Imaginons une seconde que les députés péquistes, les seuls à s’être tenus debout, soient expulsés du Salon bleu par la sergente d’armes, le 29 novembre, parce qu’ils tentent de siéger sans avoir prêté allégeance au roi Charles III.
C’est le scénario digne d’un mauvais film qui guette les élus du PQ. Cela fait suite à la décision du président sortant de l’Assemblée nationale, François Paradis, qui n’a par ailleurs accordé aucune entrevue pour s’expliquer.
La position de M. Paradis, qui pue la mauvaise foi et la partisanerie, survient de surcroît en pleine période de transition. Les parlementaires seront en effet appelés à nommer son successeur dès la reprise des travaux.
- Écoutez l'édito de Karine Gagnon à l'émission de Benoit Dutrizac diffusée chaque jour en direct 11 h 40 via QUB radio :
Geste rare
Selon l’historien et auteur Jocelyn Saint-Pierre, retraité de la direction de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale, des scénarios d’expulsion du Salon bleu n’auraient été évoqués qu’à trois reprises dans l’histoire du Québec.
C’est arrivé en 1909, lorsque le journaliste Olivar Asselin a frappé en plein visage le ministre Louis-Alexandre Taschereau (futur premier ministre), sur le parquet de la Chambre. Il lui reprochait d’avoir menti en chambre à son sujet.
Puis, en 1965, le député de Trois-Rivières, Yves Gabias, a été expulsé pour avoir accusé de corruption le procureur de la province, René Hamel.
Enfin, en 2009, le premier ministre Jean Charest avait menacé d’expulser la députée de Lotbinière, Sylvie Roy, aujourd’hui décédée. Celle-ci avait prétendu, sans preuve à l’appui, que la ministre des Transports, Julie Boulet, était allée sur le bateau de Tony Accurso.
Pour un vestige
Est-ce donc vraiment justifié, en 2022, qu’une sergente d’arme expulse des élus du Salon bleu parce qu’ils refusent de respecter un vestige de l’époque coloniale?
La question se pose d’autant plus que 74 % des Québécois sont en faveur de l’abolition de la monarchie au Canada. Et que la CAQ, en 2015, avait manifesté son intention d’éliminer le poste de lieutenant-gouverneur. Il est plus que temps de cesser ce cirque et d’abolir cette obligation dépassée.
Des expulsions non justifiées - Le Journal de Québec
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