Rechercher dans ce blog

Saturday, August 7, 2021

Suivre son instinct, la recette du succès de Marilou - Le Journal de Montréal

Marilou a connu les sommets de la gloire comme chanteuse, puis construit une entreprise florissante avec Trois fois par jour. À 30 ans, elle compte aujourd’hui 20 ans de métier. Une existence faite de hauts vertigineux et de bas dévastateurs a fait d’elle une femme accomplie, assumée, qui n’a plus l’intention de laisser qui que ce soit dicter sa conduite. Un mélange de talent et de chance, badigeonné de beaucoup de travail sur elle-même, voilà la vraie recette de Marilou.

«Quand je repense à tous mes gros projets, je réalise que je n’ai jamais couru après, confie-t-elle. Ça m’est toujours un peu tombé dessus. Je n’ai jamais cogné aux portes. Je fais juste confiance à la vie. Quand une opportunité se présente, si mon instinct me dit oui, j’y vais. C’est aussi ce qui fait que j’ai appris à dire non. C’est le conseil que René Angélil m’a donné que j’ai le plus retenu : ce n’est pas à quoi tu dis oui, mais plutôt à quoi tu dis non, qui va déterminer la personne que tu es et ta carrière...»

À la veille du lancement de sa toute première émission à Zeste (dès le 6 septembre, à 18 h 30) et TVA (dès le 11 septembre, à 10 h), «Trois fois par jour & vous», portrait en six temps d’une professionnelle qui sait plus que jamais qui elle est et où elle s’en va.

Suivre son instinct, la recette du succès de Marilou

Joël Lemay / Agence QMI

L’enfant-vedette

À 11 ans, la petite Marilou Bourdon habite Longueuil et chante pour le plaisir dans des spectacles scolaires. Guy Cloutier la prend sous son aile. La jumelle avec Gino Quilico en duo sur la chanson «Je serai là pour toi», gravée sur l’album «Noël» (2002) de ce dernier. La pièce devient instantanément un succès radio. L’album s’écoule à 50 000 exemplaires et reçoit une mention disque d’or.

«Pouf, comme ça!», image Marilou. La principale intéressée dit vivre sa nouvelle notoriété «très naïvement». «Quand tu as 11 ans, tu restes dans ton cercle, ton école, ta famille. Mes parents n’avaient pas énormément de sous, on n’allait pas beaucoup au resto. Je sentais que je commençais à me faire reconnaître, mais c’est vite devenu une normalité, parce qu’à cet âge, on s’adapte tellement vite...»

Entre deux apparitions à «La fureur», Marilou se fait remarquer par un certain René Angélil. À 14 ans, notre jeune étoile commence à suivre Céline Dion dans ses tournées promotionnelles en Europe, puis assure les premières parties des tournées européennes de Garou, devant environ 10 000 personnes chaque soir. Elle devient la première artiste à parapher un contrat de disque conjoint entre Sony Canada et Sony France, une entente de 15 albums. Elle rencontre Luc Plamondon qui l’intègre à la distribution de «Notre-Dame de Paris» et lui écrit des textes pour son deuxième album («Marilou», 2007). En 12 ans de carrière musicale, la chanteuse lancera quatre disques, dont un en anglais («60 Thoughts a Minute», 2012).

Bref, Marilou semble vivre un conte de fées. Mais pas exactement. Les contrats s’enchaînent, mais la jeune femme se cherche. Derrière le large sourire de l’enfant-vedette point peu à peu une grande détresse.

Suivre son instinct, la recette du succès de Marilou

Joël Lemay / Agence QMI

«Je n’ai pas à blâmer qui que ce soit, insiste Marilou. C’est important de le dire. Je n’ai juste jamais, en cours de route, découvert l’artiste que je suis. J’étais, un peu, un genre de marionnette. Au cours de mon adolescence, il y a eu de plus en plus un décalage entre mon image et mon âme, qui commençait à asphyxier sous cette pression et cette attention, qui était dirigée vers mon image et non vers mon essence. J’étais en train de mourir; on ne me voyait pas! Et je ne me voyais pas. On me dit que ma vie est fabuleuse, mais je me sens comme une merde... Qu’est-ce qui se passe?»

Ses parents n’ont jamais été loin et ont été, jure-t-elle, «les meilleurs parents qu’ils pouvaient être, au mieux de leur conscience». Mais Marilou n’hésite pas à affirmer que l’environnement de glamour et de paillettes dans lequel elle a grandi était «100 % malsain».

«Pas parce que j’avais des mauvaises personnes autour de moi. Mais c’est malsain qu’un enfant reçoive autant d’attention. C’est malsain de s’exposer au monde sans se connaître soi-même. C’est malsain de ne pas être avec d’autres enfants. C’est malsain de voir certaines choses. En tournée, qu’est-ce que tu penses que j’ai vu? C’est utopique de penser que c’était sain...»

La chute

Un jour, en tournée avec Garou, Marilou attrape une intense gastro qui lui fait perdre beaucoup de poids. Dans les coulisses, on voit d’un bon œil son changement d’apparence. On la complimente vivement. Une graine est semée.

«J’ai réalisé que j’avais le contrôle là-dessus et que le monde aimait ça. J’ai vécu mon adolescence à voir des photos de moi partout, à me voir à l’écran. Je me suis beaucoup vue, examinée, on accordait beaucoup d’importance à mon physique. C’est devenu un engrenage.»

Au tournant de la vingtaine, c’est le début pour Marilou d’une période de troubles alimentaires. «Pas légers», souligne-t-elle.

«Je n’ai pas eu de menstruations pendant un an ou deux. J’ai eu une perte de cheveux extrême. Je mangeais un yogourt et mâchais huit paquets de gomme par jour. Je n’allais vraiment pas bien...»

«C’est sûr que j’étais anorexique. Quand j’ai lancé mes deux derniers albums, je ne "feelais" pas. En y repensant, c’était juste triste.»

Heureusement, elle est allée chercher de l’aide. La rencontre de Lucie Dubé, son «âme sœur», un ange gardien qui la suit aujourd’hui dans sa vie personnelle et ses activités professionnelles, l’a amenée à faire un «grand ménage».

Aujourd’hui, Marilou se dit guérie. Le fait de consulter une fois par semaine, depuis l’âge de 16 ans, constitue pour elle une grande fierté. «Ça fait en sorte que, de plus en plus, je suis une bonne amie, une bonne femme, une bonne mère pour mes enfants...»

Celle qui jadis entonnait «Danser sur la lune» fait peu à peu la paix avec la musique. Depuis un an ou deux, elle chantonne chez elle, pour le plaisir. Publie ça et là une prestation sur Instagram, sans stress. Elle tient à ce que ça reste une passion. «Si je sors quoi que ce soit un jour, ça sera vraiment dans le but d’offrir un cadeau, et c’est tout...»

L’empire Trois fois par jour

En 2013, Marilou a tracé une croix sur la chanson (définitivement, croit-elle alors). Elle se relève de son trouble alimentaire. Germe dans sa tête l’idée d’un projet web et bouffe sans prétention, qui s’appellerait Trois fois par jour. «Sans aucun plan, encore une fois!»

La plateforme est lancée en avril de la même année.

«Et ça grossit à quelle vitesse?», lui demande-t-on. «C’est épouvantable!», siffle Marilou, encore ébahie huit ans plus tard.

«Après un mois, on avait 20 000 abonnés sur Facebook. Les demandes d’entrevues, les visites sur le site... On est rapidement arrivés à un million de visiteurs par mois. Après, 2, 3, 4, 5 millions... C’était fou, fou, fou! On a sorti notre premier livre en 2014: 250 000 copies se sont vendues vraiment très vite.»

Marilou se souvient avoir dû solliciter l’aide d’oncles, de tantes et d’amis pour faciliter le travail à la chaîne dans les trois garages de sa maman, à Boucherville, pour la signature (par Alexandre Champagne et elle) des 20 000 bouquins «Trois fois par jour» commandés en prévente. Son éditeur l’avait prévenue que, si 1000 ouvrages s’écoulaient en prévente, et 5000 au total, on parlerait d’un tabac.... «On en a signé 20 000!», n’en revient-elle pas encore.

L’entreprise Trois fois par jour a grandi à une vitesse fulgurante, jusqu’à engager une vingtaine d’employés. La marque se déploie désormais en quatre livres (bientôt cinq) – vendus à plus de 400 000 copies – des magazines, une boutique (en ligne et physique, basée à Longueuil), des produits prêt-à-manger en épicerie, une émission de télévision et un important volet corporatif de création de contenu.

La télévision

Bien sûr, Marilou a reçu beaucoup d’offres au fil du temps pour faire le saut à la télévision sous le titre «Trois fois par jour». Elle avait toujours refusé... jusqu’à maintenant.

«Quand j’ai lancé Trois fois par jour, je voulais me sortir d’un système, explique-t-elle. Je sortais du milieu du "show-business" et j’avais besoin de partir un projet sans lumière dessus, sans recevoir d’attention, sans que ça soit misé sur le succès, la performance, l’argent ou le besoin de plaire aux autres. Je voulais que ça reste petit et garder le contrôle, et j’associais le fait d’entrer en télé comme une possible perte de contrôle. C’était un retour en arrière, pour moi, d’entrer dans une grosse machine. Je n’étais pas encore prête. J’étais encore trop fragilisée par ce que j’avais vécu. Cette fois, c’est un paquet de facteurs émotionnels et professionnels qui ont fait que j’ai accepté.»

En 2021, c’est un joli «concours de circonstance» qui l’amène à Zeste et TVA, dans une émission axée sur les rencontres. Parce que Marilou juge que ce qu’on retient surtout d’une grande tablée bordée de famille et d’amis, ce sont les discussions, les fous rires et même les rendez-vous manqués. L’émission sera présentée trois fois par semaine (lundi au mercredi, 18 h 30) à Zeste, à compter du 6 septembre, et le samedi, à 10 h, à TVA, dès le 11 septembre. Tous les épisodes diffusés sur Zeste le seront éventuellement à TVA.

Dans chacun des épisodes de «Trois fois par jour & vous», Marilou concoctera une ou des recettes, accompagnée d’un(e) invité(e) de la sphère artistique ou expert(e) dans le domaine alimentaire, et traitera d’un sujet en particulier. Son ex-amoureux et père de sa première fille, Alexandre Champagne, fut par exemple l’un de ses premiers convives, sous la thématique du diabète.

«Je voulais parler de notre relation avec la bouffe. C’est tellement relié à nos émotions. J’en ai tellement appris à travers l’émission! J’ai rencontré des neuropsychologues, des psychologues, des nutritionnistes... J’ai eu des invités en or!»

La femme d’affaires

Étonnamment, bien qu’elle ait bâti une véritable PME plus si petite, Marilou ne se considère pas du tout comme une femme d’affaires.

«Moi, lire un état financier ou faire un plan...», s’exaspère-t-elle en levant les yeux au ciel.

«J’ai des amis qui sont en affaires. Mon frère, avec qui j’ai deux ans de différence, est un grand homme d’affaires. Et je ne me sens pas comme tel. Pourtant, j’ai une "business", j’ai des employés. Je me sens plus comme une artiste qui a eu son hos* de quota de se faire contrôler, et qui s’arrange pour pouvoir gérer ses affaires...»

Elle se dit toujours artiste. Son tempérament très instinctif la pousse à prendre des décisions très spontanées.

«Tout se passe dans ma tête. Ça me prend un type d’employé capable de vivre avec ça. On n’a pas de "meetings" à n’en plus finir, des plans de ci ou ça. Parfois, la température me dicte si on doit repousser le lancement d’un produit, ou pas...»

Elle ne cache pas que ce n’est plus elle qui conçoit toutes les recettes et qui «torche» la vaisselle. Marilou trouve désormais davantage son plaisir dans la direction de création.

«Mais la bouffe fera toujours partie de Trois fois par jour», décrète-t-elle.

La maman

Une autre grande fierté de Marilou : que le grand public n’ait encore jamais vu le visage de ses deux filles, Jeanne, 5 ans, et Rose, bientôt 3 ans.

«C’est tellement en vogue, en ce moment, de montrer nos enfants sur Instagram. Ç’aurait été facile pour moi, de glisser... Au début de la pandémie, j’ai aussi décidé de retirer tout ce qui touchait à ma vie sentimentale et personnelle. Une amie proche de moi m’a fait réaliser que mon entourage, lui, n’a pas décidé d’avoir une vie publique. Si je protège mes enfants, pourquoi je ne protégerais pas le reste?»

Ses deux puces ont plus ou moins conscience de la popularité de maman.

«Jeanne me dit que, plus tard, elle veut avoir une boutique et chanter. Elle a l’impression que je vends des choses dans une boutique, parce que, quand elle vient sur place, elle fait des dessins aux clients...»

Adblock test (Why?)


Suivre son instinct, la recette du succès de Marilou - Le Journal de Montréal
Read More

No comments:

Post a Comment

Québec changera ses lois pour rehausser le contenu québécois sur les plateformes en ligne - Le Devoir

Le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, veut voir et entendre davantage de contenu d’ici sur les plateformes en ligne à la Netflix et ...