Les engagements de Karine Vanasse lui permettent parfois de joindre l’utile à l’agréable. En Belgique pour le tournage d’une série, l’actrice a pu faire découvrir le pays des Flamands à son fiston. Mais le projet qu’elle porte actuellement dans son coeur, c’est L’ombre des corbeaux, un film sur le racisme et les sévices sexuels dont ont été victimes les autochtones dans les pensionnats canadiens. En incarnant la cruelle soeur Ruth, elle dévoile une autre facette de son jeu et nous permet d’entrevoir que, plus souvent qu’à son tour, le bourreau est aussi une victime.
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Karine, comment t’es-tu sentie à l’idée de faire partie de L’ombre des corbeaux, un long métrage qui met en images une partie des sévices subis par les autochtones dans les pensionnats du pays?
C’est une histoire tellement importante que j’ai tout de suite voulu faire partie de ce projet. J’ai ressenti une grande émotion lorsque j’ai reçu cette proposition. Je voulais en être. Puis, en visionnant le film, j’ai réalisé que cette histoire devient magnifique au cinéma, car on y voit la culture autochtone. J’ai vu toute la richesse de ce que nous avons nous-mêmes perdu en mettant les autochtones de côté et, par le fait même, en nous coupant de leur culture. Rémy (Girard) et moi représentons les religieux dans les pensionnats autochtones. Nous tenons des rôles de méchants, mais il faut bien que quelqu’un les incarne. Même si c’est laid, il fallait montrer cette laideur. On suit le processus, la résilience du personnage principal, Aline Spears, à travers les années. C’est extrêmement touchant.
Le film nous permet de mettre en images plusieurs des histoires dont on a entendu parler au cours des dernières années.
Oui, c’est comme si on rassemblait toutes les petites bribes d’histoire de la réalité autochtone: les femmes disparues auxquelles on n’a pas porté attention, celles qui vivent dans la rue, etc. Le film nous permet de rassembler toutes ces informations de la réalité canadienne et de comprendre à quel point ce qu’ils ont subi est horrible et honteux. On comprend aussi à quel point ils ont été forts et combien ils continuent de l’être pour en arriver à surmonter tout cela, à transformer cette situation. J’avais envie de faire partie de cette transformation. Comme Canadienne, mais aussi comme humaine.
Parce que le cinéma sert aussi à nommer les choses?
Oui, et voir cette réalité à l’écran donne une autre dimension à cette réalité. À la fin, on reste sur ses émotions. On ressort du film fier d’avoir accordé du temps à cette histoire. Parfois, on peut se sentir démuni et se demander, à titre de non-autochtone, ce qu’on peut faire. Je crois qu’il faut s’informer. Au départ, je me suis moi-même jugée de ne pas mieux connaître leur histoire. Il faut commencer quelque part.
La compassion n’est-elle pas un point de départ?
Oui, mais pour avoir de la compassion, il faut comprendre, il faut savoir par quoi l’autre est passé. C’est pour cette raison que ce film est utile.
Avec sœur Ruth, on te voit tenir un personnage atypique, différent de ceux que tu as tenus durant ta carrière. Tu campes une vraie méchante!
En même temps, je trouvais que ce personnage était beau. On la voit portée par des principes qu’elle tente d’incarner dans sa vie. La réalisatrice, Marie Clements, me disait qu’elle avait fait des recherches sur la réalité des religieuses. Elles ont elles-mêmes vécu des avortements, car elles subissaient des sévices de la part des prêtres, entre autres. La plupart de ces femmes se faisaient elles-mêmes agresser par d’autres membres des communautés.
Quand on porte une blessure qui n’est pas soignée, on est peut-être condamné à la répéter.
Effectivement. Mon personnage finit par reconnaître qu’elle a commis l’horreur. C’est difficile de l’admettre, et c’est pour cette raison qu’on peut rester longtemps dans le déni. Reconnaître qu’on s’est trompé et qu’on a fait vivre l’enfer à d’autres personnes, c’est un pas difficile à franchir. Même en tant que société. Pour être capable de faire un pas vers la douleur de l’autre, il faut reconnaître qu’on y a contribué. Pour toutes ces raisons, je trouve ça beau, ce que mon personnage représente dans l’histoire. Nous avons tourné à Kamloops, dans le pensionnat où les corps des enfants ont été trouvés. Le courage qui émanait de la réalisatrice se transmettait à tous les membres de l’équipe. Nous ne pouvions pas ne pas être courageux.
Y a-t-il d’autres projets au programme?
Oui, nous avons commencé à tourner Avant le crash II. Le film Ru, adapté du livre de Kim Thúy, sortira bientôt. Ces dernières semaines, j’ai aussi tourné une série en Belgique. Ça n’a pas été annoncé officiellement, mais c’est une série pour Prime Video. Je suis allée tourner dans la Région flamande de Belgique. Je trouve ça extraordinaire de se retrouver avec plein de gens de partout dans le monde pour raconter une histoire. Être sur un plateau avec des gens qui ont une culture différente, un bagage différent et essayer de trouver un langage commun pour raconter une histoire, ça me réjouit beaucoup.
As-tu parfois de la difficulté à quitter ton quotidien pour le travail? Est-ce douloureux par moments?
Non, parce que les choses s’organisent bien. Je fais des choix, évidemment, mais quand ça se place bien dans l’horaire, c’est parfait. Pour le tournage en Belgique, mon fils est venu avec moi pendant une certaine période. C’était beau de vivre ça avec lui. J’étais bien reconnaissante et émue de pouvoir le faire.
C’est aussi une belle opportunité pour ton fils?
Oui. Quand je travaille ici, comme pour tous les parents, il ne vient pas avec moi au travail, mais qu’il ait la chance de vivre ces voyages à l’extérieur du pays et qu’il soit exposé à différentes cultures, je trouve ça beau.
Auras-tu du temps pour toi cet été?
Je tournerai Avant le crash une bonne partie de l’été. Je prendrai du temps avec mon petit garçon, dans mon coin. Je suis tellement bien, en Estrie! J’aurai aussi des vacances au programme.
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