(Londres) Largement absente de son jubilé de platine en raison de sa santé déclinante, mais « déterminée » à continuer de servir ses sujets, Élisabeth II a fait une apparition surprise au balcon du palais de Buckingham dimanche, dernier jour de célébrations au parfum de changement d’époque.
La monarque de 96 ans, qui a du mal à marcher, est restée à l’écart des principales festivités organisées pour ses 70 ans de règne, une longévité record. Elle n’a assisté ni à la cérémonie religieuse vendredi, ni samedi à ses bien aimées courses hippiques, pas plus au concert géant devant son palais, et ne s’est pas exprimée eu public.
Mais elle a surpris ses sujets en revenant sur le célèbre balcon, où la monarchie britannique marque les principaux évènements depuis plus d’un siècle et où elle avait lancé les quatre jours de fête jeudi.
Accompagnée de ses héritiers les princes Charles, 73 ans, et William, bientôt 40 ans, avec épouses et enfants, incarnant l’avenir de la monarchie, elle a salué les dizaines de milliers de personnes massées sur le Mall, l’avenue menant au palais. Appuyée sur une canne, vêtue de vert, elle est restée le temps que soit joué l’hymne God Save The Queen puis est repartie.
« Je suis profondément touchée que tant de personnes soient descendues dans les rues pour célébrer mon jubilé de platine », a déclaré la monarque dans un message rendu public par Buckingham Palace et signé de sa main.
« Bien que je n’ai pas assisté à chaque évènement en personne, mon cœur est avec vous tous ; et je reste déterminée à vous servir au mieux de mes capacités, soutenue par ma famille », a-t-elle ajouté. Elle a dit espérer que « ce sentiment renouvelé d’unité » persiste pour « de nombreuses années à venir ».
Même si la reine n’a aucune intention d’abdiquer, fidèle à une promesse déjà formulée en 1947 de servir ses sujets toute sa vie, elle les prépare pour la suite. Son héritier, Charles, la représente de plus en plus souvent.
Sa sortie n’avait pas été annoncée et faisait l’objet de spéculations tout au long de la parade concluant son jubilé à travers le centre de Londres, qui a vu se succéder carrosse doré vieux de 260 ans, militaires en tenue d’apparat venus de tout le Commonwealth, puis acteurs, danseurs et même marionnettes de corgis, ses chiens préférés, pour un défilé aux airs de carnaval.
Ce n’est qu’une quinzaine de minutes avant son apparition que le suspense a été levé : le drapeau a été levé en haut du mat surplombant le palais, signe que la monarque s’y trouve, ravissant le public présent.
Thé avec Paddington
Dans tout le Royaume-Uni, des dizaines de milliers de déjeuners et pique-niques entre voisins ont été organisés dimanche malgré une météo pluvieuse pour célébrer joyeusement le règne historique d’une reine extrêmement populaire, à la fois proche et mystérieuse, symbole rassurant de stabilité dans un siècle de grands bouleversements.
À Windsor, 488 tables avaient été dressées sur l’allée menant au château où réside la reine, tandis que le prince Charles et son épouse Camilla ont partagé thé et canapés avec le public sur un terrain de cricket.
Tout au long des festivités, Élisabeth II a laissé ses héritiers au premier plan, confirmant son retrait progressif de ces derniers mois et l’impression de nombreux participants des célébrations de la fin d’une époque, après un règne sans précédent entamé le 6 février 1952 dans un Royaume-Uni encore Empire colonial.
Outre son apparition au balcon, elle a marqué sa présence avec une autre surprise samedi. Connue pour son sens du devoir, mais aussi son humour, la reine avait tourné une petite vidéo où elle prend le thé avec l’ours Paddington, maladroite icône de la littérature enfantine britannique.
Elle a ensuite battu la mesure avec une cuillère d’argent sur sa tasse de porcelaine, synchronisée avec l’ouverture du concert. L’audience a atteint un pic de 13,4 millions de téléspectateurs sur la BBC.
« Parfum d’adieu »
Les dernières festivités ont mis un point final à quatre jours de parenthèse pour les Britanniques en période d’inflation galopante et de scandales politiques.
Nombre des participants aux festivités étaient conscients de la dimension historique du moment. Jamais aucun monarque britannique n’a régné aussi longtemps et il est improbable que ce record de 70 ans soit battu à l’avenir vu l’âge de ses héritiers.
« Inévitablement, ces célébrations avaient un parfum d’adieu », a estimé l’éditorialiste Tony Parsons dans le tabloïd The Sun, soulignant « la conscience aiguë que nous ne reverrons plus jamais un monarque comme celui-là. »
La succession s’annonce délicate : Charles est beaucoup moins populaire que sa mère, et seulement 32 % des Britanniques pensent qu’il fera un bon roi (YouGov, avril 2022). Et la monarchie a été interpellée lors de récents voyages de ses membres, sur le passé esclavagiste de l’Empire britannique.
Jubilé de platine | Élisabeth II largement absente de la fin des célébrations - La Presse
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