Au moment où Ben Affleck a accordé à La Presse cet entretien en visioconférence, il venait tout juste d’être retenu aux Golden Globes parmi les cinq finalistes dans la catégorie du meilleur acteur de soutien, grâce à sa performance dans The Tender Bar, un long métrage réalisé par George Clooney. Même s’il est relativement bien habitué aux honneurs, celui qui est devenu une superstar avec son pote Matt Damon en obtenant l’Oscar du meilleur scénario en 1998 (grâce à Good Will Hunting, de Gus Van Sant) sait maintenant faire la part des choses.
« Obtenir ce genre de reconnaissance fait évidemment plaisir et réconforte, confie-t-il, mais ça ne fait plus vraiment partie de mes objectifs. Je dirais même qu’il en découle un risque : celui de faire des choses uniquement en fonction des prix. Or, tu dois avant tout penser au public. Créer une œuvre artistique dans laquelle tu peux te reconnaître, tout en atteignant les gens. Si ton seul critère pour évaluer ton succès est la performance au box-office ou le nombre de prix que tu récoltes, ça peut corrompre tes intentions sur le plan artistique. Au fil des ans, je me suis rendu compte qu’il faut également s’accomplir sur le plan artistique pour ressentir une pleine satisfaction. »
Plus rien à prouver
Ben Affleck a reçu des récompenses – Argo, un long métrage dont il a signé la réalisation, a même obtenu l’Oscar du meilleur film de l’année en 2013 – mais, selon son dire, il s’est aussi « fait botter le cul » plus souvent qu’à son tour.
« J’ai parfois eu l’impression que rien de ce que je faisais ne pouvait satisfaire qui que ce soit. On aurait dit qu’on attendait seulement que je disparaisse du décor. Les récompenses ont d’abord eu sur moi un effet rédempteur, comme si elles prouvaient que j’avais ma place dans ce métier, jusqu’au jour où je me suis dit que tout cela était stupide, que je n’avais rien à prouver, sinon envers moi-même. J’ai mes propres critères pour évaluer ce qui, à mon sens, constitue un succès. Et à partir du moment où j’y ai cru sincèrement, tout le reste a pris un peu moins d’importance. Je suis beaucoup plus heureux à moins lire ce qu’on écrit sur moi, à moins m’exposer médiatiquement, à ne pas entrer dans le cycle infini des réseaux sociaux ! »
Un souhait de George Clooney
Dans The Tender Bar, une adaptation d’un livre autobiographique que le journaliste J. R. Moehringer a publié en 2005, Ben Affleck incarne Charlie, l’oncle auquel un jeune garçon s’attache alors que le père a disparu de la vie de ce dernier et de sa mère. Campé dans les années 1970, The Tender Bar constitue ainsi le récit initiatique d’un futur écrivain, qui aiguise en outre son sens de l’observation de la nature humaine en fréquentant le bar où travaille Charlie.
« Quand on m’a appris qu’un long métrage serait tiré de ce livre que j’ai lu il y a plusieurs années, que George allait le réaliser et qu’il souhaitait me voir jouer le rôle, ça m’est un peu tombé comme un cadeau du ciel, explique Ben Affleck. J’ai été très ému à la lecture du scénario. Il devient de plus en plus important pour moi de chercher l’excellence dans les projets, selon mes propres critères. »
Dans ce cas-ci, je voulais vraiment faire honneur à la confiance placée en moi, parce que je savais que ce rôle était très convoité et qu’on pouvait en tirer une performance très riche, avec de la texture et de la nuance.
Ben Affleck
Lui-même réalisateur (il a signé quatre longs métrages, le dernier en lice étant Live by Night), Ben Affleck s’est retrouvé pour une rare fois à jouer sous la direction d’un confrère. Et pas n’importe lequel. The Tender Bar est le 8e long métrage dont George Clooney signe la réalisation. Il ne s’est donné aucun rôle dans celui-ci.
« Jouer sous la direction d’un acteur accompli comme George fait vraiment une différence, assure Ben Affleck. Il est talentueux, il a de l’expérience, de vastes connaissances, et il sait vraiment comment communiquer ce qu’il souhaite. Ç’a été extrêmement utile pour moi. J’ai sans doute déjà tourné sous la direction d’autres acteurs au cours de ma carrière, mais cette fois, cette expérience me semblait vraiment unique et spéciale. »
Une année extraordinaire
Aussi coscénariste de The Last Duel, le film médiéval de Ridley Scott dont Matt Damon et Adam Driver sont les têtes d’affiche, y livrant également une performance remarquée dans un rôle de soutien, Ben Affleck estime que, malgré tout, 2021 constitue pour lui une année extraordinaire.
« Je le dis non sans ressentir un sentiment de culpabilité, car je suis bien conscient à quel point cette année a été difficile pour bien des gens, y compris mes propres enfants, s’empresse-t-il de souligner. J’ai bien vu l’effet qu’a eu la pandémie sur eux, qui feront partie de la génération COVID-19. Mais, en toute honnêteté, je ne peux nier les bonnes choses qui me sont arrivées personnellement.
« Plus largement, poursuit-il, j’ai trouvé un sens du réconfort très sain en m’interrogeant sur qui je suis vraiment, ce que je veux, le genre de travail que je veux faire, et le plus important, quel genre de père je souhaite être. C’est ce qui m’importe maintenant. Et ça simplifie vraiment les choses. »
The Tender Bar est offert sur Amazon Prime Video.
Ben Affleck et The Tender Bar | Une nouvelle vision de la vie - La Presse
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