Après un hiatus qui aura duré près de deux ans, le Théâtre de la Ligue nationale d’improvisation (LNI) a retrouvé au Club Soda sa patinoire, ses joueurs et, surtout, un public conquis lundi, jour initial de la réouverture des salles de spectacle au Québec.
En effet, c’est à la LNI qu’est revenu l’honneur de marquer le retour des spectacles en salle depuis la fermeture imposée par la Santé publique le 20 décembre dernier. Pour les improvisateurs comme pour les spectateurs, l’émotion était palpable, notamment lorsque le chanteur Émile Bilodeau a entonné l’hymne national de la LNI, accompagné par bien des membres du public.
« C’est super excitant de remonter sur scène au jour un de la réouverture des salles », a d’ailleurs lancé Simon Rousseau, directeur artistique adjoint de la LNI et arbitre en chef lors des matchs de la Coupe Charade, lorsque La Presse l’a rencontré avant le match. « On est vraiment choyés de vivre ça. »
Un sentiment partagé par François-Étienne Paré, directeur artistique de la LNI. « On est dans un état de fébrilité, de nervosité et de grande émotion. »
On a été le dernier show au Club Soda avant la fermeture de 2020 et on se retrouve à être, selon nos recherches, le premier spectacle au Québec pour la réouverture des salles…
François-Étienne Paré, directeur artistique de la LNI
Depuis le 8 mars 2020, soit presque depuis deux ans (ou 701 jours pour être précis : les organisateurs ont fait le calcul), la patinoire de la LNI est restée vide, et les joueurs ont laissé leurs chandails dormir au fond des placards. C’est une longue période pour des artistes chez qui l’improvisation devient vite « une dépendance », pour reprendre les mots de François-Étienne Paré.
Retrouvailles
L’improvisatrice d’expérience Salomé Corbo le confirme : « Mon moral avait vraiment besoin de retrouver la LNI. Ce match, c’est un peu comme des retrouvailles avec de vieux collègues avec qui on joue depuis 20 ans, mais qu’on n’a pas vus depuis 2 ans. »
« Je n’y ai pas cru avant la veille du match, dit quant à elle Marie Eve Morency. Je craignais que les salles ferment de nouveau à la dernière minute ! » L’improvisatrice ajoute : « Ça fait un peu peur de revenir au jeu, mais ce n’est rien en comparaison du bonheur grandiose qu’on a de recommencer. Je pense qu’on va tester l’eau de la piscine lors des deux premiers matchs, pour s’adapter. »
Réal Bossé, dont le premier match dans la LNI date de 1995, tenait le même discours avant le match. « Après deux ans d’absence, on ne sait pas comment ça va se passer. D’habitude, on a tous les droits sur cette patinoire, mais là, il va falloir vivre avec les contraintes sanitaires. Et on est des toucheux, des taponneux à la LNI ! »
En effet, les joueurs ont dû respecter une distance d’un mètre lors des improvisations (faites sans masque). Et les entractes n’étant pas encore permis pour éviter les déplacements des spectateurs, les trois périodes de 30 minutes se sont enchaînées sans pause.
Jauge réduite
Le spectacle de lundi soir s’est tenu devant une jauge réduite de 50 %, soit un total de 275 personnes. « C’est super émouvant que le public soit là, que les gens se soient déplacés, qu’ils soient sortis de chez eux pour voir du théâtre », a affirmé Salomé Corbo avant le match.
Parmi les spectateurs, on retrouvait Julianne Cartier et Juliette Chénier, deux improvisatrices du cégep Saint-Laurent. « Ça fait du bien d’être ici ! Ça fait tellement longtemps. Les joueurs de la LNI sont des pros ! », dit Juliette Chénier.
Marielle Castonguay, abonnée depuis trois ans, était aussi tout sourire sous son masque.
Je suis contente ! Je crois que ce match va être effervescent ! Je n’ai pas hésité une seconde avant de venir. Je ne suis pas inquiète du tout ; j’ai mes trois vaccins !
Marielle Castonguay, spectatrice
Julianne Cartier était du même avis : « S’ils accueillent le public, c’est qu’ils sont prêts. Les tables sont bien séparées. Je n’ai pas peur ! »
Puisque le service de bar n’était pas offert, le Club Soda a pu accueillir le spectacle de lundi avec un personnel réduit, soit autour de 15 employés, dont les techniciens. Mais ce nombre sera nettement insuffisant lorsque les salles pourront rouvrir au maximum de leur capacité, dit Michel Sabourin, copropriétaire et président du Club Soda, qui agit aussi à titre de porte-parole des salles de spectacle indépendantes du Québec. « On va se retrouver en manque de personnel. Plusieurs employés ne reviendront pas. Et d’ici à ce que les salles rouvrent à 100 %, on aura un problème avec les spectacles qui affichent complet. Il faudra sans doute les reporter, parce que les artistes n’ont pas forcément envie de jouer devant un public qui ne peut pas consommer et ne peut pas se lever ! Mais ce n’est pas simple de trouver de nouvelles dates au calendrier. »
« On ne pourra pas mesurer l’ampleur des dommages causés par la fermeture des salles avant la reprise complète des activités. Je ne sais pas trop dans quel état on va se trouver… », conclut Michel Sabourin.
Réouverture des salles | « On est choyés de vivre ça » - La Presse
Read More
No comments:
Post a Comment