Le 4 décembre, à l’Olympia de Montréal, on accueillera sur scène Freeze Corleone, un rappeur français qui clame qu’il n’en a « rien à foutre de la Shoah » et qui associe les juifs à l’argent, en plus de partager son obsession pour les nazis.
La salle de spectacle défend sa décision en clamant : « liberté d’expression ».
D’accord. Mais accepterions-nous la même liberté d’expression si ce rappeur propageait les pires stéréotypes sur les musulmans ?
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ANTISÉMITISME 101
Voici un petit florilège des paroles de chansons de Freeze Corleone : « Tous les jours, (rien à foutre) de la Shoah » ; « Chaque jour, fuck Israël comme si j’habite à Gaza » ; « Tout pour la famille pour qu’mes enfants vivent comme des rentiers juifs » ; « Faut qu’j’fasse tourner l’argent dans ma communauté comme un Juif » ; « Fuck un Rotschild, Fuck un Rockfeller » ; « Déterminé comme Adolf, années 40 pétasse » ; « J’arrive déterminé comme Adolf dans les années 30 » ; « J’arrive comme un Allemand en 1921 » ; « J’ai les techniques de propagande de Goebbels » ; « On arrive dans des allemandes comme des SS » ; « J’suis à Dakar, t’es dans ton centre à Sion » (un jeu de mots en allusion aux camps de concentration).
En 2020, en France, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) avait porté plainte contre le rappeur. Le ministre de l’Intérieur avait dénoncé le rappeur sur Twitter : « Apologie du nazisme et antisémitisme... Ces propos sont inqualifiables ».
Mais une enquête pour « provocation à la haine raciale » et « injure à caractère raciste » n’avait finalement pas mené à des accusations.
Il reste que même si Freeze Corleone n’a pas fait face à la justice, on peut avoir des objections morales à ses paroles bourrées de stéréotypes.
En juin de cette année, Freeze Corleone s’est produit à Genève. Mais quand son spectacle a été annoncé, ça a scandalisé l’organisme Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la discrimination. Le directeur Johanne Gurfinkiel déclarait aux journaux suisses : « Freeze Corleone n’appelle peut-être pas à l’agression mais favorise une certaine perception des personnes de confession juive et alimente ainsi l’antisémitisme. La haine antisémite et raciste n’a pas sa place dans notre démocratie. Dans l’histoire comme aujourd’hui, il ne faut jamais l’oublier : les mots précèdent les actes. Toujours ».
En France, depuis des années, on assiste à une suite d’événements antisémites : attentat terroriste à l’Hyper casher ; assassinat à Toulouse de familles juives devant une école ; meurtre de Ian Halimi...
Récemment j’entendais à l’émission littéraire La grande librairie la rabbin et écrivaine Delphine Horvilleur déplorer que l’antisémitisme en France soit banalisé, comme si on n’avait rien retenu depuis la Shoah.
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DEVOIR DE MÉMOIRE
J’ai pu voir le film français Simone, le voyage du siècle la semaine dernière dans le cadre du Festival Cinemania (il sera à l’affiche au Québec plus tard cette année).
Le film raconte la vie de Simone Veil, connue pour ses lois progressistes (avortement, prisons, aide familiale). Mais une grande partie du film raconte comment Simone Veil a survécu aux camps de concentration allemands où sont morts son frère, son père et sa mère.
Simone Veil a demandé que sur sa tombe au Panthéon on écrive 78651, le numéro de matricule qui a été tatoué sur son bras à Auschwitz.
Pour que jamais on n’oublie la Shoah. Elle ne s’attendait sûrement pas à ce qu’un jour, un rappeur chante « Rien à foutre de la Shoah »...
Freeze Corleone: rien à foutre de ce rappeur - Le Journal de Montréal
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