Les 2500 personnes qui assistaient au spectacle de clôture du Festival de jazz vous le diront : dimanche soir, à Montréal, il n’y avait rien de plus beau que Patrick Watson qui chante dans la nuit.
Un peu après 23 h, Watson a clos le festival avec Lighthouse. Comme il le dit dans la pièce de son album Adventures in Your Own Backyard, il a fait jaillir de la lumière dans la place des Festivals. Et il était dans son port d’attache, à la maison, à Montréal.
Tout au long du spectacle, un constat s’imposait : le pouvoir de la musique est plus fort que tout. Elle fait communier des gens – même à distance – pendant des temps durs et incertains.
Watson se produisait avec Mishka Stein à la basse et Andrew Barr à la batterie. Le trio était accompagné du quatuor à cordes Cobalt. Leur copain guitariste Joe Grass est venu faire quelques tours sur scène, ainsi que les chanteuses Kyla Carter et Ariel Engle (La Force).
Watson a ouvert le bal avec Lost With You et Big Bird in a Small Cage. « Ça va bien, tout le monde. Je suis tellement content de vous voir », a-t-il dit avant de lâcher l’éclat de rire nerveux qui lui est si propre.
Pendant la sublime pièce-titre de Wave, Watson était accompagné de la chanteuse Kyla Carter… Une belle revisite de cette chanson qui nous chavire tant chaque fois.
Sur son plus récent album, sorti à l’automne 2019, Watson décrit l’état de se laisser porter par la vague quand il y a une tempête au lieu de tenter de maîtriser l’incontrôlable. Alors que nous sommes dans la quatrième vague d’une pandémie, c’est une douce matière à réflexion.
De son album Wave, Watson a aussi interprété Strange Rain, Melody Noir, Turn Out The Lights et Here Comes The River. Pendant The Great Escape, un danseur et une danseuse des Ballets jazz de Montréal ont offert une prestation. Une façon de souligner le spectacle Vanishing Melodies qui sera présenté en novembre au Théâtre Maisonneuve.
Cinquante ans de What’s Going On
Alors que Patrick Watson se produisait sur l’une des deux scènes principales, Modibo Keita et sa bande de 20 musiciens interprétaient l’intégrale de l’album What’s Going On, de Marvin Gaye.
Un disque sorti il y a 50 ans, mais terriblement d’actualité par rapport à l’environnement et aux droits civiques de la communauté noire. Et un disque qui a des chansons au groove incroyable.
Nous avons vu le début du spectacle avant celui de Patrick Watson. Avant notre départ, Zach Zoya mettait le public dans sa poche. Sans vouloir faire de mauvais jeu de mots avec le titre de l’album légendaire de Gaye sorti en 1971, disons que ça se passait sur scène.
Bonne nouvelle : le spectacle fera l’objet d’une émission cet automne sur ICI Musique.
Un bilan émotif
« Ce n’est pas assez », a lancé Laurent Saulnier, grand responsable de la programmation du Festival international de jazz de Montréal (FIJM), rencontré en fin d’après-midi pour faire un bilan de la version écourtée du festival qui avait lieu pendant cinq jours (et qui succédait aux Francos qui avaient aussi eu lieu dans une formule réduite du 9 au 12 septembre).
On ne se doutait pas jusqu’à quel point cela allait faire du bien. Quand on tente de tracer ce qui est essentiel ou pas, je te dirais que c’est très essentiel. Cela vaut tellement cher d’avoir vu tant de sourires en 10 jours.
Laurent Saulnier, responsable de la programmation du Festival international de jazz de Montréal
« Je n’aurais jamais imaginé un impact émotif aussi grand », a-t-il ajouté.
D’un point de vue logistique, c’est somme toute mission accomplie, notamment pour la billetterie extérieure et la répartition des cinq zones (qui comptent 500 spectateurs chacune) devant chaque scène. « Il y a tellement de choses qu’on faisait pour la première fois. C’est plein de mini-détails. »
Le public a dû être plus patient, mais au final, il a eu un grand privilège : voir des spectacles gratuits de très haut calibre.
Laurent Saulnier tient à souligner que près de 50 % des 50 artistes programmés étaient des femmes (dont trois têtes d’affiche sur cinq) et que plus de 40 % des artistes étaient issus de la diversité.
La programmation était 100 % canadienne et en grande partie québécoise, ajoute-t-il. « Je ne suis pas certain qu’on aurait eu un aussi haut calibre il y a 20 ans. Nous sommes rendus là et c’est formidable. »
« Les artistes sont de la famille », ajoute-t-il.
Laurent Saulnier rappelle que Patrick Watson avait donné un grand spectacle extérieur gratuit en 2009 au Festival de jazz, année où on inaugurait la place des Festivals.
Watson est devenu l’une des plus grandes voix de Montréal. C’était émotif, réconfortant et de toute beauté de l’entendre – et de le voir sur scène – à la belle étoile au centre-ville.
« Nous sommes tous fous maintenant », a blagué Patrick Watson au début de son spectacle.
Mais grâce à la musique, nous le sommes peut-être un peu moins…
C’est par ailleurs avec espoir que Laurent Saulnier a officiellement annoncé la tenue du 42e Festival international de jazz de Montréal (FIJM).
« Si tout va bien, on se revoit le 30 juin 2022 », a-t-il dit à la foule.
C’est donc un rendez-vous.
Patrick Watson au Festival de jazz | Grande charge émotive - La Presse
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