Pour parler de son nouvel album, Marième Ndiaye a donné rendez-vous au Journal dans une brûlerie de Limoilou. Dans le quartier de son enfance, le quartier de son cœur, là où l’artiste qu’elle est devenue s’est construite, à l’ombre des tours Bardy.
Même si son travail de productrice et d’animatrice télé la fait voyager partout et que sa petite famille réside à Stoneham, « je reviens toujours à Limoilou », dit-elle.
« C’est chez nous, je connais ses racoins, ses ruelles, mes parents sont ici. J’ai joué au basket dans le parc Bardy, on a fait des shows sur des caisses de lait avec du plywood à l’époque avec Shoddy. Des battles rap. C’est toute mon enfance », confie Marième.
Son attachement pour Limoilou, elle le chante comme jamais auparavant sur Mario, ce nouvel album qui a pour titre son surnom.
« J’me rappelle des partys crades dans les tours de Bardy. On jurait que par Tupac, WuTang et Biiiiiiii-G », partage-t-elle, nostalgique, sur Au cœur de ma ville, un des huit titres de cet ouvrage collectif, bricolé avec son amoureux Lou Bélanger, son frère Webster, ses amis Claude Bégin, Souldia, et plusieurs autres fiers représentants de la scène rap limouloise et québécoise.
« Pour moi, le hip-hop est né ici, clame-t-elle. Tu penses à Souldia, Limoilou Starz, à tous les groupes qui ont émergé. Bien avant l’affaire du 83, on défendait notre quartier. Le hip-hop, c’est ça. Nous sommes les journalistes de la rue, tu défends qui tu es, tu embrasses le secteur. »
Musique festive
En plus de son quartier chéri, Marième parle de brutalité policière et de la rue dans cet album qui emprunte, malgré le sérieux des sujets abordés, une approche musicale dansante.
« Au fil du temps, je me suis rendu compte que je veux que ma musique vive sur scène, donc je fais de la musique dansante et festive », explique-t-elle.
Ça reste un album qui dénonce. Dans Gogo Gadget, duo avec son frère, Marième interpelle l’agent de police. « Êtes-vous conscient que votre arme, c’est pas un jouet ? » lui demande la chanteuse québéco-sénégalaise.
Dans le clip de Gloire à la rue, pièce centrale de l’album qui convoque Imposs, SP, White-B et Izzy-S, une scène la montre en victime d’une interpellation policière basée sur du profilage racial.
Optimisme modéré
Le racisme, elle connaît. Pas plus tard que cet été, elle a été insultée en public à cause de la couleur de sa peau pendant qu’elle tournait une émission de télé à Québec, un incident qu’elle a dénoncé sur les réseaux sociaux.
Alors, quand on lui demande si le mouvement Black Lives Matter a éveillé les consciences, elle fait preuve d’un optimisme modéré.
« Ça prend des actions concrètes. Oui, il y a une volonté, tant mieux s’il y a un éveil, mais on part de très loin et il faut continuer. »
L’album Mario, de Marième, est disponible.
On peut aussi voir Marième à l’animation des émissions Le cœur sur le flow, à la Fabrique culturelle de Télé-Québec, Tournée générale, à TV5 et à Unis TV, et Tout inclus, à Ici Radio-Canada.
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