Avec 10 trophées Iris, dont ceux attribués au meilleur film, à la meilleure réalisation et au meilleur scénario, Les oiseaux ivres, d’Ivan Grbovic, est le vainqueur incontestable du 24e Gala Québec Cinéma, marqué aussi par le triomphe d’une actrice primée deux fois !
Cela ne s’était encore jamais vu dans l’histoire du Gala Québec Cinéma. Il y avait déjà eu au fil des ans, mais très rarement, des acteurs cités deux fois la même année dans les catégories d’interprétation – Luc Picard en 2002 et Robin Aubert en 2020, notamment –, mais jamais encore deux prix d’interprétation n’avaient été remis le même soir à une seule et même personne. C’est l’exploit qu’a accompli Hélène Florent en étant sacrée meilleure actrice dans un premier rôle, grâce à sa performance dans Les oiseaux ivres, et en remportant aussi, grâce à Maria Chapdelaine, l’Iris attribué à la meilleure interprétation féminine dans un rôle de soutien.
Déjà émue en recevant le tout premier trophée de la soirée, celui attribué à la meilleure actrice de soutien (« J’ai tellement aimé jouer cette femme »), celle qui a prêté ses traits à la mère de Maria Chapdelaine était abasourdie quand son nom a été appelé une deuxième fois, cette fois pour le prix de la meilleure actrice.
« C’est un privilège d’avoir pu jouer dans votre terrain de jeu ! », a-t-elle déclaré en s’adressant à Sara Mishara et Ivan Grbovic, qui ont écrit le scénario des Oiseaux ivres (dont Ivan Grbovic a assuré la réalisation).
Je veux accorder une mention spéciale aux travailleurs saisonniers. Ce projet est mémorable, unique !
Hélène Florent au sujet du film Les oiseaux ivres
Les deux longs métrages pour lesquels Hélène Florent a été primée partaient pratiquement à égalité au début de la course – 17 citations pour Les oiseaux ivres et 16 pour Maria Chapdelaine –, mais l’excellent film d’Ivan Grbovic, qui a représenté le Canada aux Oscars dans la catégorie du meilleur film international plus tôt cette année, est finalement ressorti triomphal de la soirée.
Les oiseaux ivres, produit par Luc Déry et Kim McCraw, a en effet récolté 10 trophées Iris : meilleur film, meilleure réalisation (Ivan Grbovic), meilleur scénario (Sara Mishara et Ivan Grbovic), meilleure interprétation féminine dans un premier rôle (Hélène Florent), meilleure interprétation masculine dans un rôle de soutien (Claude Legault avait préparé un message vidéo), meilleure direction photo (Sara Mishara), meilleur montage (Arthur Tarnowski), meilleure musique originale (Philippe Brault), meilleur son (Olivier Calvert, Stephen de Oliveira, Bernard Gariépy Strobl) et meilleure distribution des rôles (Nathalie Boutrie).
« On ne fait pas du cinéma pour obtenir des prix, mais il est certain que ces trophées font plaisir, ont déclaré Sara Mishara et Ivan Grbovic dans la salle de presse. Nous sommes d’autant plus ravis parce que le film a pu faire son chemin, malgré la pandémie. »
Rappelons que Les oiseaux ivres raconte le parcours d’un travailleur saisonnier (interprété par Jorge Antonio Guerrero, un acteur révélé au monde grâce à Roma, d’Alfonso Cuarón) et de la famille qui l’embauche au Québec, accueillante, mais minée de l’intérieur par des conflits intimes.
D’autres films au tableau d’honneur
Même si Les oiseaux ivres a dominé la soirée, quelques autres productions ont quand même pu s’inscrire au tableau d’honneur. Maria Chapdelaine a été primé dans quatre catégories. En plus de l’Iris attribué à Hélène Florent dans la catégorie de la meilleure actrice de soutien, le très beau film de Sébastien Pilote a valu à Sara Montpetit, l’interprète de Maria, le prix de la révélation de l’année, en plus de se distinguer grâce aux costumes (Francesca Chamberland) et aux coiffures (Martin Lapointe).
L’arracheuse de temps, un conte écrit par Fred Pellerin et porté à l’écran par Francis Leclerc, a été honoré dans les catégories direction artistique, effets visuels et maquillages, alors que Norbourg, cité six fois, a valu à Vincent-Guillaume Otis l’Iris de la meilleure interprétation masculine dans un premier rôle. Dans ce film réalisé par Maxime Giroux, il y incarne Éric Asselin, bras droit discret et inconnu du fraudeur Vincent Lacroix.
Norbourg est un tabarouette de bon film, mais il rappelle aussi que des gens se sont fait voler leur vie. Il est un peu ironique que je reçoive un prix pour avoir joué celui qui en est le responsable, alors permettez-moi de le dédier aux victimes.
Vincent-Guillaume Otis
Sin La Habana, très beau film de Kaveh Nabatian relatant le parcours d’un danseur afro-cubain quittant son pays pour émigrer à Montréal, a par ailleurs obtenu l’Iris très convoité du meilleur premier long métrage. Bootlegger, de Caroline Monnet, raconte le parcours d’une avocate revenant dans sa communauté autochtone et a obtenu l’Iris du film s’étant le plus illustré à l’extérieur du Québec. Le prix du public a par ailleurs été attribué à Sam, un film de Yan England construit autour du parcours d’un nageur de haut niveau devant remettre en question sa carrière sportive. Il est à noter que le cinéaste avait reçu le même prix il y a cinq ans, grâce à 1 : 54.
« C’est une belle marque d’amour envers Sam, a lancé Yan England avant de souligner l’apport de l’équipe du film. Ça me touche énormément. »
Malgré ses six sélections, Aline, dont le succès fut beaucoup plus mitigé au Québec qu’en France, n’a pu transformer aucune de ses citations en trophée.
Trois Iris pour Comme une vague
On pourrait dire que le long métrage documentaire Comme une vague est l’autre grand gagnant de la soirée. L’essai de Marie-Julie Dallaire sur le pouvoir de la musique, auquel Jean-Marc Vallée avait donné son aval en en devenant le producteur exécutif, a obtenu pas moins de trois trophées, soit ceux attribués au meilleur long métrage documentaire, à la meilleure direction photo (Tobie Marier Robitaille et Josée Deshaies) et au meilleur montage (Louis-Martin Paradis).
« Jean-Marc [Vallée], t’as pas idée du cadeau que tu nous as fait en t’associant au film. Tu devrais être ici ! », a déclaré la cinéaste.
Toujours dans les catégories réservées aux longs métrages documentaires, l’Iris du meilleur son a été décerné au film Les fils (Bruno Bélanger, Manon Cousin, Louis-Philippe Amiot, Ivann Uruena et René Portillo) et celui de la meilleure musique originale, à Archipel (Stéphane Lafleur et Christophe Lamarche-Ledoux).
L’Iris du meilleur court métrage de fiction a par ailleurs été décerné à Les grandes claques, d’Annie St-Pierre ; celui du meilleur court métrage d’animation à La grogne, d’Alisi Telengut ; et celui du meilleur court métrage documentaire à Perfecting the Art of Longing, de Kitra Cahana.
Animé par Geneviève Schmidt pour la deuxième année consécutive, ce 24e Gala Québec Cinéma ne passera pas à l’histoire, mais on retiendra néanmoins ce coup de chapeau sobre et sensible à trois grands disparus, Jean-Marc Vallée, Jean-Claude Lord et Rock Demers. Célébrée au Gala des artisans plus tôt dans la journée, Louise Portal, dont on souligne les 50 ans de cinéma, a de son côté eu droit à une belle ovation de la part des professionnels et du public. « Je n’ai jamais tenu un enfant dans mes bras, mais celui-là, il pèse tout son poids d’amour, a déclaré l’actrice, visiblement émue. Mes rôles et mes livres auront été mes enfants. »
24e Gala Québec Cinéma | Double triomphe : Les oiseaux ivres et Hélène Florent ! - La Presse
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