Il y a à peine un an, l’écrivain gallois Ken Follett nous offrait Le crépuscule et l’aube, un imposant antépisode des Piliers de la Terre. Et voilà qu’il nous revient avec un roman tout aussi gros.
Il est assez rare qu’on puisse écrire « grâce à la covid », mais ici on le fait : grâce à la covid, Ken Follett a pu terminer son nouveau livre beaucoup plus vite que prévu. Ayant profité du confinement pour écrire et écrire encore, il a en effet produit en un temps record Pour rien au monde, un pavé de près de 800 pages dont les grandes lignes de l’histoire ont commencé à prendre forme dans son esprit il y a une bonne dizaine d’années.
« L’idée de ce roman m’est venue pendant que je travaillais sur La chute des géants et que je faisais des recherches sur la Première Guerre mondiale et la façon dont elle avait débuté », explique Ken Follett, qu’on a pu joindre chez lui à Knebworth, un village de l’Hertfordshire célèbre pour ses concerts de rock. « Je me suis rendu compte que personne ne l’avait vraiment voulue, que tous les empereurs, présidents et dirigeants de l’époque n’avaient pas souhaité ce conflit planétaire. Il n’y a eu qu’une série de décisions qui, en soi, n’étaient pas de mauvaises décisions, mais qui ont provoqué une escalade de tensions et de violence irréversible. Alors, je me suis demandé une chose : est-ce que tout ça pourrait se passer de nouveau au point qu’une troisième guerre mondiale devienne inévitable ? »
Le début de la fin
Aucun des personnages croisés dans Pour rien au monde ne s’inspire de personnes réelles. Mais l’intrigue, elle, est terriblement réaliste. « Pour moi, c’était un point essentiel, ajoute Ken Follett. Je tenais à ce que l’histoire soit parfaitement crédible et que les gens se disent : oh, mon Dieu, tout ça pourrait vraiment bientôt arriver ! »
Pour y parvenir, l’écrivain gallois nous entraîne au Tchad, où se cache un dangereux djihadiste du nom d’Al-Farabi. En plus d’être à la tête de l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), l’homme financerait les activités de son organisation grâce à la drogue et au trafic d’humains. Dans le genre sale type, difficile de trouver mieux, quoi.
Mais pendant que la CIA et les services secrets français le rechercheront activement, un jeune caporal de l’armée américaine se fera tuer dans la capitale par un terroriste équipé d’un fusil chinois probablement acheté au Soudan. Ce sera le détonateur, l’événement qui mettra le feu aux poudres. Un peu comme l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche l’a été en 1914. « Là c’était un archiduc, mais aujourd’hui, on peut être tout aussi indigné et bouleversé par la mort d’un soldat, précise Ken Follett. Surtout aux États-Unis, où le meurtre d’un jeune militaire peut créer beaucoup de remous. »
De fait, l’onde de choc ne tardera pas à se propager un peu partout sur la planète. Aux États-Unis, bien sûr, mais aussi en Chine, en Corée du Nord, en Corée du Sud, au Japon, en France et dans bon nombre de pays d’Afrique. Et compte tenu de ce contexte politique archi tendu, on comprendra peu à peu que l’avenir de la planète ne tient plus qu’à un fil.
Des recherches démentielles
Pour alléger le tout, Ken Follett nous proposera aussi en parallèle quelques histoires d’amour : celle d’un vice-ministre du renseignement chinois marié à une actrice aussi belle que célèbre, celle de deux agents secrets en mission au Tchad et celle de Kiah, une jolie veuve prête à tout pour fuir son village à la merci des djihadistes et s’établir en Europe. « Comme je n’avais rien en commun avec cette jeune femme née dans le désert, il m’a fallu beaucoup d’imagination pour me mettre dans sa peau et voir les choses en respectant son expérience du monde assez restreinte, souligne l’écrivain. Pour moi, ça a été assez difficile. »
« Mais ce qui a été encore plus dur, c’est de parvenir à trouver certaines informations, poursuit-il. Tout ce qui touche au gouvernement chinois, par exemple. Comment se passent les rencontres, comment les décisions sont prises... Les Chinois aiment bien garder tout ça secret. J’ai également eu énormément de mal à localiser avec précision l’emplacement du palais présidentiel de N’Djaména, au Tchad. C’est le blogue d’une jeune voyageuse qui m’a éclairé. Sous une photo de sculptures prise dans un parc, elle a précisé que la police tchadienne s’était assurée que le palais n’y apparaissait pas. J’en ai déduit que le palais était de l’autre côté des sculptures. Quand on veut vraiment, on trouve ! »
La Troisième Guerre selon Ken Follett | JDM - Le Journal de Montréal
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