L’actrice, réalisatrice et productrice québécoise Micheline Lanctôt est en deuil de son mari, décédé le 10 mai dernier des suites d’un cancer. Révoltée par les « conditions indignes » qui ont marqué les derniers jours de son être cher, elle publie dans Le Devoir une lettre ouverte en forme de cri du coeur au ministre de la Santé Christian Dubé.
« L’homme qui est entré à l’hôpital le 21 avril était âgé de 86 ans, mais fort, vigoureux, pleinement conscient et fonctionnel. L’homme qui en est ressorti n’était plus que l’ombre de lui-même, toujours conscient, mais hâve, affaibli, anxieux et peinant après son souffle », s’indigne-t-elle dans ce texte.
« Monsieur le Ministre Dubé, on peut dire que l’hôpital a tué mon conjoint », assène-t-elle.
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Jointe par Le Devoir, Micheline Lanctôt explique que son défunt mari a été d’abord opéré pour une tumeur « grosse comme un pamplemousse » et que, malgré son insistance, les médecins n’ont pas vu la récidive survenir.
Non seulement l’absence de personnel a nui au repos que le couple requérait, mais le brouhaha des va-et-vient dans le centre hospitalier a fini par lui transmettre la COVID-19. « Personne ne fait respecter le protocole de deux visiteurs par lit, et c’est la foire : les gens vont et viennent dans l’urgence, sans masques, sans précautions d’hygiène », soutient Micheline Lanctôt, qui a en effet contracté la COVID-19 dans cette triste histoire.
Puis, paradoxalement, la rigidité des protocoles l’empêche d’offrir quelques soulagements personnels, comme des gouttes pour les yeux qui provenaient de l’extérieur de l’établissement. « Je préfère ne nommer personne dans ce dossier. C’est le système qui est en cause », explique-t-elle au Devoir. Une plainte officielle a tout de même été déposée auprès du CIUSSS responsable.
« Nous sommes tenus de ne pas commenter un cas spécifique par respect et en conformité des règles pour la confidentialité des dossiers des personnes à qui nous offrons des services », a répondu le service des communications de ce CIUSSS, questionné par Le Devoir, avant d’ajouter que « l’établissement est soucieux de la qualité des soins et services offerts ».
Micheline Lanctôt reconnaît le « manque de personnel, [le] manque de soins, [la] fatigue professionnelle » dont souffre le système de santé, mais s’explique mal le manque d’écoute des proches des patients. « Pendant six jours, on lui a administré de l’oxygène par une canule dans le nez alors qu’il a une déviation du septum qui l’empêche de respirer par le nez », affirme-t-elle.
Le cabinet du ministre Dubé a tenu à offrir ses condoléances à la famille éplorée après avoir pris connaissance de la lettre. « Les situations rapportées dans la lettre sont troublantes et ne représentent pas du tout les soins que les Québécois méritent », indique-t-on comme défense dans une communication écrite. « Malgré les défis actuels dans notre réseau, tous les patients, peu importe leur situation et leur problème de santé, sont en droit de recevoir des soins de qualité et respectueux. C’est au coeur même de notre vision. Ceci étant dit, nous ne ferons pas plus de commentaires sur cette situation, mais il faut que ça change. »
Christian Dubé a présenté à la fin mars un volumineux projet de loi de plus de 1000 articles répartis sur 308 pages qui reconnaît à « toute personne » le « droit » de recevoir des services de santé adéquats et sécuritaires.
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En deuil, Micheline Lanctôt lance un cri du coeur au ministre de la Santé - Le Devoir
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