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Saturday, April 1, 2023

Philippe Brach | Le retour de l'oiseau rare - La Presse

Après plus de cinq ans sans sortir de nouvelle musique et trois ans et demi de silence, Philippe Brach fait un retour inattendu avec Les gens qu’on aime, quatrième album qui sera peut-être le dernier… ou pas.

Lorsque l’auteur-compositeur-interprète a annoncé il y a quelques semaines l’arrivée imminente d’un nouvel album, plusieurs personnes ont cru à un canular dont lui seul a le secret.

« Ben oui je sais, plein de gens ont pensé que je trollais encore. Mais ça aurait été vraiment cheap de faire un coup vite comme ça pour ne pas revenir ! Surtout que je reçois des messages depuis un bout. On me demande ce que je fais, si je vais bien. »

La réponse est oui, Philippe Brach va bien. On l’a rencontré en début de semaine dans un resto de la rue Beaubien, souriant et manifestement en forme. Content de jaser aussi, mais l’oiseau rare, libre et insaisissable qu’il est a mis ses conditions : les entrevues seront peu nombreuses, et il est content parce que jusqu’à maintenant, « c’est bien dosé ».

« Je vais essayer de revenir et de ne pas avoir le goût de crisser mon camp après une semaine. »

Originaire de Falardeau au Saguenay, Philippe Brach a toujours su qu’il ne passerait pas sa vie à Montréal. Il est installé maintenant dans les Hautes-Laurentides, « deep dans le bois », où il travaille pour des organismes communautaires du coin. On ne l’a pas vu ces dernières années, mais il n’a « jamais vraiment arrêté », a continué à écrire et composer, à faire de la mise en scène et de la réalisation pour d’autres projets. Il est aussi resté impliqué dans l’organisation du festival La Noce, à Saguenay.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Philippe Brach

J’ai juste fait une croix sur les entrevues, le milieu, les galas… ma carrière musicale, en fait. Je ne tenais pas mordicus à ne pas revenir, mais en dedans de moi, j’avais ce feeling. Il y avait juste pour les shows que c’était un deuil. Pour le reste, ça ne me manquait pas.

Philippe Brach

Philippe Brach était convaincu qu’il n’allait rien sortir « avant un crisse de bout ». Jusqu’en novembre dernier où, sur un coup de tête, il a pris la décision d’enregistrer des chansons écrites au cours des deux dernières années. Après avoir établi un calendrier disons assez serré, il a appelé sa maison de disques, et le processus s’est enclenché.

« Les premières personnes averties, ce sont celles qui ont fait la pochette et les photos de presse. Les musiciens ont été avertis trois semaines d’avance. On est rentrés en studio le 9 janvier, le 9 février tout était fait, et ça sort en mars. »

N’y a-t-il pas quelque chose d’ironique à travailler dans l’urgence, après avoir passé tellement d’années sans rien sortir ? « Ça fait du bien ! C’est : oh shit, on est devant un précipice. Et j’aime ça, créer devant un précipice. Je trouve ça vraiment, vraiment le fun. »

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Les fans ne seront pas déstabilisés par ce nouvel album coréalisé encore une fois avec son ami Gabriel Desjardins, qui contient de bonnes couches d’orchestration, mais appliquées de manière plus ponctuelle, dans lequel on retrouve son phrasé coulant, moult ruptures de ton et son humour particulier, mais qui respire davantage.

Il s’est aussi contenu du côté des paroles, avec des textes souvent très courts. La chanson titre ne comporte qu’une seule phrase : « Les gens qu’on aime vont tous mourir ». La meilleure qu’il n’ait jamais écrite, estime-t-il.

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« Je l’ai déjà eue, la vibe de dire plein d’affaires pour dire une affaire. Là je voyais que je faisais de l’emballage, alors je coupais les trois quarts des tounes pour aller straight to the point. »

Vers l’extérieur

Encore immergé dans la création, l’auteur-compositeur-interprète a de la difficulté à voir le fil conducteur de son album. On lui dit qu’on a eu l’impression qu’il est davantage tourné vers les autres, qu’il regarde le monde en essayant de lui trouver du positif. Il opine.

Après trois albums d’ostie de shit dark, à un moment donné je me suis dit que je ne reviendrais pas avec un quatrième album qui irait dans les mêmes zones.

Philippe Brach

Le résultat est moins au je et plus tourné vers les autres – le diptyque Tu veux te tuer, c’est bien ça ? et J’ai de l’air est particulièrement touchant. C’est entre autres, croit-il, parce qu’il n’a jamais vu autant d’humains que depuis qu’il a quitté la ville.

« Quand j’étais à Montréal, je restais enfermé dans mon appart à longueur de journée. J’ai fait trois albums en ne voyant personne. Celui-là est vraiment orienté vers les autres, j’imagine que c’est parce que j’ai dû en rencontrer un peu ! »

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Il a en tout cas l’impression qu’il est plus agréable à écouter que son précédent, Le silence des troupeaux. Après trois albums créés en cinq ans, Les gens qu’on aime marque pour lui le début d’une nouvelle période. Qu’est-ce qu’on lui souhaite ?

Je rêve qu’il soit bien reçu, mais que je n’aie pas besoin d’aller dans les galas. Il se passera ce qu’il se passera, mais j’aimerais que le monde vienne me voir sur la route, parce que c’est ça qui me fait tripper.

Philippe Brach

Philippe Brach passera l’été dans le bois et sur les lacs, puis repartira en tournée à compter de l’automne pour un an et demi. Et après ? Qui sait.

« Si c’est un autre album, ce sera une autre tournée. Ou ça se peut que je redevienne un fantôme. Mais c’est dans deux ans, et il y a deux mois je n’étais même pas encore en studio. C’est difficile de prédire. »

Les gens qu’on aime

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