Les intempéries, les annulations et d’autres imprévus ont donné du fil à retordre aux organisateurs du Festival d’été de Québec (FEQ). Mais ces obstacles ont fait basculer l’évènement dans la cour des très grands, selon les dirigeants du FEQ, pour qui 2023 est « une année charnière ». Explications.
« C’est l’édition la plus difficile qu’on a eue. On a eu un nombre d’annulations record. On a eu des contraintes avec le transport aérien pour certains artistes. On a eu la météo la plus difficile en peut-être 15 ans. »
Au bout du fil, Louis Bellavance, directeur de la programmation du FEQ, sonne… exténué. On sent dans sa voix (qu’il a à moitié perdue) et dans son ton que les derniers jours ont été éprouvants.
Les mauvaises conditions météo ont été si fréquentes qu’il a fallu annuler de nombreux concerts, dont ceux de la soirée hip-hop, qui a été interrompue à mi-chemin, et tous ceux de la soirée qui devait se terminer avec la performance des Cowboys Fringants jeudi dernier (durant laquelle on attendait aussi Vance Joy, Robert Charlebois et Elliot Maginot, notamment). Lil Durk, Christine and the Queens, Patrice Michaud et Meet Me at the Altar ont tous annulé leur présence, pour différentes raisons, mais toujours à très court préavis.
Toutes ces situations, impossibles à prévoir, ont forcé des journées interminables et des nuits blanches qui se sont succédé pour les organisateurs du festival. Malgré tout, Louis Bellavance exprime une grande satisfaction.
« J’ai étrangement l’impression que c’est une année charnière qui a fait basculer le FEQ. On s’en reparlera dans quelque temps, mais j’ai l’impression qu’on assiste au claim to fame du FEQ en matière de reconnaissance, de notoriété, de moments magiques », estime-t-il.
C’est peut-être justement parce que les défis ont été nombreux que l’organisation a pu démontrer tout son savoir-faire, pense-t-il.
L’adversité a finalement aidé à faire beaucoup de tours de magie. Mais on commençait déjà avec une affiche très forte et une participation du public inégalée.
Louis Bellavance, directeur de la programmation du FEQ
Rappelons que les laissez-passer pour le festival cette année se sont vendus en un temps record, soit une heure seulement.
« J’ai parlé aux agents des Français, des Américains, aux power people de l’industrie de la musique qui ont débarqué ici, et j’ai l’impression que c’est devenu une évidence pour tout le monde, cette année, qu’on est là, qu’on fait partie de la grosse machine. »
Ramener les Cowboys
Le FEQ peut compter sur une équipe « talentueuse et ambitieuse qui se nourrit de croissance et de défis », note le cerveau des opérations du festival.
Le plus grand (et grandiose) défi, cette année, a été de prolonger le festival d’une journée pour permettre aux Cowboys Fringants, à Robert Charlebois et à Sara Dufour de monter sur la scène des plaines d’Abraham lundi, ce qu’ils n’avaient pas pu faire en raison des orages violents jeudi dernier.
Le chanteur des Cowboys Fringants, Karl Tremblay, étant atteint d’un cancer de la prostate, le concert que le groupe devait donner portait une signification toute particulière. Un certain sentiment d’urgence a poussé toutes les personnes impliquées à faire en sorte que la soirée de lundi soit possible. « Les Cowboys, Robert Charlebois et Sara Dufour [sont revenus] et [ont dû] tous faire des compromis pour être là, dit Louis Bellavance. Puis, il y a nos équipes de production, d’opération, nos équipes terrain, nos fournisseurs, notre système de billetterie, les techniciens. Il fallait que la Ville embarque, que le service de police embarque… »
Pour mettre sur pied ce moment spécial « qui ne fait aucun sens financièrement » pour le FEQ, l’organisation disposait de quelques heures seulement. Au lendemain de l’annulation, on annonçait déjà le concert de lundi.
Personne ne peut présumer de l’avenir, mais on sentait que ce concert devait avoir lieu, on voulait le sauver, et ça a fonctionné.
Louis Bellavance, directeur de la programmation du FEQ
« Cette journée apocalyptique a été particulièrement spéciale, dit Louis Bellavance en se remémorant jeudi dernier. Toute cette séquence d’évènements marque un festival et marque une carrière. »
Continuer d’avancer
Le FEQ n’est pas parfait. Il est plutôt en constante évolution. Son modèle a une faille, par exemple, qui fait qu’on ne peut garantir aux festivaliers, lors des évènements à très fort achalandage, qu’ils pourront accéder aux sites.
Parce que plus de laissez-passer sont vendus que le nombre maximum de personnes admises sur le site des Plaines, c’est un risque que l’on prend (en toute conscience, par ailleurs). Mais ce genre de situation n’arrive que très rarement, précise Louis Bellavance. « La dernière fois, c’était pour les Rolling Stones, en 2015. »
La solution facile, ajoute-t-il, serait de vendre 35 000 billets de moins et de les vendre 100 $ plus cher.
Le système du FEQ, qui permet des achats groupés de laissez-passer à partager, fait que les gens achètent à un prix dérisoire. Ce qu’on demande en échange, c’est d’être conciliant s’il devait arriver qu’on doive fermer le site.
Louis Bellavance, directeur de la programmation du FEQ
L’organisation se mettra à la recherche de solutions « pour que ça arrive le moins possible », tout en considérant que le modèle actuel permet de plus grandes foules et une accessibilité inégalée, dit Louis Bellavance. « Ça fait partie de ce qu’on vend aux artistes qu’on invite, cette foule, ajoute-t-il. C’est pour ça qu’on a un Pitbull sur scène qui a l’air complètement dépassé, une Lana [Del Rey] qui se demande où elle est tellement il y a de gens face à elle ou un Imagine Dragons qui veut revenir à tout prix, qui en fait son but dans la vie de finir ce spectacle au FEQ.
« On a mis la barre très haut, ça met beaucoup de pression, ça donne un certain vertige. Mais on veut continuer, on veut aller aussi loin que les gens vont nous suivre. Et, en ce moment, ils nous suivent partout, tout le temps. »
Festival d'été de Québec 2023 | « Une course à obstacles plutôt qu'un marathon » - La Presse
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