Buffy Sainte-Marie, une musicienne connue pour ses décennies d’activisme autochtone, affirme avoir toujours été honnête en disant qu’elle ne connaît pas l’identité de ses parents biologiques, alors qu’un prochain reportage de la CBC devrait remettre en question son ascendance des Premières Nations.
« Je ne sais pas d’où je viens ni qui étaient mes parents biologiques, et je ne le saurai jamais. C’est pourquoi être remise en question de cette manière aujourd’hui est douloureux », a déclaré Mme Sainte-Marie jeudi dans un communiqué.
« À ceux qui remettent en question ma vérité, je le dis avec amour, je sais qui je suis. »
Mme Sainte-Marie, âgée de 82 ans, a déclaré avoir été contactée le mois dernier par CBC et a qualifié leurs allégations concernant son identité de « profondément blessantes ».
L’émission d’enquête de CBC, The Fifth Estate, doit diffuser vendredi un épisode intitulé Making an Icon. La description de l’épisode ne fait pas mention de Mme Sainte-Marie, mais indique que les membres de la famille de l’icône « remettent en question ses prétentions à une ascendance autochtone » et que l’enquête comprend une documentation généalogique et des recherches historiques.
Dans un courriel, Chuck Thompson, le directeur aux Affaires publiques à la CBC, a déclaré jeudi : « Au-delà de ce qui est dans la description du programme, nous n’avons rien d’autre à ajouter. »
Mme Sainte-Marie a également publié une vidéo sur les réseaux sociaux concernant le prochain épisode, affirmant qu’elle partageait son histoire depuis 60 ans. Elle se disait « une fière membre de la communauté autochtone profondément enracinée au Canada. »
« Mais il y a aussi beaucoup de choses que je ne sais pas et sur lesquelles j’ai toujours été honnête. Je ne sais pas d’où je viens, qui sont mes parents biologiques ou comment je me suis retrouvée mésadaptée dans une maison chrétienne blanche typique de la Nouvelle-Angleterre », a-t-elle plaidé dans la vidéo.
« J’ai réalisé il y a des décennies que je n’aurais jamais les réponses. »
Origine crie canadienne
Buffy Sainte-Marie est devenue populaire dans les années 1960 grâce à son chant et à ses compositions.
Elle a utilisé sa renommée pour soulever les questions autochtones à une époque où elles ne recevaient pas beaucoup d’attention. Son premier album, It’s My Way !, contenait plusieurs chansons remarquables, dont Universal Soldier, écrites sur la responsabilité individuelle dans la guerre.
La musicienne est également apparue dans Sesame Street et est considérée comme la première personne autochtone à avoir gagné un Oscar. Elle a remporté le prix de la meilleure chanson originale en 1982 pour avoir coécrit Up Where We Belong, la chanson du film américain Officier et gentleman.
Parmi ses autres distinctions, on compte un Gemini, un Golden Globe et le Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle. Elle a également été nommée au Panthéon de la musique canadienne en 1995.
Mme Sainte-Marie a parlé à plusieurs reprises de son adoption, affirmant qu’elle appartenait aux Premières Nations du Canada, mais qu’elle avait été élevée par Albert et Winifred Sainte-Marie, cette dernière s’identifiant comme faisant partie des Micmacs, dans le Massachusetts.
Sa biographie autorisée de 2018 indique qu’il n’y a aucune trace officielle de sa naissance. On y dit qu’elle est probablement née crie dans la Première Nation Piapot, dans la vallée de la Qu’Appelle, en Saskatchewan, au début des années 1940. Nommée Beverly, elle était surnommée Buffy au secondaire.
« Être née crie dans les années 1940 au Canada, c’était être une personne qui ne compte pas toujours, du moins pas de manière formelle et légale, indique la biographie. Les actes de naissance de l’époque, particulièrement dans les réserves, étaient irréguliers, et d’innombrables rapports font état de pertes ou de destructions d’actes. »
La biographie soutient que Mme Sainte-Marie a été adoptée pour des raisons qui restent nébuleuses.
L’ancienne avocate de la musicienne, Delia Opekokew, a été chargée d’approfondir l’identité autochtone de Mme Sainte-Marie.
Mme Opekokew a déclaré dans un affidavit qu’elle avait mené des entretiens avec des membres des Premières Nations de la région à l’époque, notamment Noel Starblanket, ancien chef de la Fraternité des Indiens du Canada, ce qui correspond aujourd’hui à l’Assemblée des Premières Nations (APN).
M. Starblanket a partagé une histoire orale disant que la famille avait expliqué que Mme Sainte-Marie était née au nord de Piapot d’une femme célibataire « qui ne pouvait pas s’occuper d’elle », puis avait donné le bébé à une famille américaine qui se trouvait dans la région, selon l’affidavit.
Chercher des réponses
Mme Sainte-Marie a déclaré jeudi que la mère avec laquelle elle avait grandi, Winifred Sainte-Marie, lui avait dit qu’elle avait été adoptée et qu’elle était peut-être née « du mauvais côté de la couverture », c’est-à-dire née hors mariage.
Les récits de sa vie montrent que Mme Sainte-Marie a cherché des réponses sur sa famille biologique au début de sa carrière, ce qui l’a conduite à un couple de la Saskatchewan — Emile Piapot, petit-fils de celui qui était alors chef de la réserve Piapot, et Clara Starblanket, fille du chef de la réserve de File Hills.
La biographie mentionne que le couple « aurait eu une fille retirée de la réserve à l’époque de la naissance de Mme Sainte-Marie ». D’autres passages soutiennent que le couple a eu d’autres enfants qui sont décédés. Mme Sainte-Marie a été adoptée à l’âge adulte vers 1964 selon les traditions cries dans la famille Piapot.
« Mais nous n’avons jamais su si j’étais un parent [biologique] ou non », souligne Mme Sainte-Marie dans le livre.
La musicienne, qui a annoncé qu’elle se retirait des concerts plus tôt cette année, a évoqué sa relation avec Piapot dans un balado plus tôt ce mois-ci, qualifiant certaines parties de l’histoire de légende urbaine.
Tout au long de sa carrière, des histoires contradictoires sur son adoption ont été publiées. Certains disent qu’elle était un bébé, d’autres qu’elle avait deux ou trois ans lorsqu’elle a été emmenée par la famille américaine. Certains racontent que ses parents biologiques sont morts et que sa mère a été tuée dans un accident de voiture.
« J’ai été adopté par la famille Piapot, et non par la réserve Piapot. Cela fait une grosse différence. »
La famille Piapot a déclaré dans un communiqué que les allégations contre Mme Sainte-Marie sont « blessantes, ignorantes, coloniales – et racistes ». Elle fait valoir que la chanteuse a été adoptée dans la tradition.
« Nous la revendiquons comme membre de notre famille et tous les membres de notre famille sont issus de la Première Nation Piapot. Pour nous, cela a bien plus de poids que n’importe quel document papier ou enregistrement colonial », a déclaré la famille.
CBC a signalé de nombreuses personnalités qui ont affirmé être autochtones, notamment la célèbre réalisatrice Michelle Latimer, l’ancienne juge Mary Ellen Turpel-Lafond et l’ancienne professeure de l’Université de la Saskatchewan Carrie Bourassa.
— Avec des informations de David Friend.
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Buffy Sainte-Marie se dit blessée par les questions sur son identité autochtone - Le Devoir
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