Une confession qu’il n’était pas obligé de faire, mais qui pourrait avoir des répercussions positives sur plusieurs personnes.
Le docteur en psychologie sportive Sylvain Guimond a travaillé avec le CH et a côtoyé à une certaine époque Carey Price. Il a été étonné de l'aveu du joueur de 34 ans.
Ça m’a surpris, mais je suis agréablement surpris, affirme-t-il. C’est vrai que c’est quelqu’un qui ne parle pas beaucoup.
Je trouve que c’est courageux de l’admettre, de demander de l’aide et, surtout, de ne pas se cacher de ce qu’il vit vraiment en ce moment. Pour tous les athlètes de haut niveau ou pour Monsieur et Madame Tout-le-Monde, je pense que le seul fait de l’avouer et de demander de l’aide, c’est déjà un grand pas vers le retour à une meilleure santé.
Le député de la circonscription de Marquette, Enrico Ciccone, est retraité du hockey professionnel depuis 20 ans maintenant. Parler d’un problème de consommation ou de santé mentale était perçu comme un signe de faiblesse et n’était pas bien reçu à l’époque, sous peine de se faire échanger. D’en parler publiquement était impensable.
D’entendre un gars comme Carey Price ou Jonathan Drouin, qui arrive sur la place publique et qui dit : "Je suis fatigué, je ne suis plus capable, j'ai besoin d'aide et j'ai un problème de santé mentale." Je pense que ça fait avancer la société également, estime le député libéral. Même dans notre société actuelle, une dépression ou un burnout, c'est vu comme une faiblesse, c'est encore comme ça.
Quand j'ai vu ça, on dirait que, personnellement, ç’a été un soulagement de réaliser qu’enfin quelqu’un est capable de le dire.
La médecin psychiatre Marie-Ève Cotton est aussi d’avis que la sortie publique de Carey Price pourrait avoir une incidence sur la population en général, au-delà du partisan de hockey.
Je trouve ça assez positif de voir des hommes, des figures publiques masculines demander de l'aide, avance la médecin. Parce que les hommes consultent encore beaucoup moins en santé mentale que les femmes, et c'est une des raisons qui expliquent pourquoi ils se suicident plus. Alors de voir des figures masculines fortes, connues, se tourner vers des services en disant : "ça peut arriver à tout le monde, personne n'est infaillible, ça m'est arrivé" au niveau de l'impact sur la population, ça peut être positif.
Pour le Dr Sylvain Guimond, avouer qu’il y a un problème est un pas dans la bonne direction.
Lorsqu’on montre notre vulnérabilité, on peut maintenant être authentique, selon lui. Et lorsqu’on est authentique avec soi-même, on arrête de se mentir à soi-même. Et très longtemps, lorsqu’on est aux prises avec des problèmes comme ça, on va le faire de façon à ce qu’on aille s’isoler. Pour que les gens soient capables d’en sortir, ils ont besoin de le mentionner, c’est une partie du retour à la guérison. C’est de bon augure, selon moi.
Et si des joueurs comme Carey Price ou même Jonathan Drouin peuvent prendre un pas de recul pour s’occuper de leur santé et en parler publiquement, c’est probablement parce qu’ils sentent qu’ils vont recevoir du soutien de leur organisation, ce qui n’était pas le cas à l’époque, selon Enrico Ciccone.
Celui qui est aussi porte-parole de l’opposition officielle en matière de dossiers jeunesse et de sports souligne toutefois qu’il reste encore du travail à faire, parce que c’est une chose de parler de santé mentale quand on est un joueur étoile, c’en est une autre lorsque l’on joue à des niveaux inférieurs.
Il faut en parler aux joueurs juniors et midgets, insiste le député. Il faut les mettre en confiance. Ça arrive aussi aux juniors, mais ils ont tous un rêve et c'est de jouer dans la Ligue nationale. Si l’on sait que le joueur a des tendances dépressives, qu'il a eu des problèmes de santé mentale ou de consommation, il sait très bien qu'il va tomber en bas de la liste, et même débarquer de cette liste-là (du repêchage).
Il y a encore cette sensibilisation là à faire avec les joueurs et les dépisteurs. Ce n’est pas parce qu'un joueur a eu un moment noir au cours de sa carrière junior qu'il ne peut pas avoir une belle carrière dans la Ligue nationale.
Enrico Ciccone se questionne aussi sur ce qu’il appelle le sport spectacle
, où l’argent passe avant la santé des athlètes. Les hockeyeurs ne disposent que de trois semaines, un mois tout au plus, au cours de l’été pour se reposer.
Avec le recul, il s’est aperçu qu’il était probablement dans un état dépressif à la fin de chaque saison et qu’il passait quelques semaines assis dans son divan
sans être capable de bouger.
Plusieurs préjugés sur les athlètes professionnels sont encore à combattre, selon lui.
J’entends encore des gens dire, et ça me désole : "Au salaire que vous gagnez… Je ferais ton job au dixième de ton salaire. Ferme ta gueule et fais ton job."
Pour le député, il ne faut jamais oublier l’humain qui se cache derrière l’athlète.
Ce sont des joueurs, malheureusement ce ne sont pas des machines où l’on peut juste mettre de l'huile, de la graisse et la réparer rapidement pour la remettre en production.
(Avec les informations de Félix St-Aubin)
Le documentaire sur Serge Thériault, Dehors Serge dehors , projeté en première aux RIDM - Radio-Canada.ca
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