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Saturday, June 17, 2023

Michel Désautels tire sa révérence après 50 ans de radio - Radio-Canada.ca

L'animateur et journaliste Michel Désautels part à la retraite après une longue carrière à Radio-Canada.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Après 50 ans à accompagner l’auditoire de Radio-Canada, Michel Désautels déposera son micro dimanche, après la dernière émission de Désaultels le dimanche. Le vétéran des ondes affirme n’être jamais entré au bureau à reculons. Il en sort maintenant avec le sentiment du devoir accompli… et un inévitable coup de blues.

À 72 ans, l’animateur le sait trop bien : dans le monde des médias, on ne choisit pas toujours sa porte de sortie. Il s’offre donc un départ dans la grâce et accroche ses patins alors que son rendez-vous hebdomadaire est au sommet de sa popularité.

J’ai la chance de prendre cette décision-là, analyse-t-il avec le ton posé qu’on lui connaît.

Dimanche, Michel Désautels prendra place à la table de Désautels le dimanche comme chaque semaine depuis 2013. Avant de lancer l’entraînante chanson-thème de l’émission, il livrera son ultime billet d’humeur; un segment de trois minutes durant lequel il se permet d’aborder une question plus personnelle, sans musique et sans préparation, ou presque.

Ça donne une couleur à l’émission. Et je pense que les gens, avec le temps, se sont habitués à ma couleur, dit l’animateur chevronné. Sinon, l’auditoire n’a d’autre choix que de la tolérer, car le segment en question précède le menu de Désautels le dimanche, ajoute-t-il avec humour.

Michel Désautels à ses débuts à Radio-Canada en 1972.

Photo : Radio-Canada / Robert C. Ragsdale

Michel Désautels sait jouer à l’équilibriste. Au fil de sa carrière, il s’est bâti une réputation de journaliste rigoureux et crédible, doté d’une grande maîtrise de la langue française.

Mais l’animateur se refuse rarement une plaisanterie ou un trait d’esprit bien placé. L’actualité est déjà assez lourde, estime-t-il. Si l’on prend toujours un ton mortuaire pour l’aborder, ça devient vite insupportable.

Michel Désautels sait jongler, aussi. Dans une même émission, il enchaîne les discussions pointues sur de vastes questions de société qui concernent aussi bien le Canada que d'autres pays. Et malgré l’ampleur de la tâche, l’animateur refuse obstinément de préparer les questions de ses entrevues, préférant laisser libre cours aux discussions.

« La préparation est très importante. Il faut avoir lu, assimilé, compris, et savoir où l’on s’en va. Mais pour le reste, il faut laisser toute la place à l’improvisation. »

— Une citation de  Michel Désautels

Laisser place à l’improvisation, oui, mais aussi à la curiosité. Au cours de sa carrière, Michel Désautels a touché à tous les sujets ou presque, de l’émission d'affaires publiques Le point à sa quotidienne radiophonique Montréal-Express, en passant par l’animation de différentes moutures de La course destination monde.

Avec Désautels le dimanche, l’animateur a donc fait de sa dernière locomotive un véhicule tout-terrain. Pas mal tout m’intéresse. Je me méfie beaucoup des gens qui ont des intérêts uniques, dit-il.

Michel Désautels discute avec l'activiste sénégalais Cheikh Fall dans un café de Dakar en 2018.

Photo : Babacar Mbaye/RTS Dakar

La radio dans le sang

D'aussi loin qu’il s’en souvienne, Michel Désautels a toujours rêvé de faire de la radio.

Dans les années 1960, alors que le public le découvre à la télévision comme enfant acteur dans les fictions Rue de l’Anse, La première légion ou encore Les enquêtes Jobidon, le jeune homme a déjà l’habitude de se balader avec un minitransistor portatif, ce qui lui permet d’écouter la radio à longueur de journée.

C’est finalement une rencontre avec Pierre Pascau, alors animateur vedette à la station CKAC, qui cristallise son désir de faire de l’information son métier.

Grâce aux efforts d’un professeur de son école secondaire, le jeune Michel Désautels participe à une table ronde étudiante avec la star des ondes. Après l’exercice, il se souvient que Pierre Pascau l’a pris à l’écart pour l’encourager à poursuivre une carrière de journaliste.

J’avais 13 ou 14 ans, et ça m’a donné un coup de fouet, raconte-t-il. Chaque année où je passais de justesse à l’école, parce que j’étais distrait par trop d’autres choses, comme du cinéma amateur, du théâtre amateur et le journal de l’école [...], je me disais : si jamais j’échoue, il me restera toujours la radio. Et finalement, c’est ça qui est arrivé. Ou presque. Michel Désautels n’a jamais terminé ses études collégiales.

La dernière chronique de Michel Désautels à Tout un matin

ÉMISSION ICI PREMIÈRE • Tout un matin

Quand on lui parle de son amour de la langue française, une de ses marques de commerce – il a reçu le prix Raymond-Charette en 2004 pour sa contribution à la diffusion d’un français de qualité –, l’animateur à la voix profonde plonge à nouveau dans ses souvenirs.

« Un des rêves de ma mère était que ses enfants parlent mieux qu’elle. C’était présent tout le temps. C’était une chose à laquelle elle tenait beaucoup. Et donc, elle nous corrigeait. »

— Une citation de  Michel Désautels

Alors qu’il était haut comme trois pommes, Michel Désautels aurait tenté, paraît-il, de rendre la pareille à une dame lors d’un trajet de tramway. On ne dit pas tramway [tra-moué], Madame, mais tramoi [tra-moi], avait-il maladroitement répondu à la malheureuse, qui tentait de lui faire la conversation.

Évidemment, je n’ai aucun souvenir de ça, mais ma mère me l’a raconté, et l’a raconté ad nauseam à tout le monde, précise-t-il, amusé.

Michel Désautels lors de la couverture des élections fédérales du 18 janvier 1980.

Photo : Radio-Canada / Guy Dubois

Les débuts de Michel Désautels

Michel Désautels obtient son premier micro à Radio-Canada à Toronto dans la jeune vingtaine, au début des années 1970, après un bref passage à Timmins, dans le nord de l’Ontario.

Après quelques années, il quitte la Ville Reine pour devenir le pilote d’émissions de radio spéciales diffusées d’un peu partout au pays jusque dans les années 1980, une période excitante qui lui permet de faire ses classes et de confirmer son intérêt pour l’information et le direct.

L’animateur renoue aussi avec la télé à quelques reprises. Au début des années 1980, le journaliste en pleine ascension rejoint l’émission d’affaires publiques Le point, avec Gil Courtemanche, Daniel Pinard et Jean-François Lépine, et devient le bébé de l’équipe.

Puis, à la fin des années 1980, il prend la barre de La course destination monde durant trois saisons, une émission de Radio-Canada qui a propulsé la carrière de plusieurs jeunes talents du cinéma, dont Denis Villeneuve.

Il y avait déjà plusieurs des qualités qu’on retrouve dans son cinéma qui étaient là, qui étaient évidentes, se souvient Michel Désautels au sujet réalisateur québécois. C’était maladroit, un peu carabin, naïf, mais en même temps, il avait une belle sensibilité, un sens de l’image et une culture du cinéma déjà très évidente.

À la même époque, Michel Désautels dévoile son côté givré avec le talk-show Studio libre, une émission de fin de soirée enregistrée la journée même, dans laquelle musique, variétés et sujets sérieux se côtoyaient. L’animateur raconte avoir vécu des hauts et des bas au gouvernail de l’émission.

Il raconte avoir rassemblé Pierre Huet (magazine Croc, Beau Dommage) et Clémence DesRochers, notamment, pour une émission spéciale célébrant l’illustratrice française Claire Bretécher (Agrippine). Mais à l’enregistrement, il s’est heurté à une invitée d’honneur difficile.

On lui avait organisé une fête, et pour une raison que j’ignore, Mme Bretécher avait été in-sup-por-table. Elle refusait de répondre aux questions et avait l’air de quelqu’un à qui l’on avait annoncé que son poisson rouge était mort. [...] C’était une catastrophe.

Michel Désautels en a tiré une précieuse leçon : ne jamais consacrer une heure de télévision à une seule personne sans avoir de plan B. Peu après, il a donc embauché un joueur de cornemuse, avec lequel il a enregistré un interminable segment de musique.

« On a enregistré ça en se disant que si jamais un invité nous faisait suer, on allait le remercier, puis faire jouer l’enregistrement de cornemuse pendant 15 minutes. »

— Une citation de  Michel Désautels

Heureusement – ou malheureusement? –, l’animateur n’a jamais eu à mettre en ondes la prestation musicale.

Jean Paul Riopelle et Michel Désautels en entrevue sur le terrain du Manoir MacPherson-Le Moine, à l'Île-aux-Grues, en 1996.

Photo : Jérôme Labrecque

Du micro à la plume

Malgré ses explorations télévisuelles, Michel Désautels est toujours demeuré fidèle à la radio, qu’il estime être le canal le plus direct de tous. Il garde un excellent souvenir de ses années au micro d’émissions quotidiennes, comme Montréal-Express (années 1980) et Désautels (années 2000).

C’était fabuleux, car c’est là que la complicité avec l’auditoire et la convention de confiance s’établissent. Ce sont des couches de mille-feuilles qui se posent chaque jour. Nos mots, nos entrevues disparaissent, mais il reste quelque chose. Un petit feeling et dans le meilleur des cas, un peu de confiance.

C’est d’ailleurs ce qu’il retient des messages qu’il a reçus après l’annonce de son départ à la retraite : l’impression d’être devenu, en quelque sorte, un point de repère dans le quotidien de ses auditeurs et auditrices. Les gens ont été extrêmement gentils. Si j'avais toutes les qualités qu’ils m'attribuent, ce serait quelque chose, dit-il en éclatant d’un rire franc.

Si Michel Désautels accroche aujourd’hui son micro, c’est pour mieux reprendre la plume. L’animateur a déjà publié trois livres, dont le roman Smiley, inspiré d’un voyage à Atlanta pour la couverture des Jeux olympiques en 1996, qui lui a valu le prix Robert-Cliche en 1998.

Je n’ai aucun projet de retraite, si ce n’est celui-là. Au cours des nombreuses dernières années, j’ai toujours eu le bon prétexte de ne pas avoir de temps. Car écrire prend du temps. Il faut s’y atteler quand on veut pondre quelque chose. Et j’ai très envie de le faire.

Après le journalisme, Michel Désautels souhaite renouer avec l'écriture.

Photo : Radio-Canada / Étienne Côté-Paluck

La dernière émission de Désautels le dimanche sera diffusée devant public dimanche, de 10 h à 12 h, à la Nouvelle Maison de Radio-Canada. Des prestations musicales et plusieurs surprises sont prévues pour l’occasion.

Au mois d’août, c’est Janic Tremblay, qu’on peut entendre depuis plusieurs années comme reporter à Désautels le dimanche, qui reprendra le créneau de Michel Désautels. Il sera à la barre d’un nouveau magazine qui fera lui aussi la part belle à l’actualité internationale.

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