Non, Christian Bégin n’a pas dit son dernier mot. Il annonce même en primeur à La Presse la création d’un nouveau one man show d’humour, intitulé Les 8 péchés capitaux, dans lequel l’artiste, curieux et polyvalent, s’amusera à revisiter nos vices fondamentaux. Avec un point de vue sur la société qui, espère-t-il, intéressera le public de toutes les générations et de toutes les régions du Québec.
Pour ce spectacle, Bégin collabore avec deux vieux routiers du milieu : René Brisebois (Les Boys) à la coécriture et Chantal Lamarre (Infoman) à la mise en scène. KOScène (une filiale de KOTV, la maison de production de Louis Morissette) s’occupera de la production du spectacle et de sa tournée à l’automne 2022. « Pour mes deux précédents solos, en 1990 et en 2001, je me produisais moi-même. C’est probablement le plus gros (et l’ultime) spectacle que je vais faire », confie-t-il en entrevue.
Dans une autre vie, l’animateur, comédien et auteur a frayé avec le merveilleux monde de l’humour. Il a joué son premier solo au Studio Juste pour rire. Il a enseigné sept ans à l’École nationale de l’humour. Il a même été recruté par le Groupe Rozon pour faire des tournées avec de jeunes humoristes. Il a aussi signé la mise en scène du premier spectacle de Martin Matte, entre autres.
Alors pourquoi un retour en humour, 20 ans plus tard ?
« Parce que j’aime me lancer dans toutes sortes de projets différents, me diversifier », répond le comédien. « Il y a plein de choses que j’ai faites dans ma carrière que je n’avais pas vues venir, comme animer un talk-show, une émission de cuisine… ou devenir épicier » (il vient d’ouvrir une épicerie à Kamouraska, où il a une maison).
Quand je dis à mon fils que je veux ralentir, chaque fois, il éclate de rire ! Il me répond : “Papa, tu vas ralentir quand tu vas mourir.”
Christian Bégin
Christian Bégin avait aussi envie de remonter sur scène pour parler du monde d’aujourd’hui et réfléchir à nos mœurs sociales. « Je vais avoir 59 ans. J’observe le monde qui change très, très vite. Or, je veux rester en écho avec le monde actuel et ses mutations. »
Le populaire animateur s’est tout de même interrogé sur le « drôle de timing » de lancer un one man show en 2021.
« Je suis un homme blanc, cisgenre, hétérosexuel dans la cinquantaine. Je suis l’incarnation de tous les privilèges ! Est-ce que je devrais me taire ? Prendre mon trou ? Non, au contraire, ma voix fait partie de la pluralité des voix actuelles. Ce n’est pas parce que je vis dans un contexte privilégié que je ne suis pas capable d’avoir un regard critique ET autocritique sur moi. Tout en questionnant le monde qu’on est en train de créer pour demain. Même s’il est probablement mieux que celui que ma génération a construit. Parce que ma génération, et les précédentes, on a fait bien des erreurs, et du tort, à la planète en premier. »
Entrer en conversation
Avant d’être un comédien (son premier métier), Bégin se voit surtout comme un communicateur. Un artiste en conversation avec le monde. « On entend beaucoup ce mot, “conversation”, en ce moment. Or, au fond, on esquive toute forme de conversation. On se parle entre nous. On a des discours avec nos tribus, avec des gens qui ont nos valeurs. Pour moi, l’art, c’est aussi une manière d’entrer en conversation avec les autres. Et un one man show, c’est le moyen le plus direct de le faire. »
Dans son futur spectacle, le comédien exprimera son rapport au monde à travers les sept péchés capitaux (la colère, la paresse, l’envie…) et leurs multiples déclinaisons. « Quant au huitième péché, je ne peux pas en parler, parce que c’est une surprise, dit-il. Je peux juste dire qu’il représente un vice très actuel qui, par la bande, nous reconnecte à notre deuil de Dieu. Pas dans le sens religieux, plutôt le deuil de la transcendance de notre condition humaine. On est beaucoup dans le “je, me, moi”… »
Au-delà du bien et du mal
Christian Bégin abordera aussi l’omniprésence des réseaux sociaux, un sujet qui l’interpelle depuis quelques années. « Les réseaux sociaux ne sont pas le reflet réel du monde. C’est une distorsion de la réalité pour nous faire croire qu’on vit dans un monde haineux, violent. Or, en général, il y a plus de bienveillance que de mal dans le monde. Si tu as une crevaison sur la route, il y a plus de chances que les gens viennent t’aider que te poignarder dans le dos. »
Selon lui, le mal a besoin de crier et de hurler sa rage, « pour créer l’illusion que c’est lui qui est au volant ». Alors que le bien n’a pas besoin de parler fort.
Le bien est discret, anonyme, il change le monde dans les coulisses. Cette impression que laissent les médias sociaux est pernicieuse. Car ça donne du pouvoir aux idéologies, aux mouvements d’une petite minorité de gens.
Christian Bégin
Si, avec Bégin, la conversation est souvent profonde et sérieuse, son spectacle sera divertissant et amusant, dit-il. « Ce qui m’a sauvé depuis que j’exerce ce métier, c’est l’autodérision. C’est nécessaire d’avoir du recul, de s’autocritiquer dans la vie. L’autodérision est un outil très efficace en humour. D’Yvon Deschamps à Louis-José Houde, plusieurs humoristes québécois manient habilement l’autodérision. »
Et ce n’est pas un péché.
Les 8 péchés capitaux selon Christian Bégin. À Montréal et à Québec à l’automne 2022. Les billets pour le Théâtre Outremont et la salle Albert-Rousseau sont en vente dès aujourd’hui.
Consultez le site de Christian BéginLe monde selon Christian Bégin | La Presse - La Presse
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