C’est un Kendrick Lamar impérial qui a mis fin au 16e festival Osheaga, le plus achalandé de son histoire. Au total, 155 000 personnes sont venues célébrer la musique pendant trois jours au parc Jean-Drapeau.
Avec une assurance imperturbable, le MC de Compton, en Californie, a pigé dans sa vaste discographie pour livrer succès et morceaux plus récents à une foule monstre déjà énergisée par la performance de Fred again.. sur la scène voisine juste avant.
Coiffé d’une casquette des Dodgers de Los Angeles, mais à l’effigie de son entreprise médiatique pgLang, et habillé d’une veste noire, d’un énorme short rose et de Nike Cortez, Kendrick Lamar a frappé fort dès le début avec l’extraordinaire N95 tirée de Mr. Morale & The Big Steppers, lancé l’an dernier. Il a ensuite alterné entre des chansons de cet album, de DAMN. et de To Pimp a Butterfly. King Kendrick a enchaîné avec des pièces du disque qui l’a révélé au grand public : good kid, M.A.A.d city. Les spectateurs, déjà conquis, ont explosé lorsque les notes de Backseat Freestyle ont retenti.
Notons que la qualité du son était exceptionnelle. On pouvait reconnaître la musique jouée par de véritables musiciens, mais ils sont demeurés invisibles. Des œuvres murales d’art naïf sur de vastes draps, qui se sont succédé tout le long du spectacle, occupaient tout l’arrière de la scène. Sept danseurs-comédiens habillés de la même façon et portant des masques de Kendrick Lamar ont occupé l’espace de différentes façons – parfois étranges – aux côtés du rappeur.
Après Swimming Pools (Drank) et M.A.A.d city, Kendrick est retourné du côté de DAMN. pour interpréter Loyalty, DNA – notre préférée de la soirée – et Humble.
La performance d’un peu plus d’une heure de M. Duckworth s’est conclue par les favorites Money Trees, Bitch Don’t Kill My Vibe et Alright.
Le rappeur, qui s’est très peu adressé à la foule, a ensuite signé quelques autographes sur des feuilles qu’il a remises à trois spectateurs. « Ces trois personnes ont bien représenté Montréal ce soir. Elles ont chanté chaque mot de toutes les chansons », a souligné Kendrick Lamar avant de clore avec Savior.
Nous avons eu droit à une performance irréprochable, quoique minimaliste, d’un artiste au sommet de son art. La deuxième partie nous a semblé légèrement moins forte, mais c’est possiblement parce que la première nous avait assommé.
« La plus grosse année »
« C’était la plus grosse année en termes de vente de billets depuis le début du festival », a indiqué Nick Farkas, vice-président, programmation, concerts et évènements, chez evenko, lors d’un point de presse dimanche, vers 17 h.
C’est incroyable de voir qu’après 16 ans, le brand est aussi fort. Il y a une énergie cette année que je n’avais pas ressentie depuis longtemps.
Nick Farkas, vice-président, programmation, concerts et évènements, evenko
Les organisateurs ont indiqué que les journées de samedi et de dimanche étaient à guichets fermés, soit 54 000 personnes. Il y en avait 47 000 vendredi. « Même si ce n’était pas complet, c’était l’une des plus grosses journées qu’on n’a jamais eues, précise Nick Farkas. Les têtes d’affiche, c’est un facteur. Le fait que dimanche, on avait Fred again.. et Cigarettes After Sex qui ont explosé dans les six derniers mois puis Baby Keem, samedi, qui n’avait jamais joué à Montréal. Le line-up au complet samedi et dimanche était plus fort. En plus, le monde travaille le vendredi, qui d’habitude est moins achalandé. »
Optimisme
Nous avons demandé à Nick Farkas quels étaient ses coups de cœur. « J’ai vu Aysanabee devant 2000 personnes, mais sa voix est hallucinante. C’était vraiment le fun de voir Nelly Furtado, qui est ici depuis deux jours, monter sur les scènes partout. Armani White avec Billie, hier soir, ça, c’est viral. C’est la première fois qu’ils se sont rencontrés. Personne ne le savait, même moi. »
Au sujet de l’avenir du festival au parc Jean-Drapeau, le vice-président programmation est optimiste. « J’ai fait une tournée avec la mairesse [Valérie Plante], hier [samedi]. C’est sûr que le plan, pour l’île au complet, crée des enjeux en termes d’espace, de superficie qu’on peut utiliser, mais la volonté du parc et de la Ville, c’est qu’on travaille ensemble et qu’on trouve des solutions, et c’est exactement ça qu’on a fait cette année. […] Je suis très confiant [pour l’avenir d’Osheaga]. Je suis encouragé de la coopération qu’on a eue cette année. On a eu des années où ce n’était pas toujours facile, mais tout le monde veut travailler ensemble pour la suite. »
Central Cee : rappeur talentueux, mais pas encore un MC
Central Cee n’a que 25 ans et son répertoire est encore plutôt restreint. Ainsi, pour meubler les 50 minutes prévues pour lui sur la scène de la Montagne, un DJ a réchauffé la foule une bonne quinzaine de minutes avant son arrivée. En entrant sur scène, le Londonien a immédiatement commandé l’attention du public bien compact grâce à son flow incisif et à son regard perçant. Cench pratique le UK drill, une forme de rap au tempo rapide appuyé sur des notes de base très puissantes. Les haut-parleurs d’Osheaga faisaient vibrer le sol et nos cages thoraciques. Déjà bien connu au Royaume-Uni grâce à ses microalbums No Nore Leaks et Split Decision, ce dernier fait en collaboration avec Dave, Oakley Neil H. T Caesar-Su, de son véritable nom, a gagné de nombreux admirateurs à la suite de son récent freestyle avec Drake. En début de parcours, Central Cee a entre autres interprété Little Bit of This et Commitment Issues. Les fans étaient heureux, mais la majorité des spectateurs – nous inclus – trouvait l’ensemble répétitif. Sprinter et surtout Dojo ont plus tard animé tout le monde, mais la fin est arrivée abruptement, alors que l’énergie était à son comble. Le rappeur britannique a un charisme certain, mais on ne lui accorde pas encore tout à fait le titre de maître de cérémonie.
Pascal LeBlanc, La Presse
Kendrick Lamar met le point d'exclamation au plus gros Osheaga - La Presse
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