Cinq ans après la mort du Trifluvien Alexandre Cazes en Thaïlande, son site AlphaBay Market, qui a fait sa fortune et mené à sa perte, est de nouveau en activité sur le dark web, ce qui implique que des criminels y écoulent toujours de la drogue, de fausses identités et des armes illégales, entre autres choses.
L’histoire de ce jeune québécois est peu banale. Décrit comme un génie informatique, Alexandre – qui utilisait le pseudonyme Alpha_02 – s’est retrouvé avec une importante fortune en Asie, lui qui était derrière le plus grand cryptomarché du web clandestin. À 25 ans, il disposait de plusieurs villas, conduisait une Porsche et une Lamborghini et détenait des avoirs totalisant 23 millions $, selon la justice américaine.
Épinglé par le FBI en raison d’une erreur – il avait laissé brièvement son adresse courriel «pimp_alex_91@hotmail.com» dans le codage d’AlphaBay – et arrêté par les autorités thaïlandaises, Alexandre Cazes n’aura pas eu le temps d’être extradé en Californie pour répondre à 16 chefs d’accusation, dont trafic de drogue, production de faux documents, vol d’identité et blanchiment d’argent, ce qui aurait pu lui valoir des décennies de réclusion en sol américain.
Au lieu de cela, quelques heures après avoir parlé pour la dernière fois à sa mère, Danielle Héroux, il a été retrouvé mort dans sa cellule de Bangkok, le 11 juillet 2017, emportant ses secrets avec lui. On a conclu à un suicide par pendaison, mais celle qui lui a donné la vie, 25 ans plus tôt, n’en croit rien. Elle a visité sa cellule et la thèse de la mort volontaire ne colle pas à l’environnement qu’elle a observé. Elle croit qu’on a liquidé son fils pour éviter qu’il ne passe à table et dévoile l’identité de ses complices ou de ses commanditaires.
Son avocat aux États-Unis, Roger Bonakdar, est du même avis. «Je n’avais aucune raison de croire qu’il allait se suicider, j’ai été jeté à terre quand j’ai appris sa mort», dit-il à la caméra.
Toute cette histoire fait l’objet d’une enquête des journalistes Monic Néron et Simon Coutu dans la docusérie «Alpha_02: le mystère Alexandre Cazes», dont les quatre épisodes produits par A Média sont déposés ce mardi sur ICI TOU.TV EXTRA.
Réalisée par Frédéric Nassif, cette enquête dépeint Alexandre Cazes comme un surdoué, mais sans cacher ses zones d’ombre, l’idée étant d’amasser les morceaux manquant de son casse-tête et d’expliquer comment il a pu devenir multimillionnaire à près de 13 000 km de chez lui.
L’ironie dans tout ça, c’est que sa mère affirme qu’Alexandre était «antidrogue». Elle croit qu’il a peut-être été happé par l’appât du gain, lui qui, dès sa tendre enfance, rêvait de somptueuses propriétés, de soleil et de millions. Elle n’a pas encore fait son deuil, mais aspire au «lâcher-prise», a-t-elle dit lundi matin au cours d'une table ronde virtuelle.
Dans les deux épisodes montrés aux journalistes, on retourne jusque dans l’enfance d’Alexandre, un garçon timide, victime d’intimidation, qui passait le plus clair de son temps devant ses nombreux écrans d’ordinateur. Ses amis, qui parlent en bien de lui, sont encore secoués par son destin peu commun.
Simon Coutu ne croit pas qu’un site comme AlphaBay puisse être opéré en solo et l’organigramme en fait d’ailleurs foi. Le dossier est toujours actif, toutes les réponses n’étant pas encore connues. Le site d’Alexandre Cazes a d’ailleurs été relancé par le numéro 2, The Snake, que les autorités n’ont jamais réussi à coincer.
Alexandre Cazes: l'histoire peu banale d'un Québécois qui a fait fortune sur le dark web - Le Journal de Montréal
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