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Saturday, July 3, 2021

La parfaite victime : un documentaire qui fait réagir - ICI.Radio-Canada.ca

Un homme vêtu d'une toge met sa main sur la bouche d'une femme comme pour l'empêcher de parler.

L'affiche du documentaire « La parfaite victime », de Monic Néron et Émilie Perreault

Photo : Les Films Séville

Fanny Bourel

Sorti mercredi, le documentaire La parfaite victime, réalisé par les journalistes Monic Néron et Émilie Perreault, est salué par des personnes qui luttent contre la violence sexuelle, mais suscite des critiques au sein du milieu judiciaire.

Dans La parfaite victime, Monic Néron et Émilie Perreault interrogent des victimes, des juges, des criminalistes ainsi que des avocats et des avocates pour comprendre pourquoi les personnes ayant été agressées sexuellement privilégient parfois le tribunal populaire des réseaux sociaux plutôt que la voie judiciaire.

Ce documentaire choc plonge le public dans la réalité vécue par des victimes dont le parcours judiciaire a été suivi pendant trois ans.

Les deux femmes sont assises côte-à-côte et partagent les mêmes écouteurs.

Monic Néron et Émilie Perreault

Photo : Les Films Séville

Un documentaire émouvant

Militante notamment en faveur des victimes de violence sexuelle (Nouvelle fenêtre), Juliette Bélanger-Charpentier est également étudiante en criminologie et en victimologie. Moi-même qui suis la tête là-dedans tous les jours, j’ai été très ébranlée par La parfaite victime, dit-elle. C’est très bouleversant.

Pour elle, le documentaire dépeint bien la réalité, et notamment la difficulté pour les gens ayant été agressés de convaincre la personne procureure afin que leur dossier soit accepté, puis de se voir poser des questions intrusives ou encore des questions qui vont lui laisser penser qu’elle est responsable de ce qui lui est arrivé.

Autant quand on étudie en victimologie que dès les premières minutes du film, on se rend compte que la victime n’est pas au cœur de la procédure judiciaire, explique Juliette Bélanger-Charpentier. Elle est reléguée comme un simple témoin, elle n’a pas d’avocat. Et ses besoins sont plus ou moins pris en compte.

Juliette Bélanger-Charpentier au parc Lafontaine, à Montréal.

La créatrice de contenu et militante Juliette Bélanger-Charpentier.

Photo : Radio-Canada / Catherine Legault

Éveiller les consciences

À ses yeux, la force du documentaire est également de mettre des visages, ceux des victimes, sur des réalités judiciaires pouvant paraître abstraites et de raconter ce que ces personnes ont pu ressentir lors de l’agression ou lors des différentes étapes du processus judiciaire.

Autre qualité de La parfaite victime selon elle : son côté éducatif. Au quotidien, quand j’étudie, je me dis : ce serait pertinent que tout le monde connaisse ces concepts. Là, ils sont présentés de manière très humaine.

Le film permet de comprendre des réalités. Or, quand on reconnaît une réalité, on la valide et on est à même de créer un changement et de s’indigner collectivement

Une citation de :Juliette Bélanger-Charpentier, étudiante en victimologie

La parfaite victime arrive dans les cinémas québécois un an après la vague de dénonciations de l’été dernier. Pendant les grands moments d’éveil collectif, c’est difficile d’entretenir cette énergie, déclare Juliette Bélanger-Charpentier. Je pense que ça va redonner un souffle à ce mouvement pour aboutir à un vrai changement.

La crainte de décourager les victimes de porter plainte

Rachelle Pitre, procureure en chef adjointe au bureau de Montréal du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), s’est montrée beaucoup plus critique en entrevue avec Isabelle Richer au 15-18. On a accepté de participer au film, car on cherchait à comprendre le fait que certaines victimes aient l’impression de devoir être parfaites. Mais après avoir vu le film, on peut se poser la question de savoir si la conclusion du film n’était pas déjà tirée d’avance.

Que des victimes ressentent qu’elles doivent être parfaites, on le comprend, on l’entend. Dire que c’est la police, les procureurs ou les juges qui exigent des victimes [qu’elles soient parfaites], ce n’est pas la réalité vécue dans les salles de la cour.

Une citation de :Rachelle Pitre, procureure en chef adjointe au bureau de Montréal du DPCP

Elle a également tenu à démentir un chiffre cité dans La parfaite victime selon lequel seulement deux plaintes sur 10 soumises au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) sont autorisées. C’est avec stupéfaction que j’ai entendu ça, car ça ne correspond pas à la réalité judiciaire du terrain du district judiciaire de Montréal, a précisé celle qui est d’autant plus surprise de voir ce chiffre avancé qu’il n’existe pas de statistique officielle.

Selon ses propres calculs réalisés pour l’année 2020, ce sont sept plaintes sur 10 transmises par le SPVM au DPCP qui sont autorisées par son équipe et par des procureurs spécialisés en violence sexuelle.

Rachelle Pitre trouve que La parfaite victime pose des questions légitimes et salue le courage des victimes qui s’y expriment.

Cependant, elle craint que ce documentaire trop négatif à ses yeux ne décourage les victimes à déposer une plainte. Est-on parfait? Non. Est-ce qu’il y a des histoires désolantes comme on en a vu dans le film? Oui. Est-ce que notre accompagnement peut être bonifié? Oui. Mais il y a une chose qu’on doit comprendre : si on déserte le système judiciaire, il n’y aura jamais de condamnation.

C’est important de pointer aussi les dénouements heureux, a-t-elle ajouté.

Ébranler les colonnes du temple

Monic Néron défend son film

En présentant lundi soir La parfaite victime, Monic Néron était consciente que son film allait susciter des réactions au sein du système judiciaire.

On ne change pas les choses sans brasser la cage , a-t-elle déclaréen entrevue avec Ariane Cipriani, chroniqueuse culturelle pour l’émission Le 15-18.

Malgré les critiques, elle assume le documentaire qu’elle a coréalisé. Je pense qu’il est très fidèle à la réalité. Tant de gens nous disent : c’est exactement ce qu’on a vécu.

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