L’Halloween n’allait pas avoir lieu sans la controverse du moment. Cette fois-ci, ce fut la décision de certaines écoles d’interdire le costume de la série de Netflix Squid Game.
On ne refera pas le débat, mais ce qui marque les esprits c’est que le premier ministre du Québec s’en est mêlé.
« On est rendus dans une société où bientôt on n’aura pu le droit de faire quoi que ce soit » s’est-il indigné.
Vraiment ?
Une poignée d’écoles qui s’inquiètent de l’impact de cette série télé ultra-violente sur le climat dans la cour de récré pose une menace à l’ensemble de nos libertés ?
Bien sûr que non. Mais voilà, la nuance n’a plus sa place en politique.
Pour gagner, il faut polariser, créer l’illusion d’un monde en noir et blanc.
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Dans la seule journée de vendredi, François Legault s’est indigné pas moins de trois fois, sur trois enjeux différents.
Il a dénoncé les extrémistes sur les costumes de Squid Game, a pourfendu les « pleurnichards » d’environnementalistes, a dénoncé le « gouvernement centralisateur de Justin Trudeau » pour la mise en garde de Steven Guilbeault sur le 3e lien.
Objectivement, la liste de ses indignations est bien plus longue. Pensez aux médecins de famille « qui ne font pas un bon travail », les syndicats qui charrient, les woke et j’en passe.
Une majorité y voit un premier ministre du gros bon sens qui a le courage de mettre son pied à terre face aux corporatismes qui paralysent trop souvent le progrès au Québec. Un premier ministre surtout dans lequel cette majorité peut se reconnaître.
En effet, l’anti-élitisme de François Legault en réconforte plus d’un.
Mais la stratégie n’est pas sans risques. On en a eu la preuve cette semaine.
L’affrontement ultime
On ne saurait sous-estimer l’immense malaise suscité par l’affrontement bien public et médiatisé entre la juge en chef de la Cour d’appel et le ministre de la Justice autour de l’éventuel Tribunal spécialisé pour les victimes d’agressions sexuelles et conjugales.
Que la juge Lucie Rondeau tienne à protéger l’indépendance judiciaire va de soi. Qu’elle ait abandonné son devoir de réserve et se soit lancée dans une cabale médiatique pour faire obstacle à un projet qui fait consensus au sein de tous les partis politiques au Québec est hautement critiquable.
Or, malgré ses efforts pour calmer le jeu, le ministre Simon Jolin-Barrette a trouvé peu d’alliés sur la place publique.
Il récolte les fruits de la politique d’affrontement qu’il a trop longtemps menée depuis l’arrivée de la CAQ au pouvoir.
Heureusement pour les victimes, le fort appui dont bénéficie l’éventuel Tribunal spécialisé offre au ministre une voie de passage pour peaufiner son projet de loi et ainsi assurer son adoption unanime à l’Assemblée nationale.
Mais l’épisode devrait servir de leçon.
À jouer trop souvent la carte de l’affrontement, un gouvernement se prive du bénéfice du doute au moment où il en a le plus besoin.
La politique de l'indignation - Le Journal de Montréal
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