Dans cinq dodos, Ciné-cadeau soufflera ses 40 bougies. Au-delà du nombre, rarement atteint en télévision, cet anniversaire confirme notre attachement profond, voire viscéral, au cultissime rendez-vous de Télé-Québec, qui s’accompagne habituellement d’un bon chocolat chaud.
Car Ciné-cadeau, c’est beaucoup plus qu’une simple sélection de longs métrages pour enfants qu’on présente chaque année en décembre ; c’est une expérience nostalgique qu’on peut recréer et partager.
C’est du moins ce qu’avance Éric Falardeau, étudiant au doctorat en communication et chargé de cours à l’Université du Québec à Montréal, mais, surtout, auteur qui s’y connaît en matière de blocs de programmation de films qui marquent des générations. Puisqu’en plus d’avoir signé un texte dans Noël cathodique – La magie de Ciné-cadeau déballée, un recueil publié en 2017, Falardeau est, avec Simon Laperrière, codirecteur de Bleu nuit, histoire d’une cinéphilie nocturne, un ouvrage collectif paru en 2014 qui célèbre l’ancien créneau érotico-coquin de TQS.
« Ciné-cadeau, c’est un des rares rituels empreints de nostalgie qu’on a conservés, déclare l’enseignant en entrevue. C’est une tradition qui arrive toujours au même moment de l’année, qui signifie que Noël approche. »
Plus encore, ça nous rappelle une façon simple de vivre le temps des Fêtes, avant l’arrivée de l’internet, quand on allait jouer dehors. Ça évoque l’hiver, le froid, les vacances, la nourriture, les cadeaux sous le sapin… C’est tout relié.
Éric Falardeau, doctorant en communication et chargé de cours à l’UQAM
Toujours populaire
Après 40 ans, Ciné-cadeau demeure un énorme succès pour Télé-Québec. Les chiffres de Numéris ne mentent pas. L’an dernier, 4 100 000 téléspectateurs (54 % des Québécois) ont regardé, chaque semaine, la programmation des Fêtes du réseau. Les trois diffusions de Ciné-cadeau (9 h, 15 h 30 et 18 h 30) rassemblaient quotidiennement 393 003 jeunes (et moins jeunes) cinéphiles.
Cette popularité s’est transposée sur l’internet : durant cette période, 2,04 millions de visionnements ont été enregistrés sur telequebec.tv, une hausse de 55 % par rapport à l’année précédente.
« Ciné-cadeau, c’est quelque chose qu’on transmet de génération en génération, indique la nouvelle vice-présidente des contenus du diffuseur public, Nadine Dufour. On l’a vécu avec Passe-Partout 2.0. Les parents qui aimaient l’émission étaient vraiment excités d’initier leurs enfants. »
Une compétition féroce
Quels films seront présentés à Ciné-cadeau cette année ? Quelques nouveautés (Même les souris vont au paradis, Lassie – La route de l’aventure) et, bien entendu, des classiques indélogeables, comme Tintin, Lucky Luke et Astérix. On écrit « indélogeables » parce que s’ils n’étaient pas prévus à l’horaire, les plaintes afflueraient à vitesse grand V, affirme Nadine Dufour.
« Chaque année, on reçoit des demandes de téléspectateurs qui veulent revoir de très, très vieux films, qui n’ont jamais été remastérisés. On essaie de renouveler un maximum de titres, mais certains sont introuvables en version d’assez bonne qualité. On n’ira pas jusqu’à diffuser des films en [format] quatre tiers, quand même ! »
Un autre facteur détermine le retour ou non d’un titre dans l’offre de Ciné-cadeau : le prix. Avec l’arrivée de plateformes comme Netflix, Prime Video, Crave, Disney+ et Club illico, qui veulent également satisfaire leurs abonnés en proposant des films familiaux en décembre, le marché des acquisitions surchauffe. La concurrence est féroce. Pour obtenir les droits de diffusion d’un film, les chaînes doivent s’y prendre d’avance et, surtout, sortir leur portefeuille.
Les négociations sont beaucoup plus ardues. Les prix ont énormément augmenté. Il y a des films qu’on a présentés pendant des années qu’on n’a plus les moyens d’avoir, parce qu’on nous les facture trois fois plus cher qu’avant.
Nadine Dufour, vice-présidente des contenus de Télé-Québec
Astérix résiste… au sommet
Heureusement pour Télé-Québec, les films d’Astérix demeurent disponibles… et abordables. Les aventures du petit Gaulois occupent sept des dix premières positions du palmarès des films de Ciné-cadeau les plus écoutés des dix dernières années. Les 12 travaux d’Astérix et Astérix et Cléopâtre trônent au sommet du classement, avec respectivement 693 000 téléspectateurs (marque établie en 2016) et 542 000 téléspectateurs (marque établie en 2015).
Porte-parole des célébrations entourant le 40e anniversaire de Ciné-cadeau et grand amoureux de l’œuvre de Goscinny et Uderzo, Guillaume Lambert (L’échappée, Like-moi) approuve ce choix populaire. S’il avait à dresser sa propre liste d’incontournables, l’auteur et réalisateur ajouterait assurément La guerre des tuques d’André Melançon (« pour les répliques cultes ») et Garfield et ses neuf vies, un long métrage d’animation de 1988 (« C’est tellement space patate comme film ! »).
« Je suis né dans les années 1980, précise Guillaume Lambert. Pour moi, Ciné-cadeau a toujours existé. Chaque année, j’en profite pour réécouter mes classiques. »
C’est une tradition importante. Ça fait partie du temps d’arrêt nécessaire en décembre, cette période où on est reconnaissant pour l’année qui s’achève et plein d’espoir pour celle qui s’en vient.
Guillaume Lambert
Anniversaire souligné
Sans surprise, le 40e anniversaire de Ciné-cadeau ne passera pas inaperçu à Télé-Québec. Vendredi, la chaîne présentera Les Gervais-Diaz fêtent Ciné-cadeau, une émission spéciale dans laquelle le couple Bianca Gervais-Sébastien Diaz reçoit notamment Mahée Paiement, Kim Lizotte, Kevin Raphaël, Bleu Jeans Bleu (déguisés en frères Dalton) et Ariane Moffatt.
Depuis quelques semaines, on peut également écouter sur diverses plateformes (dont OHdio) Le grand déballado de Ciné-cadeau, un sympathique balado de trois épisodes piloté par Mathieu Bouillon, où l’animateur revisite les classiques de Ciné-cadeau avec Catherine Éthier, Antoine Vézina, Tammy Verge et d’autres mordus.
Enfin, un Conte pour tous sera projeté en plein air au Vieux-Port de Montréal le samedi 10 décembre. « Il fallait qu’on souligne ça, note Nadine Dufour. Le temps des Fêtes sans Ciné-cadeau, c’est impossible ! Les gens attendent toujours notre programmation avec impatience. »
L’avenir de Ciné-cadeau semble assuré. En raison du vif intérêt qu’il suscite encore aujourd’hui, Nadine Dufour paraît assurée de fêter son 50e anniversaire dans 10 ans. « L’attachement du public est vraiment trop fort, explique-t-elle. Oui, on veut continuer à moderniser la marque en ajoutant de nouveaux contenus, mais tirer la plogue, personne n’osera jamais faire ça ! »
Télé-Québec présente Ciné-cadeau à partir du samedi 10 décembre.
Les 20 films les plus diffusés à Ciné-cadeau depuis 2005
- Les 12 travaux d’Astérix
- Astérix chez les Bretons
- Astérix et Cléopâtre
- Astérix le Gaulois
- Astérix et la surprise de César
- Astérix et le coup du menhir
- Les Dalton en cavale
- La ballade des Dalton
- Tintin et le lac aux requins
- Astérix et les Indiens
- Tintin et le temple du Soleil
- Daisy Town
- Tintin et l’affaire Tournesol
- Alex et les fantômes
- Astérix et les Vikings
- Festin de requin
- Rumeurs
- Le chandail
- Poulets en fuite
- Kirikou et la sorcière
Source : Télé-Québec, période des Fêtes de 2005-2006 à 2021-2022
En savoir plus
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- Top 5 des films Ciné-cadeau de 2021
- 1. Les 12 travaux d’Astérix : 530 000 téléspectateurs 2. Astérix et les Vikings : 405 000 téléspectateurs
3. Astérix chez les Bretons : 373 000 téléspectateurs 4. Astérix et Cléopâtre : 363 000 téléspectateurs 5. Le bébé boss : 257 000 téléspectateurs
Numéris, InfoSys+TV, Québec franco, du 11 décembre 2021 au 2 janvier 2022 (données confirmées)-
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- Deux familles québécoises sur trois ont regardé la programmation des Fêtes de Télé-Québec l’an dernier.
Source : Numéris, InfoSys+TV, Québec franco, du 11 décembre 2021 au 2 janvier 2022 (données confirmées) -
Les 40 ans de Ciné-cadeau | Le cadeau qu'on continue de s'offrir - La Presse
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