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Monday, September 6, 2021

L'acteur français Jean-Paul Belmondo est mort - Le Journal de Québec

L'acteur Jean-Paul Belmondo, monstre sacré du cinéma français, est décédé lundi à son domicile à Paris, à l'âge de 88 ans, a annoncé son avocat à l'AFP.

«Il était très fatigué depuis quelque temps. Il s'est éteint tranquillement», a précisé son avocat, Me Michel Godest. 

Celui qu'on surnommait «Bébel» a tourné dans 80 films et laisse derrière lui des rôles inoubliables: jeune premier dans À bout de souffle ou encore pendu à un hélicoptère au-dessus de Venise dans Le Guignolo.

 Il était le meneur de « La bande du Conservatoire », ou « la bande à Bébel »: avec la mort lundi de Jean-Paul Belmondo, ce célèbre groupe d’élèves frondeurs du Conservatoire des années 50 vient de perdre sa dernière figure emblématique.

En quatre ans se sont éteints tour à tour Jean Rochefort (2017), Claude Rich (2017), Jean-Pierre Marielle (2019), Jean-Pierre Mocky (2019), Guy Bedos (2020), et avant eux Michel Beaune (1990) et Bruno Cremer (2010). Les derniers survivants sont Pierre Vernier et Françoise Fabian.

Ce groupe d’amis avides de renouveau et de modernité au lendemain de la guerre a détonné, autant sur les planches qu’en ville, avec leurs coups d’éclat contre le système du prestigieux Conservatoire d’art dramatique qu’ils jugeaient poussiéreux.

Laborieusement admis au Conservatoire, Belmondo était peu apprécié des professeurs en raison de son physique considéré incompatible avec les premiers rôles. Celui qui deviendra le nouveau modèle du jeune premier au cinéma essuiera même des remarques blessantes comme « vous feriez hurler de rire une salle si vous preniez une femme dans vos bras ».

Une anecdote est restée dans les annales: au concours de 1956, il décroche un simple accessit pour une scène de la pièce « Amour et Piano » de Feydeau, ce qui lui ferme la porte de la Comédie-Française, malgré l’ovation de ses camarades de promotion. Porté en triomphe par sa bande, il quitte la salle en adressant un doigt d’honneur aux jurés.

« Ça a fait un petit scandale au Conservatoire », se rappellera-t-il.

« Futur inconditionnel »

« Noyau » de cette bande inséparable, Belmondo multipliait les blagues et les gags à l’encontre de ses copains, ses professeurs ou encore les gens de la rue ou à la cantine de l’Opéra où ils déjeunaient chaque jour, rappelait Le Point en 2017. Il saute sur le capot des voitures, baisse son pantalon devant les dames, lance de fausses bagarres sur le trottoir avec Marielle ou Cremer. Ils faisaient également les 400 coups au Quartier latin ou à Saint-Germain-des-Prés.

« Quand Belmondo au Conservatoire passait une scène, les avertis se précipitaient. [...] Pour certains, nous étions devant une erreur de vocation, pour d’autres, devant le futur inconditionnel, il recréait tout », avait écrit Jean Rochefort dans son livre « Ce genre de choses ».

« Faire du théâtre j’en ai eu envie assez tôt, mais ce n’était pas exactement du théâtre, je voulais être clown, j’allais souvent au cirque avec des camarades, j’avais 14 ans », racontait Belmondo en 1964.

Au contact d’un ami de son père, le sociétaire au Français André Brunot, il va souvent au théâtre. « Mon envie de clown est passée à devenir acteur. Mon père était sculpteur, mes études n’avaient pas été très brillantes et je faisais plutôt de la boxe et du football... mon père était plutôt content de me voir partir dans un métier artistique plutôt que sportif ».

Après ses années de gloire au cinéma, il renouera avec la scène en 1987 avec « Kean » de Sartre, mise en scène par Robert Hossein au Théâtre Marigny, puis dans « Cyrano de Bergerac » (également mise en scène par Hossein), des pièces de Feydeau ou encore « Frédérick ou le boulevard du crime » d’Eric-Emmanuel Schmitt. 

« Merci Jean-Paul » : les Festivals de Cannes et de Venise rendent hommage à Belmondo 

Un homme et un acteur « généreux »; « Une icône du cinéma français et international » : les Festivals de Cannes et de Venise ont salué lundi la carrière de Jean-Paul Belmondo, monstre sacré du 7e art, décédé lundi à 88 ans.

« Pour l’hommage 2011, les photographes avaient prévenu : +On va poser nos appareils sur les marches et ce sera pour l’applaudir+. Sa générosité d’homme et d’acteur a inventé parmi les plus grands moments de l’histoire du cinéma. Merci Jean-Paul. Adieu Magnifique », a écrit sur le compte Twitter du Festival de Cannes, son délégué général Thierry Frémaux.

Deux photos de « Bébel » à Cannes accompagnent le tweet. En 2011, il avait reçu une Palme d’or d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.

En 2019, le Festival l’avait une nouvelle fois mis à l’honneur à travers l’affiche de sa 71e édition, qui reprenait un baiser tiré de « Pierrot le fou » de Jean-Luc Godard avec Anna Karina, film culte de la nouvelle vague réalisé en 1965.

De son côté, la Mostra de Venise, qui se tient jusqu’à samedi, se rappelle, « avec grande affection et admiration de l’acteur Jean-Paul Belmondo, icône du cinéma français et international, et premier interprète extraordinaire de l’esprit de modernité propre à la Nouvelle Vague ». 

Le directeur de la Mostra Alberto Barbera se souvient d’« un visage fascinant, une sympathie irrésistible, une versatilité extraordinaire, qui lui a permis d’interpréter des rôles dramatiques, d’aventuriers et même comiques, qui ont fait de lui une vedette appréciée universellement, aussi bien par le cinéma d’auteur que par le cinéma de divertissement ».

En 2016, le Festival lui avait décerné un Lion d’or d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.

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