l’exposition aux fumées des feux d’artifice pourrait causer des inconvénients à certains groupes de personnes plus vulnérables ».
Société d’État qui régit les jeux de hasard, Loto-Québec commandite beaucoup de feux d’artifice. Son nom est accolé aux Grands Feux à Québec, à l’International des Feux à La Ronde de Montréal et aux vendredis feux d’artifice des Capitales, par le biais des Salons de jeux. Et il le restera, à ce qu’il faut comprendre.
« Loto-Québec est sensible aux préoccupations liées aux spectacles pyromusicaux qui sont, par ailleurs, des événements rassembleurs prisés par la population. Nous soutenons les organisateurs dans l’amélioration continue des façons de faire afin de minimiser l’impact environnemental et nous nous assurons qu’ils suivent les recommandations de la santé publique », affirme l’organisme gouvernemental.
Pas question non plus pour les administrations municipales de Québec et de Lévis d’interdire les feux d’artifice, assure-t-on des deux côtés du fleuve. Comme l’ont pourtant fait leurs vis-à-vis d’autres villes, telles Mont-Tremblant et Orford.
À Vancouver, les gros feux d’artifice de la fête du Canada ne sont pas revenus après la pandémie, « surtout à cause des coûts en augmentation », avait justifié un porte-parole du port de l’endroit, l’an dernier. Ce qui n’a pas empêché un événement comparable aux Grands Feux, la Celebration of Light, de se tenir fin juillet.
Changer pour des drones?
« Il y a une vague verte présentement », considère François Brunet, des Créations Pyro. « Certaines municipalités le font parce qu’elles n’ont plus les budgets et se trouvent une belle raison écologique pour arrêter. À Mont-Tremblant, on ne parle pas de la piste de course, pas mal plus polluante que des feux de 20 minutes, ou du jet privé qui atterrit à l’aéroport de Tremblant », illustre-t-il.
Dimanche, l’Omnium Banque Nationale de tennis de Montréal a lancé son tournoi féminin avec un spectacle de drones. Ce sera la même chose pour le volet masculin, tenu à Toronto.
En France, pour la fête nationale du 14 juillet, certaines villes comme Nîmes et Lourdes ont décidé cette année de remplacer les traditionnels feux d’artifice pour un spectacle de drones.
L’idée est de créer des figures aériennes à l’aide de centaines, voire de milliers, de petits véhicules volants téléguidés synchronisés.
- QUAND? Tous les mardis et jeudis d’ici au 24 août.
- OÙ? À voir de Québec ou de Lévis, dans le secteur du traversier.
- QUELLE HEURE? Les premières fusées explosives éclatent sur le coup de 22 h.
- PAS AVANT? L’animation musicale démarre dès 18 h des deux côtés du fleuve, à la place des Canotiers, dans le secteur du Vieux-Port de Québec, et au quai Paquet, à Lévis. Des DJs, groupes hommage et autres artistes locaux offrent des prestations gratuites.
- ÇA RIME À QUOI? Chaque spectacle pyromusical suit un thème. Le premier, mardi, sera inspiré de l’eau. Les autres thèmes sont : monde, Québec, DJ, Nashville, rock, 1980 et playa.
- COMMENT Y ALLER? Le Réseau de transport de la Capitale (RTC) propose deux trajets d’autobus supplémentaires qui font la navette entre le Vieux-Port et les secteurs Lebourgneuf (numéro 410), plus précisément du stationnement d’Hydro-Québec sur la rue De Celles, et Sainte-Foy (420), à partir du stationnement de l’Aquarium. De son côté, la Société de transport de Lévis (STLévis) ajoute un parcours entre le site Desjardins, qui dispose d’un stationnement, et le quai Paquet.
Les feux d'artifice traînent un nuage de controverse - Le Soleil
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