Michèle Lalonde, à qui l’on doit le célèbre poème Speak White, est décédée jeudi à Montréal. Cette écrivaine, poète, essayiste et dramaturge montréalaise allait avoir 84 ans.
Michèle Lalonde était atteinte d’une maladie pulmonaire. Elle vivait dans un CHSLD de Montréal-Nord où personne ne savait qu’elle était l’autrice de cette oeuvre très connue, selon son fils Laurent Duchastel.
C'est en 1968 qu'elle avait écrit Speak White, qui enjoignait au peuple de se révolter contre la domination anglo-saxonne, alors que le Québec était en pleine Révolution tranquille. Le 27 mars 1970, elle avait lu ce poème politique pendant la Nuit de la poésie, ce qui l’avait propulsée sur le devant de la scène.
Elle jugeait ce texte intemporel et universel
, a déclaré Laurent Duchastel, en entrevue à ICI RDI vendredi après-midi.
Elle tirait une grande fierté de son universalité, pas nécessairement de la tournure nationaliste qu’on lui a donnée, mais de son caractère de dénonciation des régimes coloniaux [et] du caractère important de l’identité des petites cultures
, a-t-il ajouté.
Selon son fils, Michèle Lalonde était particulièrement fière
de l’interprétation qui avait été faite de Speak White dans la pièce de théâtre 887 de Robert Lepage. Cela lui a apporté un grand réconfort
, a-t-il dit.
À la défense des identités minoritaires
Par la suite, Michèle Lalonde avait écrit le recueil Métaphore pour un nouveau monde (1980), ou encore les essais Défense et illustration de la langue québécoise (1979) et Cause commune : manifeste pour une internationale des petites cultures (1981).
Elle est aussi l’autrice des pièces de théâtre Ankrania ou Celui qui crie (1957) et Dernier recours de Baptiste à Catherine (1977), en plus d’avoir collaboré à des spectacles multimédias.
Ce qui transcende dans son œuvre, c’est toujours l’analyse sociohistorique des classes, le rapport à l’histoire, à l’identité et à la mémoire, a expliqué Laurent Duchastel. La littérature est un moyen métaphorique, un moyen pour amener des gens à cette compréhension identitaire.
Dans les années 1980, Michèle Lalonde avait présidé l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) et la Fédération internationale des écrivains de langue française (FIDELF).
Son engagement pour la langue française salué
L’annonce du décès de Michèle Lalonde a suscité plusieurs réactions. L'œuvre de Michèle Lalonde était engagée, inspirée et nous nous souviendrons d'elle pour son ardente défense de la langue française
, a écrit sur Twitter Valérie Plante, la mairesse de Montréal.
Autre réaction venue du monde politique, celle du Bloc québécois. Elle laisse à la nation québécoise l’inestimable héritage de la fierté d’une langue
, a indiqué le parti fédéral sur Twitter.
L’actrice et metteuse en scène Louise Latraverse a confié sa tristesse et a remercié Michèle Lalonde. Impossible d'oublier ce moment historique quand elle nous a dit son poème, Speak White, ce soir-là au Gésus. Son poème allait changer nos vies.
Je suis bouleversé. C’est une époque qui s’envole, c’est un monument qui part
, a de son côté réagi le poète québécois Jean-Paul Daoust. Elle avait livré son texte de façon magistrale lors de la Nuit de la poésie.
Au printemps, la journaliste spécialisée en littérature Claudia Larochelle a lu un long extrait de Speak White lors d’un spectacle de la Société Saint-Jean-Baptiste en hommage à la langue française.
C’est un texte fabuleux et important, a-t-elle souligné, en entrevue avec Radio-Canada. Il est encore tellement actuel. Je pense qu’on a encore besoin de se le faire lire et relire.
Quand on prend le temps de relire Speak White, on comprend à quel point ça a tout son sens, à quel point on arrive de loin et à quel point on n’est pas encore arrivés au bout de nos peines si on veut avoir une certaine paix d’esprit au sujet de cette si belle langue qu’est le français.
La poète et écrivaine Michèle Lalonde s'est éteinte - Radio-Canada.ca
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