Parfois, un chroniqueur doit se sacrifier pour le bien de la collectivité, prendre une balle pour protéger les troupes ou encaisser une baffe pour empêcher les plus faibles de tomber au combat.
Alors, c’est fait, les amis. Je suis monté au front pour vous éviter une attaque sournoise de guimauve saccharinée et de sentiments dégoulinants. Cette semaine, j’ai engouffré trois des cinq films les plus populaires de Netflix, qui sont des téléfilms de Noël tout neufs mettant en vedette des acteurs hollywoodiens déchus (on ne s’en sort pas), des protagonistes veufs et hyper émotifs la veille du 25 décembre (classique), de même que des grands-mamans trop impliquées dans l’univers émotif de leurs petits-enfants orphelins (bien sûr).
Il s’agit de Noël tombe à pic (Falling for Christmas) avec Lindsay Lohan, Le journal de Noëlle (The Noel Diary) avec Justin Hartley, alias le jumeau Kevin dans This Is Us, ainsi qu’Un Noël ensemble (Christmas With You) qui ramène sous les projecteurs Freddie Prinze Jr, ancienne coqueluche de films d’ados comme Elle a tout pour elle et Le pacte du silence.
Cette mission périlleuse a été jalonnée de chandails funnés qui s’allument dans le noir, de gobelets de café Starbucks toujours vides et de terribles tempêtes de neige qui enferment les personnages à l’intérieur de leurs maisons, super décorées, pendant trois jours.
Ce type de production populaire nécessite cependant une approche critique différente, adaptée au genre. Dans ce monde fromagé, extra gratiné, on ne parle plus de « bon film » ou « d’excellent film », mais plutôt du « meilleur mauvais film ». La nuance est importante.
Car on assume à 100 % que ces bluettes cheapettes ne se faufileront pas aux Oscars, voyons. On espère simplement passer 90 minutes le cerveau en jello, les pieds sur le pouf, c’est tout.
Des trois téléfilms cités précédemment, celui de Lindsay Lohan, Noël tombe à pic, s’avère le moins dommageable et le plus sympathique, disons les choses poliment. Son titre résume à lui seul toute l’intrigue. Lindsay Lohan y incarne la riche héritière d’une chaîne d’hôtels (tiens, tiens), une influenceuse gâtée pourrie, égoïste et matérialiste au max. Au sommet d’une luxueuse montagne de type Tremblant qui appartient à son magnat de papa, la Paris Hilton de l’Utah fait une chute en ski (Noël tombe vraiment à pic !), elle dévale une pente à vive allure, se cogne la tête sur un arbre et atterrit, ça ne se peut juste pas, sur le sentier d’un charmant hôtel familial de type bois rond et mobilier colonial.
Mais voilà, notre aristocrate urbaine qui s’habille comme une boule de Noël a perdu la mémoire depuis son accident et personne ne part à sa recherche, oups. Lindsay Lohan, qui traverse le film sur le pilote automatique, s’installe donc au sympathique lodge, qui appartient à un séduisant veuf au bord de la faillite.
Ajout important : la fillette très allumée du propriétaire au bord de la faillite espère tellement que son papa ouvre son cœur à l’amour (insérez ici du piano triste), ce qu’il n’a pas fait depuis la mort tragique de sa femme, nous rappelle-t-on 52 fois. Sortez le gui, les grelots et, ta-dam, c’est la magie de Naël, pour paraphraser Criquette Rockwell.
Un Noël ensemble (Christmas With You), au deuxième rang des moins ratés des trois téléfilms de Netflix, se veut un conte urbain, qui débute dans le magnifique penthouse new-yorkais d’une popstar mexicano-américaine. Notre chanteuse latina file un coton de très mauvaise qualité. Genre, du polyester. Son copain, vedette d’une télénovela, est con comme un balai. Et sa maison de disques menace de la larguer si elle ne compose pas le prochain All I Want For Christmas Is You en trois jours. Dios mio !
Dans un revirement aussi improbable qu’impossible, la popstar bilingue cogne à la porte d’une jeune admiratrice de 14 ans qui habite en banlieue de New York et dont le papa (c’est Freddie Prinze Jr !) enseigne la musique à la polyvalente locale. Entendez-vous la belle musique que ces inconnus fabriqueront ensemble en portant des bas de pyjama rouge et blanc ?
Même en baissant les attentes au deuxième sous-sol de la bonne foi, Le journal de Noëlle (The Noel Diary) est pénible à regarder. Voici quand même Jake Turner (Justin Hartley, qui joue toujours le même rôle), un célèbre écrivain de la grande ville qui a choisi le célibat, oui, oui, alors que toutes ses lectrices en pincent pour lui. Quelques jours avant Noël, Jake le romancier solitaire retourne dans sa ville natale de Bridgeport, au Connecticut, pour vider la maison de sa maman, morte subitement. Jake ne voyait plus sa mère, devenue accumulatrice compulsive avec les années. Depuis 35 ans, Jake ne parle plus à son père, qui vit reclus au Vermont, où d’autre ? Et le frère aîné de Jake est mort en 1987 dans un accident de branche d’arbre et de décoration de Noël qui ne vous tirera pas de larmes.
Entre maintenant en scène une jeune traductrice qui croit que sa mère biologique a été la nounou de Jake dans les années 1980. Wô, les retournements ! Ensemble, Jake et la jeune traductrice écriront un nouveau chapitre dans leurs journaux de vie respectifs, non sans expérimenter les affres de la pire tempête de neige du siècle.
Ils ont froid, ils ont faim, ils sont presque nus. Mais Jake et la jeune traductrice sont les enfants du bon Dieu et ils ont pour s’aimer d’un naïf amour la fragilité des mots de velours !
Les trois bébelles de Noël | La Presse - La Presse
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