« J’ai voulu crier mais il n’y a pas de voix qui sortait ». Cette phrase-choc, prononcée dans Le Silence par une des nombreuses victimes du prêtre pédophile Lévi Noël, résume à la perfection la réalité troublante décrite dans ce documentaire percutant et nécessaire de la cinéaste acadienne Renée Blanchar.
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En salle depuis vendredi, Le Silence revient sur les nombreuses affaires d’abus sexuels qui ont été perpétrés par des prêtres sur de jeunes garçons, au Nouveau-Brunswick. Dans son film, Renée Blanchar donne la parole à des victimes de ces prêtres pédophiles mais elle tente surtout de comprendre les causes du silence collectif qui a permis à ces agresseurs de continuer à sévir pendant des décennies sans se faire réprimander par leurs supérieurs.
« Le premier événement qui m’a interpellée, c’est en 2012, quand des hommes de Cap-Pelé ont retiré l’enseigne de la devanture de l’aréna qui portait le nom de Camille Léger parce qu’ils disaient avoir été agressés sexuellement par ce prêtre. C’est une réalité dont on connaissait déjà l’existence mais ç’a été un choc pour moi de découvrir que ça se passait si près de chez moi et depuis si longtemps. »
Comme un thriller
Ce n’est que quelques années plus tard que Renée Blanchar a décidé d’aborder ce problème dans un documentaire. L’élément déclencheur, pour elle, a été d’apprendre que le prêtre Yvon Arsenault, à qui elle avait donné la parole 20 ans plus tôt dans son film Vocation ménagère, était aussi accusé d’actes pédophiles.
« C’est à partir de ce moment-là que ce sujet a commencé à m’obséder, dit-elle.
“Parce que j’avais filmé cet homme dans mon premier documentaire d’auteur, j’ai senti que je portais moi aussi une forme de silence. J’ai voulu raconter cette histoire de la manière dont elle s’est révélée à moi. Il y a un côté thriller dans le film parce qu’à chaque fois qu’on pense avoir compris quelque chose, on découvre toujours quelque chose de pire qui se cachait derrière. Le film est devenu une sorte de thriller vers une vérité. Mais cette vérité sera toujours partielle parce qu’il y aura toujours des silences qui perdureront.”
► Le silence a pris l’affiche vendredi à Montréal, Québec et Sherbrooke.
Documentaire «Le silence»: la parole aux victimes abusées par des prêtres - Le Journal de Montréal
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