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Friday, August 27, 2021

Netflix et les petits lapins - Le Journal de Montréal

Dans une université, un prof est suspendu parce que le recteur est un pissou qui s’incline devant les bruyantes manifestations de ses étudiants, des petits lapins fragiles.

Vous pensez que je vous décris ce qui s’est passé à l’Université d’Ottawa avec le scandale du mot en « n » ?

Non. C’est le résumé de The Chair (Directrice), une série diffusée depuis le 20 août sur Netflix et... qui est une comédie hilarante !  

C’est quand même un drôle de hasard : au moment même où siège la « Commission sur la liberté académique dans le milieu universitaire », on peut se bidonner en regardant une série de fiction qui décrit une situation qui, dans la réalité, est absolument terrifiante.

OH, QUE C’EST BON !

J’ai « télévoré » d’une seule traite cette série qui est tellement d’actualité ! La comédienne canadienne d’origine coréenne, Sandra Oh, joue le rôle principal, une professeure de littérature qui devient la première « personne racisée » directrice du département d’anglais de l’Université (fictive) de Pembroke.

Oh est absolument formidable dan s la peau de cette femme ambitieuse qui se trouve confrontée à des étudiants woke.

Il suffit qu’un prof fasse un geste de travers, qui est mal interprété, et il se fait traiter de nazi. À partir de là, le moindre geste, la moindre déclaration prend des proportions démesurées.

La grande force de cette série pétillante, c’est qu’on est à des années-lumière de la rectitude politique. On égratigne autant l’université remplie de vieillards blancs déconnectés de leur époque que les étudiants offensés à la moindre microagression.

La série est bourrée de bonnes lignes de dialogue. Un prof qui n’a que quelques élèves inscrits à son cours affirme : « Jésus n’avait que 12 disciples, ça ne veut pas dire qu’il était un loser ».

C’est rare aujourd’hui qu’un produit culturel grand public sache ainsi faire la part des choses et présenter une réalité en pesant le pour et le contre.

Oui, les étudiants sont suprêmement agaçants dans The Chair. Quand un prof enseigne Moby Dick, un étudiant demande : « Allons-nous discuter du fait que Melville était un batteur de femmes ? »

Mais quand des étudiants brandissent des pancartes et manifestent sur le campus, un prof s’exclame : « Les universités sont censées encourager la contestation. On devrait être fier de ces jeunes-là ! »

RÉALITÉ / FICTION

Alors que je venais de regarder d’une traite les six épisodes, j’ai lu ce que l’avocat Julius Grey affirme dans son mémoire déposé à la Commission sur la liberté académique :

« Les universités sont davantage préoccupées par leur image que par la défense de la liberté académique [...]. C’est la peur de perdre des fonds qui fait en sorte qu’elles se retournent contre leurs professeurs qui partagent une position controversée et cherchent à s’en dissocier. »

C’est exactement ce que décrit la série The Chair. Un établissement d’enseignement supérieur accro à sa bonne réputation, obsédé par son image, son financement.

Mon seul regret, c’est que le recteur de l’université fictive de Netflix est pas mal moins odieux que le recteur de l’université d’Ottawa qui avait laissé tomber la professeure Lieutenant-Duval.

Dans ce cas-ci, la réalité dépasse vraiment la fiction.

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