SAINT-JOSEPH-DU-LAC – Il vient de lancer un album double, Comme au premier rendez-vous, dont la première partie ne contient que des chansons originales (l’autre est une compilation de ses grands succès) et des ouvriers terminent la construction d’une salle de spectacles, adossée à la boutique de son vignoble de Saint-Joseph-du-Lac, qui pourra accueillir jusqu’à 300 personnes. Pourtant, même si ses projets lui laissent rarement une minute à lui, Mario Pelchat a jugé qu’après 40 ans de carrière, l’heure était au bilan.
• À lire aussi: Mario Pelchat inaugure sa salle de spectacles
• À lire aussi: 5 rencontres marquantes
« Quand on arrive à un chiffre comme ça, naturellement on regarde derrière. »
Serein et accueillant, l’homme de 57 ans qui reçoit Le Journal sur sa terre est un peu groggy de sa deuxième dose de Moderna reçue deux jours plus tôt.
Comme il l’a déjà fait sur sa page Facebook, il s’emporte légèrement en nous racontant le cafouillage survenu lors de l’administration de son vaccin.
Vite, il reprend sa bonne humeur. Il faut dire que le fabuleux décor, avec ces rangées de vignes qui vont épouser l’horizon, a un effet redoutablement apaisant.
Et puis retracer les grands moments de sa carrière n’est pas le plus pénible des exercices.
40 ans de carrière, le chiffre fait mal ?
« Ouiiii (rires) ! En fait non, au contraire, c’est le fun de faire encore le métier que je voulais faire quand j’avais 17 ans. C’est le fun d’être encore présent. C’est le fun de pouvoir encore faire des entrevues. Il n’y a rien qui garantit que ça va durer, que le public va être encore au rendez-vous. Chanter, c’était mon destin. »
Comment es-tu tombé en amour avec la musique ?
« À quatre ans, je suis rentré chez nous et j’ai dit à maman que j’avais composé une chanson. Je lui ai chanté et j’avais déjà cette flamme. Ça la faisait rire. Je chantais : j’ai gagné un beau radio, j’ai gagné un beau radio. C’était aussi puéril que ça. Il reste que dans ma tête, j’avais le sentiment que j’avais composé quelque chose qui n’existait pas avant et c’était moi qui l’avais créé. »
Quelle est la recette pour durer ?
« Il faut savoir choisir les bonnes chansons, celles qui nous vont bien, ne pas se répéter, se renouveler, savoir qui est son public. J’ai toujours été très à l’écoute de ce que les gens me disaient, de ce qu’ils aiment de moi. Quand je vois qu’un type de chanson leur plaît en show, je vais m’efforcer d’aller vers ça lorsque je vais préparer un album, sans vouloir nécessairement plagier ce que j’ai déjà fait. En tentant tout le temps d’aller ailleurs, mais en gardant la même ligne directrice. Ça reste de la chanson française de variétés, mais il y a moyen de pousser un peu plus loin la richesse du vocabulaire. »
Tu as aussi toujours pris le temps de rencontrer tes admirateurs après les spectacles.
« Je ne lésinais pas sur l’énergie ou le temps qu’il fallait mettre là. Ce n’est pas toujours facile, encore moins aujourd’hui. Quand j’ai donné une heure et demie ou deux heures de show, je suis sonné. C’est dur d’aller donner les autographes à la fin, mais je le fais quand même. Je pense que les derniers se rendaient compte que je bâillais et j’étais fatigué, mais qu’ils apprécient le fait que je les rencontre tous. »
À un moment dans ta carrière, tu as décidé de ne plus être qu’un interprète et d’enregistrer les chansons que tu écris. Ça change le regard des autres ?
« Oui, et celui du public aussi. Beaucoup m’écrivent pour me dire qu’ils aiment quand j’écris parce qu’ils ont le sentiment de mieux me connaître, que je me livre avec plus de franchise et d’honnêteté à travers ce que j’écris que quand on me met des mots dans la bouche. »
Pourtant, même s’il y a une forte saveur autobiographique, toutes les chansons originales de ton nouvel album t’ont été offertes...
« Pendant longtemps, je pensais que c’était péjoratif d’être juste un interprète, qu’on perdait au change et en qualité. C’est faux. Un acteur, ce n’est pas lui qui écrit ses textes et il le rend comme si c’était lui qui le vit. C’est un peu ça le rôle d’interprète. J’assume ça aujourd’hui. »
L’album a été mis en ligne sur les plateformes d’écoute en même temps qu’il est offert en formats physiques, contrairement à ton habitude. Tu as baissé les bras face à Spotify ?
« Les experts disent que ceux qui veulent l’album en physique vont l’acheter en physique et ceux qui n’en achètent plus, ce n’est pas parce que tu ne vas pas le mettre en streaming qu’ils vont l’acheter en physique. »
Tu penses en vendre combien ?
« J’aimerais ça un disque d’or. Est-ce encore possible ? (rires) »
Je reviens au fait que cet album semble être un bilan de ta vie. C’est le cas ?
« Oui, j’ai envoyé les auteurs sur des pistes. Je n’ai pas eu d’enfant (L’enfant que je n’ai pas), j’aurais aimé ça, surtout quand on a un projet comme le vignoble, on aimerait avoir de la relève. Le travail, le travail, le travail, j’ai parfois l’air d’une poule pas de tête (Je me suis trop pressé de vivre). Je suis toujours dans l’urgence, comme s’il y avait un compte à rebours et qu’il fallait que j’en fasse le plus possible. »
La dernière chanson s’intitule Au revoir. Tu n’as pas l’intention de prendre ta retraite ?
« C’est une chanson de fin de show, c’est comme ça que je le voyais. Ben non, j’arrête pas. »
N’empêche, comment on se sent lorsqu’on sort un nouvel album en sachant pertinemment que ça n’aura jamais le même succès populaire qu’autrefois ?
« Ça fait de la peine d’être tassé, de ne plus rentrer dans les cases des radios alors que, pourtant, le public aime encore ce qu’on fait. Et le public écoute ces stations où on jouait avant, mais les dirigeants, ce n’est pas ça qu’ils regardent. Ils regardent les acheteurs de publicité, à qui ils veulent s’adresser, à quelle tranche d’âge. Si tu ne cadres plus là-dedans, tu n’as plus ta place. C’est plate parce qu’il y a encore des chansons que j’enregistre qui plairaient à ce public. J’en fais mon deuil. »
Es-tu heureux ?
« Oui. Oui, je suis heureux. Cette année, on avait un prunier qui nous a donné à peu près 3000 prunes. On avait un cerisier qui avait les branches tellement lourdes qu’elles traînaient par terre. Les pommiers étaient chargés de pommes. J’aurais eu des cerises de France, mais les oiseaux les ont mangées avant que j’y goûte. Pour le raisin, c’est une année énorme. Au-delà de ça, je regarde ma carrière. J’aurais aimé conquérir la France. Pour toutes sortes de raisons, ça a souvent été sur le bord, mais ça ne s’est pas passé. Je ne suis pas amer. Somme toute, je suis content de mon sort. Content de comment les choses se sont passées. Je ne suis pas toujours fier quand je fais le bilan de ma vie. Divorcer n’était pas une bonne idée, mais finalement, je me suis repris. »
Qu’est-ce qui manque à ton bonheur ?
« Des chevaux... »
Comme au premier rendez-vous
Sortie : 24 septembre
Interprète : Mario Pelchat
Auteurs-compositeurs : Jacques Veneruso, Francis Basset, Rick Allison, Moise Albert, Laure Ison, François Welgryn, Davide Esposito, Erik Benzi
Chansons retenues pour la seconde partie de l’album consacré à ses grands succès : Je suis un chanteur, Ailleurs, Voyager sans toi, Pleurs dans la pluie, Plus haut que moi, Le semeur, Je n’t’aime plus, Aimer, Des milliards de personnes, Toujours de nous, Le sourire au cœur, Un parfum de fin du monde, Je reviens te chercher
Secrets de longévité d'un chanteur populaire - Le Journal de Québec
Read More
No comments:
Post a Comment