Pour elles, le déclic s’est fait en 2019, dans la foulée de l’adaptation québécoise de la série Brooklyn Nine-Nine, Escouade 99, sur laquelle Patrick Huard, le conjoint d’Anik, agissait comme réalisateur. L’amoureux de Léane, Mickaël Gouin, était aussi de la partie et avait déjà collaboré avec Huard, notamment dans le film Starbuck.
En gros, « ç'a été un coup de foudre de couples », résume Anik Jean, qui se vante du même souffle d’avoir trouvé pour Léane un rôle dans ladite série.
« Quand Patrick m’a parlé de ce personnage, j’ai dit : “c’est Léane, c’est elle qu’il faut avoir!” Et il l’a choisie, parce qu’il m’écoute, mon mari! » lance-t-elle à la blague.
On a d’abord connu Anik Jean comme autrice-compositrice-interprète. Mais ça fait un moment qu’elle rêve de cinéma. Elle cite des réalisateurs comme Robin Aubert ou Francis Leclerc, avec qui elle a travaillé sur des vidéoclips, et de qui elle a appris et s’est inspirée.
Ajoutons un directeur photo, Steve Asselin, qu’elle a rencontré sous son chapeau de musicienne, et qu’elle est allée chercher pour ses débuts au grand écran.
« Ça fait longtemps que j’ai ce désir-là, confie-t-elle. Quand je faisais des vidéoclips, c’était toujours des courts métrages. Je m’amusais là-dedans, je jouais. Je voulais le moins possible me voir avec une guitare », décrit Anik Jean.
La réalisatrice cite une « grande amitié » qui s’est développée avec son interprète principale et son conjoint, notamment durant la pandémie, où ils se sont côtoyés en Gaspésie. Elle mentionne une « relation très familiale » qui a alimenté sa confiance au moment de se lancer au grand écran.
« J’étais tombée en amour sur son jeu dans Le rire [de Martin Laroche (2020)]. J’ai vu que ce n’était pas juste la fille drôle et attachante qu’on voit tout le temps. J’ai vu qu’elle pouvait aller dans un vaste registre de jeu », relate Anik Jean.
« J’ai eu envie que les gens voient l’actrice que j’avais vue », ajoute-t-elle.
« De participer à l’émancipation de la cinéaste et de la fille passionnée de cinéma, qui travaille sur ce rêve depuis longtemps, c’est vraiment tripant du point de vue de l’amitié », exprime de son côté Léane Labrèche-Dor.
Des hommes de cœur
Le film Les hommes de ma mère convie le spectateur dans un deuil plutôt inusité. Elsie (Léane Labrèche-Dor) vient de perdre sa mère (Anne-Marie Cadieux), qui a succombé à un cancer.
L’excentrique (et irrésistible) maman laisse un legs peu commun à sa fille, jeune adulte un brin troublée : retrouver la trace de ses ex-maris.
Parmi eux, un père absent (Patrick Huard) et quelques beaux-pères fort différents (Marc Messier, Colm Feore, Benoît Gouin), mais bienveillants chacun à leur façon.
« C’est un film sur les erreurs, sur comment on se sort de ça, explique Léane Labrèche-Dor. Est-ce qu’on pardonne? Est-ce qu’on s’excuse? Est-ce qu’on veut que les autres s’excusent? Même si on n’a pas vécu cette situation d’avoir cinq beaux-pères, je pense que n’importe qui peut se retrouver là-dedans, parce qu’il y a tellement de pluralité et de relations. »
L’aventure prend d’abord des airs de cadeau empoisonné… puis de cadeau tout court, évoque l’actrice.
« Ça va l’aider à sortir de son deuil et d’une sorte d’adulescence, même si je n’apprécie pas trop ce mot-là, ajoute-t-elle. C’est une lettre d’amour aux hommes qui ont du cœur. Ce n’est pas un modèle qu’on montre beaucoup en ce moment… »
Trois femmes pour une Elsie
Ce premier long métrage, Anik Jean l’a mûri pendant cinq ans. La réalisatrice raconte avoir été happée par le scénario de Maryse Latendresse, très personnel à bien des égards.
La cinéaste a perdu son père au fil du projet, qu’elle considère comme un réel changement de carrière.
L’amie Léane a été témoin de cette période difficile. L’actrice aussi avait du vécu pour nourrir l’histoire, elle qui a été confrontée au deuil de sa mère, emportée par le cancer.
« Quand le personnage d’Elsie est arrivé, j’ai vu dans cette petite fille-là : Maryse qui l’a écrit, Anik qui venait de perdre son père et un peu Léane. On a tricoté avec ces trois énergies quelque chose qui est devenu Elsie », note Léane Labrèche-Dor.
Un amalgame qui s’est exprimé jusque dans certains détails visuels : l’actrice a demandé à l’équipe de maquillage d’avoir de faux tatouages aux doigts, comme les vrais que porte la réalisatrice.
« J’ai été très touchée, confie Anik Jean. Léane, elle pense à ces choses-là... »
Les hommes de ma mère sera présenté au cinéma dès le 4 août.
Le coup de foudre d'Anik Jean et Léane Labrèche-Dor - Le Soleil
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