Baz Luhrmann, le réalisateur de Moulin Rouge et de Romeo + Juliet a dévoilé jeudi la bande-annonce de son film Elvis. Et le cinéaste a également présenté sa vision du King du rock.
«Les grands dramaturges comme Shakespeare ne faisaient pas de biographies. Ils prenaient une vie et s’en servaient comme d’un canevas pour explorer une idée plus large. Un film biographique est une excellente idée, mais prenez "Amadeus" par exemple: ce n’est pas l’histoire de Mozart, c’est un film sur la jalousie», a expliqué Baz Lurhmann lors de la conférence de presse de dévoilement de la bande-annonce d’Elvis, événement auquel l’Agence QMI a participé.
«Plusieurs icônes musicales ont été très importantes dans ma vie. J’étais un admirateur d’Elvis, mais cet amour n’est pas la raison pour laquelle j’ai voulu faire un film à son sujet. À notre époque, la vie d’Elvis ne pourrait pas être un meilleur canevas pour explorer l’Amérique des années 1950, 1960 et 1970. Elvis a eu une vie mythique. En 42 ans, il a vécu trois grandes vies. Et ce qui est intéressant, c’est que cette existence est au cœur de la culture de ces trois décennies.»
En parlant avec ses musiciens et en effectuant quantité de recherches à Graceland, le cinéaste a découvert que «l’un de ses anciens collaborateurs a insisté sur le fait qu’Elvis était étrange quand il était jeune et qu’il était choquant. La question que je me suis alors posée a été de savoir comment je pouvais traduire "étrange et choquant" pour un public contemporain. Il y a donc des moments où le film est totalement fidèle à la réalité, mais il y a également des passages qui sont une interprétation plus qu’une retranscription.»
«L’autre élément qui m’a intéressé est le colonel Tom Parker, dont je dis qu’il n’a jamais été colonel, jamais Tom et jamais Parker.» Incarné par Tom Hanks, le personnage raconte l’histoire d’Elvis Presley, œil extérieur qui sert de catalyseur pour explorer les aspects musicaux et sociaux des trois décennies.
Lorsqu’on demande à Austin Butler les raisons qui l’ont poussé à accepter le rôle du King, l’acteur explique qu’«il y avait beaucoup de raisons. Fondamentalement, c’était pour explorer son humanité. Elvis était devenu le reflet de la société de l’époque, il était une icône et était considéré comme surhumain.»
«J’avais 27 ans quand j’ai été choisi, j’en ai 30 aujourd’hui. Ça fait un moment que je vis dans sa psyché», a indiqué le comédien.
«Lorsque j’ai amorcé ce processus, je m’étais donné comme objectif d’avoir la même voix que lui. Je ne voulais pas qu’on entende la différence entre un enregistrement de sa voix et de la mienne. Et j’ai tenu bon pendant longtemps. Pendant un an avant le début du tournage, j’ai travaillé avec des coachs vocaux six jours sur sept pour avoir les mêmes inflexions. Finalement, il a fallu que je m’en libère.»
«Cela a été un privilège que de pouvoir aller à Nashville enregistrer avec quelques-uns des meilleurs orchestres de "gospel". Le gospel a eu une immense influence sur Elvis, dans sa spiritualité, dans sa musique, dans sa manière de bouger ainsi que dans la liberté de son corps», a-t-il dit.
Baz Luhrmann a tenu à préciser que «techniquement, on ne peut pas utiliser les enregistrements d’Elvis qui datent d’avant les années 1960 parce qu’ils ont été réalisés en mono. Austin chante donc le jeune Elvis et, à partir des années 1960, nous mélangeons les deux voix.»
Rappelant que son Elvis est une toile lui permettant de toucher à de nombreux sujets sociaux, le cinéaste australien dressant un portrait complexe des jeunes de l’époque. «La génération précédente avait fait la guerre. L’adolescence était une toute nouvelle invention. Pourquoi? Parce que les ados avaient de l’argent, des radios. Les réseaux sociaux de l’époque étaient la radio. Que faisaient les ados le soir? Ils écoutaient de la musique noire sur leurs transistors. Et c’est le début du phénomène.»
«La révolution sexuelle, initiée par le rock, était terrifiante. La libération de la jeune génération était d’autant plus terrifiante qu’elle était liée aux relations raciales compliquées aux États-Unis», a souligné Baz Luhrmann.
Elvis déboule dans les salles obscures le 24 juin prochain.
«Elvis était étrange et choquant» - Baz Luhrmann - TVA Nouvelles
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