Le rêve hollywoodien d’un couple de réalisateurs québécois devenu un cauchemar pour de petits épargnants appelés à financer un projet « trop beau pour être vrai » est raconté dans un documentaire, Lovaganza : La grande illusion, offert à partir d’aujourd’hui.
À l’aide d’une série d’entrevues, les auteurs du documentaire tentent d’expliquer comment des artistes sont arrivés dans les dernières années à mener une vie de stars sur le dos de centaines de petits investisseurs.
« On a parlé à une centaine d’investisseurs et on en a entendu des vertes et des pas mûres. On aurait aimé mettre dans le documentaire tout ce qu’on a entendu, mais ce n’était pas possible », affirme Aude Leroux-Lévesque, coauteure du documentaire.
Le film fait état de 24 millions amassés auprès de plus de 600 épargnants depuis le lancement du projet Lovaganza, il y a près d’une quinzaine d’années.
Les instigateurs du projet ont fait miroiter à des petits investisseurs des rendements pouvant aller jusqu’à 10 fois leur mise, mais aussi qu’ils allaient contribuer à produire des films à grand déploiement et à financer des projets humanitaires.
« Il y a des gens qui ont donné de l’argent, sorti des REER, et même donné leur numéro de carte de crédit », dit la journaliste Isabelle Ducas, de La Presse, qui témoigne dans le film et a été la première journaliste à écrire sur l’affaire, il y a huit ans.
« Dérangeant et malhonnête »
L’argent a été récolté, dit Isabelle Ducas, en contrevenant aux règles de l’Autorité des marchés financiers. Mais aussi à l’aide de mensonges.
« Ils disaient par exemple que Steven Spielberg était un de leurs mentors, alors que ce n’était pas vrai », indique Isabelle Ducas.
C’est une histoire qui va de rebondissement en rebondissement. On n’a pas fini d’en entendre parler.
Isabelle Ducas, journaliste à La Presse
Les auteurs du documentaire disent avoir essayé, sans succès, de parler aux principaux responsables du projet Lovaganza.
Coauteur du documentaire, Sébastien Rist espère que le film permettra aux « victimes » de tourner la page et de peut-être aussi comprendre qu’elles n’étaient ni seules ni folles. « Car certains ont été reniés par leur famille et par des amis pour avoir été impliqués dans ce projet », dit-il.
Aude Leroux-Lévesque estime qu’il est particulièrement « dérangeant » et « malhonnête » d’avoir « embarqué » des gens pour de supposées valeurs de paix, d’unité, d’amour et d’entraide. « Aucune fondation n’a bénéficié de l’argent prétendument récolté », dit-elle.
Deux poursuites distinctes
Deux poursuites intentées par l’Autorité des marchés financiers en lien avec cette affaire sont toujours actives. La première vise les collecteurs de fonds, Mark-Érik Fortin et Karine Lamarre, tandis que l’autre cible ceux qui sont présentés comme les scénaristes, réalisateurs et têtes dirigeantes du projet, Jean-François Gagnon et Geneviève Cloutier.
La reprise des procédures contre le couple Fortin-Lamarre, qui a déjà reconnu sa culpabilité à de nombreux chefs d’accusation, est prévue le 12 septembre. « Nous allons y poursuivre les représentations sur la peine. Les représentations avaient été interrompues en raison de l’état de santé de Mme Lamarre », indique un porte-parole de l’AMF.
L’AMF demande une peine de prison. « Ils [les intimés] risquent gros. Juste pour avoir contrevenu aux lois sur l’investissement. C’est rare que l’AMF demande une peine de prison », note Isabelle Ducas.
La poursuite a été intentée pour placements sans prospectus, alors que le scandale dans cette histoire est sur le plan humain, commente Aude Leroux-Lévesque. Ça démontre, selon elle, les limites du système judiciaire.
Aude Leroux-Lévesque soutient qu’avec la quantité de preuves amassées, elle peut dire qu’il y a eu de mauvaises intentions et des mensonges. « Que ce soit une fraude ou pas, c’est à la justice de le déterminer », dit-elle.
Le documentaire Lovaganza : La grande illusion est offert dès ce mardi sur la plateforme Vrai.
Un documentaire sur Lovaganza, ce projet « trop beau pour être vrai » - La Presse
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