Il y a cinq ans, lorsqu’Alex Nevsky a accueilli sa fille, Claire, il ignorait que son amour pour elle allait le happer comme une vague de fond. Non seulement la paternité l’a bonifié, mais elle l’invite à déguster chaque instant. Son nouvel album, Même l’impossible fleurit, est inspiré de cet amour qui le transporte, le transforme et l’élève.
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Alex, quelle est la genèse de cet album instrumental?
C’est un rêve que je caresse depuis longtemps. J’avais fait une liste de souhaits quand j’étais à l’École nationale de la chanson en 2006, et j’avais écrit: «Faire un album instrumental.» Depuis mes débuts, je voulais le faire, mais je n’avais tout simplement pas assez de talent au piano. Quand j’ai commencé à l’École nationale, je ne savais même pas jouer de cet instrument... Je m’y suis mis en 2006. J’ai composé plein de débuts de chansons que je ne prenais jamais le temps de terminer, car la carrière de chansons populaires allait vraiment bien.
Par la force des choses, c’est là que vous investissiez toute votre énergie?
Oui, mais avant la pandémie, après la sortie de Chemin sauvage, je suis entré en studio pour enregistrer une première version d’un disque instrumental qui n’est pas sorti. Durant la pandémie, comme tout le monde, j’ai eu une longue pause. Ma reconnexion avec la nature m’a poussé à revisiter les pièces que j’avais commencées. J’ai passé tellement de temps dehors qu’à mes retours d’une marche dans le bois ou au jardin, j’avais beaucoup d’inspiration. J’ai senti que je touchais à ce dont je rêvais depuis longtemps. L’album est apparu avec le besoin que la musique soit associée à la nature, car c’est elle qui m’a inspiré. L’émerveillement, pour moi, c’était d’apprendre à nommer les choses: les fleurs, les arbres, les oiseaux. La musique instrumentale en est une de contemplation. Quand on l’écoute, on a encore plus envie de rêver sa vie.
Le titre de votre album, Même l’impossible fleurit, est rempli d’espoir et rappelle la fleur qui perce le béton...
Ça parle de ma tête, de mon cœur. Parfois, on ne voit pas beaucoup de lumière, on ne ressent pas beaucoup de positif. Cet album est un cadeau que je me suis fait après la tourmente. C’était une façon de me dire que je me faisais assez confiance pour me lancer dans le vide. Se faire confiance, c’est aussi une manière de se dire «Je t’aime», de ne pas avoir peur de ce que les autres vont dire, d’être en phase avec nos rêves les plus profonds. Malgré les peurs, les doutes, ce que les gens pourraient dire, je me suis fait ce cadeau. Le titre est venu quand je me suis permis d’y croire. Même si ce n’est pas un succès, cette musique me soulève, me rend heureux, me redonne foi en mon pouvoir créatif.
Il marque une belle évolution pour vous.
Il y a deux ans, ce chemin me semblait impossible. Je pensais arrêter la musique. Je pensais tout arrêter. Finalement, la musique est plus forte que les doutes. C’est un grand cadeau. C’est le poète Rûmi qui disait, et ç’a été repris par Cohen par la suite: «Il y a une faille dans toute chose, et c’est par là qu’entre la lumière.»
Vous auriez composé la première pièce à la suite de la naissance de votre fille. Claire a été votre grande inspiration?
Oui, la pièce Poem est montée quelques jours après sa naissance. Claire était miniature. Je n’avais pas com- posé depuis un moment. J’étais à sec. Puis cette mélodie est apparue. Le texte que je ne réussissais pas à écrire, j’étais en train de le jouer. C’est ma favorite parmi toutes celles que j’ai composées. Elle est née d’un souffle, d’un débordement d’amour, même si on ressent une pointe de mélancolie. C’est plein de sentiments mêlés. C’est connecté à la beauté de la nais- sance. C’est beaucoup d’émotions. Au début, on ne dort pas du tout, tout est sens dessus dessous. C’est un polaroïd de cet instant, quand un nouvel humain habite notre maison.
Cet album témoigne donc de la douceur et de la beauté qu’il y a dans votre vie?
Absolument. C’est un disque qui a été créé dans mon contact répété avec la nature, avec l’amour. Le but, c’était de partager de la douceur. Quand j’ai vu le potentiel de guérison et de beauté, j’ai pu l’offrir aux gens par la suite. J’ai laissé de la place à ce qui est important pour moi. Même s’il y a plus de temps libre, le temps me semble plus rempli. Ce n’est pas qu’un agenda avec des taches, mais une vie qui a envie d’être vécue dans la présence. Chaque jour, je dis à Claire comme je suis chanceux de l’avoir dans ma vie. Tous les jours, je ressens cette émotion.
Quelle chance pour une enfant de se sentir autant aimée!
J’ai reçu autant d’amour, alors je pense que c’est facile d’en donner.
Votre vie de père vous aurait-elle amené à vous poser différemment?
Tout à fait. Devenir père, ça relativise tout, ça remet tout en question. Pour la première fois, je suis conscient que les jours passent et ne reviennent plus. J’ai l’obligation de réaliser que ce qui était magnifique aujourd’hui est passé, même si ce sera encore magnifique demain. Il faut saisir l’instant.
Vous lui offrez une enfance idéale, dans la nature, et surtout, vous lui offrez du temps.
Oui, nous sommes très relaxes, Van et moi. Nous prenons le temps. Nous sommes très slow living. Souvent, le week-end, nous offrons à Claire de faire différents trucs et elle nous dit qu’elle a plutôt envie de rester tranquille à la maison... Nous marchons dans le bois, elle ramasse des roches, qu’elle casse pour en faire de la poussière. Elle fabrique des potions à partir de fleurs, de feuilles, d’écorces qu’elle met en pot. Pour certains, cette vie ne convient pas du tout, mais c’est celle que nous aimons. Pour nous, c’est extrêmement nourrissant.
Le retour à la vie publique a-t-il marqué une rupture de rythme
En avril, j’ai accordé 80 entrevues, j’ai fait des télés. Le mur de feu a été franchi. C’était nécessaire. Je suis profondément en paix avec tout ça. Ç’a été beau et difficile, car ça m’a demandé beaucoup d’énergie. J’ai réalisé par la suite à quel point cette intériorité en avait pris un coup. Je recommence à remplir mon petit seau de respirations, de présence. Mais c’est tellement beau! Avec chaque personne que je croise, j’ai de beaux échanges. Les gens sont doux, nous sommes dans le présent. C’est là où je suis et c’est aussi là que sont les gens qui m’abordent. La vie est douce. Je suis vraiment heureux de revenir.
Comme vous serez sur scène cet automne, vous vous sentez fin prêt pour cette période qui s’annonce chargée?
Oui, car ça sera à échelle humaine. Ce sera un spectacle intime dans de petites salles, car je compte me livrer davantage. Je ne me suis jamais vraiment livré sur scène. Pour ce spectacle, j’ai envie d’être plus vrai. Il faut enlever des couches. Je veux en arriver à être vulnérable sur scène. Ça sera mon défi pour cette tournée. Je ne veux pas que cabotiner, car c’est dans le cabotinage que je me réfugie souvent quand je suis stressé. Ça fonctionne, mais je suis en besoin de grande connexion humaine plus profonde, et ça commence avec moi.
Alex Nevsky nous présente son album instrumental Même l’impossible fleurit. On peut écouter le premier extrait, Poem, sur YouTube. L’auteur-compositeur-interprète sera en spectacle dès l’automne. On s’informe au alexnevsky.ca.
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