23 décembre, film de Noël québécois, certes, mais en prime féministe ? On a sondé les créatrices. Affirmatif.
« Oui, mais il ne faut pas le dire trop fort ! Il ne faut pas faire peur au monde ! »
Rassurez-vous : 23 décembre, comédie sentimentale écrite par India Desjardins et réalisée par Miryam Bouchard (Lignes de fuite, Mon cirque à moi), en salle la semaine prochaine (25 novembre), est un film de Noël, au sens le plus strict du terme. Pensez : un baiser sous la neige au son des violons. Revirement de situations. Et gags cocasses. À profusion. Avec musique de circonstance en trame de fond.
Les codes du genre ont été respectés et suivis à la lettre. À quelques nuances près.
Mais c’est aussi un film féministe : écrit par une femme, réalisé par une femme, avec des femmes fortes à l’écran. Que des femmes fortes : Virginie Fortin, Bianca Gervais, Catherine Brunet, Guylaine Tremblay, Christine Beaulieu, etc.
« Sans que ça ait l’air pamphlétaire, précise la réalisatrice, en entrevue plut tôt cette semaine, au visionnement de presse. Mais oui, et c’est toujours latent dans notre travail : on ne voulait pas tomber dans les clichés. » Ici, les personnages féminins ont une vie, pas qu’une sentimentalité. « Elles font des actions et sont maîtres de leur destinée. »
J’hallucine à quel point nos filles n’ont pas de modèles comme ça au cinéma !
Miryam Bouchard, réalisatrice
L’action est d’ailleurs carrément portée par les femmes (et une tempête de neige, mais c’est un tout autre sujet).
« Je voulais que les personnages féminins ne soient pas définis par leurs histoires d’amour », renchérit India Desjardins, à qui l’on doit un essai sur le sujet (Mr. Big ou la glorification des amours toxiques). D’où sa touche toute personnelle, assez unique dans le genre, faut-il le préciser. « Dans tous les films de Noël, c’est tout le temps les hommes qui vivent les aventures. Ou quand c’est une fille, […] la fille renonce à elle-même. […] Je les aime pareil, ces films avec des gars et leurs mésaventures, précise la scénariste, mais j’avais besoin de faire un film avec des filles qui n’ont pas besoin de renoncer à elles pour vivre leurs aventures. »
D’ailleurs, India Desjardins le dit en toute franchise : elle a fait ce choix ici pour elle, en écrivant le film qu’elle avait envie de voir, elle. « Ce n’est pas tant un statement que pour répondre à mon besoin. »
Les personnages masculins (François Arnaud, Stéphane Rousseau, Michel Barrette) sont du coup moins au premier plan. « Mais je les trouve super beaux ! Je reconnais mon chum en François Arnaud ! Mais on n’est pas habitués qu’ils ne soient pas au premier plan. On est habitués de voir des personnages masculins flamboyants ! »
Un Noël québécois
En plus de mettre de l’avant des femmes, donc, 23 décembre, rare film de Noël d’ici, met aussi au tout premier plan notre réalité québécoise, on l’aura compris. De la grande roue de Montréal aux routes enneigées de Charlevoix en passant par le Château Frontenac, une nappe de Ricardo, même les urgences remplies, tout y est. Musique d’ici en sus.
Et ça non plus, ça n’est pas commun. « Moi, j’aime les films de Noël, poursuit India Desjardins, mais je ne retrouve pas le Québec dans les films que je regarde. » Oubliez les traditions américaines.
J’avais envie de montrer le chaos, l’obligation de visiter les familles aux quatre coins du Québec, la pression, les parents divorcés. Je voulais mettre nos décors. Parce que c’est beau !
India Desjardins
D’où ce récit choral, inspiré de sa vie et d’un Noël particulièrement « chaotique » il y a plus de dix ans, mettant en scène une autrice jeunesse et éternelle célibataire (Virginie Fortin), un couple qui attend un enfant, un chanteur qui remonte sur scène, une mère qui rêve d’un Noël parfait, une autre qui se chicane avec son ado et une directrice d’hôtel sur la corde raide. Ah oui, et une tempête de neige, on l’a dit, et plusieurs revirements, tous les destins étant de près ou de loin interreliés. Tout ça, en une seule journée.
« C’est du sucre à la crème, se plaît à résumer India Desjardins. Réconfortant. Fait avec amour. Je ne veux rien réinventer. […] C’est juste une histoire de Noël qui se passe au Québec. Après ça, si les gens aiment ça, ça me fait plaisir, c’est ça que je voulais ! […] On vient de passer un dur moment avec la pandémie, on a tous besoin de rire, d’avoir du fun, et avec ce film, c’est ça que je veux. »
En salle le 25 novembre
Comédie romantique
23 décembre
Réalisé par Myriam Bouchard et scénarisé par India Desjardins
1h 41
23 décembre | Un film de Noël québécois avec un je-ne-sais-quoi - La Presse
Read More
No comments:
Post a Comment