C’était l’un des films les plus courus de cette 78e Mostra de Venise. Présenté hors concours en primeur mondiale, Dune – Part One, de Denis Villeneuve, a été vendredi le grand évènement du jour. Avec raison.
Quand le générique de fin est apparu, l’ovation a commencé. Et s’est prolongée pendant sept minutes. Les privilégiés ayant pu obtenir une place pour la projection de gala de Dune – Part One à la Sala Grande, l’une des plus courues du festival, ont réservé de chauds applaudissements à toute l’équipe, particulièrement au cinéaste québécois.
Joint par La Presse deux heures après la fin de la projection, Denis Villeneuve était soulagé et heureux. « Ça fait tellement longtemps que je voulais montrer ce film au public ! Et là, nous avons reçu un très bel accueil. J’étais aussi content de partager ce moment avec beaucoup d’acteurs du film – 10 d’entre eux sont venus ! Dans un festival, c’est plutôt rare de réunir autant de vedettes hollywoodiennes autour d’un seul film. Et puis l’accueil qu’ont eu Timothée [Chalamet] et Zendaya. Vraiment, j’ai vécu cette journée comme une célébration et je ne pouvais franchement rêver mieux. C’est un gros soulagement. Je vais bien dormir ce soir [vendredi] ! »
Grande effervescence
Dire que Dune était l’un des films les plus attendus cette année relève évidemment de l’euphémisme. À 7 h 15 vendredi matin, la navette fluviale emmenant les festivaliers de la place San Marco au Lido – une traversée d’environ 20 minutes – a dû refuser des passagers parce que trop nombreux. Les mesures de sécurité entourant le site du festival étant serrées, il faut en effet prévoir un peu plus de temps pour arriver à l’heure à une projection. Et les journalistes ne voulaient certainement pas rater la projection de Dune destinée à la presse internationale, prévue à 8 h 15. Déjà une longue file, constituée de critiques munis de précieux billets, s’allongeait pour entrer à la Sala Grande, même si la capacité d’accueil était réduite de moitié.
Cette effervescence s’est aussi fait ressentir plus tard dans la journée, alors que l’équipe s’est prêtée à l’exercice de la conférence de presse. Denis Villeneuve y était entouré de Timothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Javier Bardem, Zendaya, Oscar Isaac et Josh Brolin. Blagueur et souriant, le cinéaste québécois a en outre réitéré son indéfectible loyauté au grand écran.
« Les temps sont difficiles, et la sécurité du public prime avant tout », a-t-il déclaré avec le plus bel accent anglais de Trois-Rivières. « Mais s’ils se sentent à l’aise, j’encourage les gens à aller voir Dune au cinéma. Il a été rêvé, conçu et tourné en pensant au format IMAX. Regarder un film sur un grand écran est presque une expérience physique, et nous avons souhaité offrir l’expérience la plus immersive possible. À mes yeux, le grand écran fait partie du langage du cinéma. »
Timothée, superstar
Partageant visiblement une complicité avec ses acteurs, le réalisateur d’Incendies, film qui a été lancé à la Mostra en 2010, a plaisanté en évoquant la plus grande difficulté à laquelle il a dû faire face : les cheveux de Timothée Chalamet. « Ils ont leur propre vie ! », a-t-il lancé.
Plus sérieusement, le cinéaste a expliqué avoir voulu trouver un équilibre afin que les spectateurs ne connaissant pas l’histoire du roman de Frank Herbert ne perdent rien du récit, sans pour cela les saouler d’un trop plein d’informations. Aussi a-t-il, pour cela, fait confiance au langage du cinéma.
« Le roman est encore plus pertinent aujourd’hui, car il évoque les dangers qui surgissent quand on mélange la politique et la religion. Il parle aussi de l’impact de la colonisation, sans oublier l’environnement. Ce bouquin est toujours resté près de moi, mais il s’est révélé encore plus important au fil des ans. Il est temps de faire de vrais changements. J’ai encore l’espoir que nous puissions le faire, mais il faut passer à l’action maintenant. Il y a actuellement une campagne électorale au Canada, et personne ne parle d’environnement. Il en va pourtant de notre survie ! »
Timothée Chalamet, qui a répondu en français à une question de notre collègue de Radio-Canada, a par ailleurs exprimé le respect qu’il ressent pour Kyle MacLachlan – l’interprète de Paul Atréides dans la version de David Lynch de 1984 –, dont il a vu la performance deux mois avant de commencer le tournage.
« Mais quand Denis te demande de jouer dans son film, dans sa version, tu oublies tout et tu te mets au service de son scénario en toute humilité. Ce rôle, c’est l’honneur d’une vie pour moi, a-t-il ajouté. D’avoir pu tourner cette première partie est déjà la concrétisation d’un rêve. Je rêve maintenant de faire la deuxième ! »
En passant, Timothée Chalamet et Zendaya ont suscité l’émoi des admiratrices et admirateurs partout où ils sont passés. Sur le site du festival, nous pouvions pratiquement savoir où ils se trouvaient juste en suivant le son des cris qu’ils provoquaient sur leur passage. Le plus drôle est que ces fans ont réussi à se faire une place pour tenter de voir leurs idoles alors que, pour des raisons sanitaires, les autorités ont pratiquement fermé tous les accès, histoire de tenir les badauds au plus loin.
« Nous avons pu prendre aujourd’hui la mesure de l’amour que le public porte à Timothée et à Zendaya, et à quel point ces derniers s’investissent. Timothée est même allé à la rencontre du public ! », a dit Tanya Lapointe, productrice exécutive et conjointe du cinéaste.
Accueil critique favorable et voix discordantes
Dès la levée de l’embargo, les points de vue ont déferlé sur les réseaux sociaux, la plupart étant très favorables. The Guardian, à Londres, a même attribué une cote de 5 étoiles. Cela dit, quelques médias de référence, Variety et The Hollywood Reporter notamment, ont exprimé certaines réserves, alors que sur le site spécialisé IndieWire, on a carrément évoqué une « déception massive ». Au moment d’écrire ces lignes, l’agrégateur Rotten Tomatoes attribuait à Dune une cote critique de 85 %, avec 27 critiques recensées. Voilà qui est quand même de bon augure.
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