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Saturday, October 29, 2022

Les wokes s'amusent-ils parfois ? - Le Journal de Montréal

Une question me taraude, ces temps-ci : à quoi ça ressemble, un party de wokes ?

Non, vraiment, ça m’obsède...

Est-ce qu’ils rient, les wokes ?

Est-ce qu’ils s’amusent ?

Ils font quoi, quand ils célèbrent un événement qu’ils jugent heureux, comme l’annulation d’un spectacle ou la destruction de la carrière d’une artiste ?

Ils brûlent des livres ? Ils vandalisent un corridor de l’UQAM ?

  • Ne manquez pas l'émission de Richard Martineau tous les jours dès 8h30 sur QUB Radio :

MAO MON AMOUR

La comédienne Anne Wiazemsky a été mariée trois ans au cinéaste Jean-Luc Godard.

Dans ses très beaux récits Une année studieuse (2012) et Un an après (2015), elle raconte comment la politique a tué leur amour.

Lorsqu’il a découvert le maoïsme, à la fin des années 60, Godard – qui était rigolo, charmeur, espiègle – est devenu sinistre.

Une seule chose accaparait son esprit : la Révolution.

Il en parlait du matin au soir.

Comment faire la Révolution, où faire la Révolution, avec qui faire la Révolution.

Et, surtout, comment se débarrasser des ennemis de la Révolution.

Lui qui réalisait des films ludiques, rigolos, inventifs – comme À bout de souffle et Pierrot le fou – s’est mis à tourner des pensums assommants que personne ne comprenait.

Monsieur n’était plus un artiste, non.

Monsieur était un soldat. Un militant. Un « éveilleur de consciences ».

Bref, un curé.

Plate, lourd et emmerdant comme un jour sans pain.

Résultat : tout le monde boudait ses films et sa jeune femme regardait ailleurs.

Rien de pire qu’une personne qui se sent investie d’une mission. Ces gens-là perdent soudainement toute légèreté, tout humour, toute humanité.

Comme s’ils portaient tout le poids du monde sur leurs épaules.

LE CIGARE DE FREUD

J’ai pensé aux deux livres d’Anne Wiazemsky en lisant la critique assassine du spectacle de Guy Nantel dans Le Devoir.

Le spectacle est à hurler de rire. J’ai rarement vu autant de gens s’esclaffer en même temps. Denise Bombardier pissait dans ses culottes, Jean-François Lisée braillait...

Or, selon le scribe de l’auguste Devoir, le spectacle de Nantel est aussi drôle qu’une réunion d’anciens officiers nazis.

À le lire, la Place des Arts ce soir-là était remplie à ras bord de racistes homophobes et transphobes.

C’est ce qui arrive quand tu tombes tête première dans l’idéologie. Tu interprètes tout à la lumière de Ta Cause.

« Parfois, un cigare est juste un cigare », disait Freud à ses jeunes disciples, afin de les prévenir des dangers de tout vouloir interpréter.

Or, pour les wokes, un cigare est tout sauf un cigare : c’est un symbole du patriarcat phallique, du capitalisme, du privilège blanc, que sais-je encore.

DES BULLDOZERS

Le mouvement Woke est une nouvelle religion, disait récemment un intellectuel français.

Vrai.

Tous les deux imposent un esprit de sérieux étouffant, qui écrase tout ce qui rend l’être humain humain.

Savez-vous combien ça prend de wokes pour changer une ampoule ?

Je ne le sais pas.

Mais je suis sûr qu’ils vont s’arranger pour que ça soit plate en saint-simonac.

« Une ampoule ? Pourquoi une ampoule ? Ne sais-tu pas que l’hydro-électricité pollue l’environnement ? Et pourquoi l’ampoule est blanche, hein ? Pourquoi ? »

Zzzzzzzz...

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