Le cinéma direct renvoie à une approche documentaire où les protagonistes sont conscients qu’ils sont filmés au point d’en oublier la caméra. Ils se révèlent même davantage que lors d’un tournage à leur insu.
Il y a une quête de vérité et d’identité dans le deuxième album d’Hubert Lenoir, qui s’intitule Pictura de ipse : musique directe.
« Toi t’as l’air de quelqu’un qui pourrait apprécier le fait que je ne suis pas quelqu’un d’ordinaire », chante Hubert Lenoir dans la pièce d’ouverture.
« Pictura de ipse » signifie « autoportrait ». Il y a en effet beaucoup d’introspection dans le disque hautement concept de 54 minutes. Il y a aussi une mise en garde dans sa pochette : « Cet album est fait pour être inconfortable par moments. »
Inconfortable ? On voudrait dire à Hubert Lenoir qu’il n’a pas tant à justifier qui il est, surtout sur un deuxième album qui – soyons honnêtes – se destine davantage à ceux qui le connaissent déjà.
Comme lors d’un tournage de cinéma direct, Lenoir et son public sont dans un espace sûr (safe space). Un espace-temps musical de 54 minutes traversé par de multiples éclairs de génie pop.
Citons la fougue électro-funk de Quatre-quarts. La ballade Octembre où Lenoir souligne comment la musique lui sert à la fois de bouclier et de moyen de sortir de sa coquille. Hula Hoop, une pièce jouissive indescriptible, le groove soul-électro en apesanteur de Phase ou encore Ville-Marie b.
Contrairement à Darlène, le premier album solo de Lenoir, il n’y a pas d’extrait (comme Fille de personne II) qui éclipse le reste. Les instrumentations, davantage rap, électro et jazz, sont de très haut niveau (chapeau au collaborateur High Klassified).
La forme de Pictura de ipse : musique directe n’est pas « inconfortable », mais néanmoins pas simple. Des extraits de classiques de Robert Charlebois interprétés par le groupe CRABE servent de transitions, ainsi que des extraits de conversations enregistrées ici et là.
Si la direction conceptuelle et artistique de l’album est moins limpide pour le public que pour Hubert Lenoir, c’est une fascinante épopée pour les oreilles. On ne peut que louanger le flair mélodique de l’auteur-compositeur, son interprétation vocale glam et sa mélomanie. Sur la pièce Sucre + Sel, Lenoir fait des clins d’œil évidents et successifs à Prince et au tube Lady Marmelade. Un tour de force.
Pour tout groupe ou artiste solo, le deuxième album est un exercice périlleux. Pour Hubert Lenoir, c’est une étape peut-être trop au « Je », mais c’est avec tellement d’exaltation qu’il fait communier tous ceux et celles pour qui la musique est un salut.
Pop
Pictura de ipse : musique directe
Hubert Lenoir
Simone Records
Pictura de ipse : musique directe — Hubert Lenoir | Le salut par la musique - La Presse
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