À 24 ans, on aurait pu croire que Théodore Pellerin est un enfant de la télé et des écrans. Comme bien des jeunes de sa génération. Eh non ! « En tant que spectateur, le théâtre me touche plus que le cinéma. Au théâtre, avec le rapport de la scène à la salle, la présence des interprètes, je peux vivre de vrais moments de catharsis. Ce qui ne m’arrive pas au cinéma. »
Théodore Pellerin ne fera pas son baptême théâtral mardi soir au Théâtre du Nouveau Monde, mais c’est tout comme. En janvier 2017, il a joué dans Yen à la Petite Licorne ; il avait alors ébloui la critique en incarnant, avec force et vraisemblance, un adolescent atteint du syndrome de la Tourette. « J’avais adoré l’expérience, mais je jouais dans une salle de moins de 100 places. Je suis encore en train d’apprivoiser la scène du TNM. Et j’avoue que c’est un peu stressant… »
En effet, son deuxième rendez-vous avec les planches se fait avec une compagnie prestigieuse dans une salle de 830 places où ont joué les plus grands acteurs du Québec depuis 70 ans. Qu’est-ce qui le stresse le plus ?
Ce n’est pas juste un truc de technique de voix ni de projection. C’est une question de précision dans le jeu. Je ne peux pas juste être dans le réalisme cinématographique, dans l’intériorité. Je dois aller porter l’émotion plus loin, à travers la salle. C’est très différent.
Théodore Pellerin
Si Eda Holmes a bien senti que le jeune premier était craintif au début des répétitions, la metteure en scène trouve ça très normal ; et elle ne s’en fait pas pour la suite. « Théodore est un acteur fabuleux, dit-elle. Peu importe la discipline. Il a les outils qu’il faut pour bien faire le travail. Il a une grande curiosité, une grande rigueur. Il est toujours à la recherche de la vérité. Pour moi, ce sont les clés pour bien faire le travail et bien raconter l’histoire. »
Tout pour sa mère
Dans Embrasse, Théodore Pellerin incarne Hugo, un fils unique qui vit et travaille avec sa mère, Béatrice, propriétaire d’un magasin de tissus en région. Son univers est bousculé lorsque Béatrice, interprétée par Anne-Marie Cadieux, est accusée d’avoir frappé la professeure de son fils (Alice Pascual) dans un centre commercial.
Passionné de mode, Hugo décide de confectionner la robe que portera sa mère lors de son procès ; le costume qui lui donnera les allures d’une mère parfaite. Alors que la rumeur dans le voisinage veut qu’il soit victime de violence domestique.
Pourquoi lui confectionner et offrir ce beau vêtement au lieu de la dénoncer d’abus maternel ?
« Parce que c’est sa mère, et que, dans la vie, on a juste une mère », répond Pellerin dont, en passant, la relation avec sa propre mère, la célèbre chorégraphe Marie Chouinard, a une tout autre dynamique. « Je crois aussi que Hugo et Béatrice s’aiment, au fond. Tous les deux partagent une même passion pour la beauté des vêtements, des tissus, des coupes. Ils ont des moments de complicité, même si sa mère le manipule, l’utilise, et lui fait du chantage émotif. »
Dans son projet, Hugo est inspiré par une vision, un fantasme, du designer Yves Saint Laurent (joué par Yves Jacques), et encouragé par le sergent Régis (Anglesh Major), seul policier noir, qui se reconnaît dans la marginalité du jeune homme.
Avec Embrasse, l’auteur des Muses orphelines reprend les grands thèmes de son théâtre. La création artistique peut-elle guérir nos blessures d’enfance ? Peut-on trouver une rédemption dans le rêve, la fantaisie, la fiction ?
Si l’art ne change pas le monde entier, il peut servir à créer de la beauté à partir de quelque chose de destructeur, de violent. Peu importe l’objet artistique.
Eda Holmes, metteure en scène
« Le cheminement de Hugo est intéressant, ajoute Pellerin. Au début, Hugo a une idée très fermée sur l’art et la beauté. Une idée de perfection. Il ne veut pas voir de défauts. Puis, il va apprendre à utiliser sa noirceur, la souffrance, ses démons, pour en faire un objet de beauté. Et non pas la cacher derrière ses créations. »
Comme à l’école
Théodore Pellerin a commencé à jouer à 16 ans, à la télévision, dans 30 vies. Huit ans plus tard, il a une carrière internationale et une trentaine de films et de séries à son CV. Selon Eda Holmes, si on offre souvent au jeune acteur des personnages sombres et tourmentés, « c’est parce que Théodore a beaucoup d’empathie pour les êtres humains. Pour Embrasse, il est capable de fouiller le drame de Hugo à travers son empathie. Et vraiment ressentir et comprendre ses motivations ».
« Depuis que j’ai commencé à répéter la pièce, je comprends mieux le côté très gratifiant de faire du théâtre. Tout le travail de répétitions qui permet d’explorer, d’essayer des choses, d’approfondir un détail. D’une semaine à l’autre, en regardant ces excellents acteurs travailler autour de moi, je constate : c’est ça, le théâtre ! Petit à petit, avec des essais, des erreurs, j’apprivoise de plus en plus cet univers. J’aime aussi être le spectateur de ce processus de création. Un processus unique qui nous permet, les acteurs, de nous sentir libres dans ce merveilleux terrain de jeu. »
Embrasse, au TNM, du 21 septembre au 16 octobre. Le spectacle sera en tournée au Québec en novembre. Puis, présenté en version anglaise, sous le titre de Kisses Deep, avec une distribution modifiée, au Centaur, du 25 janvier au 12 février 2022.
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