Après avoir brièvement bifurqué vers l’animation, Chantal Fontaine a retrouvé son premier amour : l’interprétation. Cet automne, elle apparaît dans non pas une, ni deux, ni trois, mais bien quatre séries télé. Le sourire aux lèvres, l’œil pétillant, l’actrice paraît comblée. « J’ai du fun. J’ai vraiment beaucoup de fun. »
On ne peut pas parler d’un retour au jeu pour Chantal Fontaine, puisque depuis ses débuts dans L’or du temps, en 1990, elle n’a jamais vraiment quitté l’écran. On peut toutefois parler de recrudescence… et même de renaissance.
Car il y a cinq ans, rien ne laissait présager un boom pareil. Après Virginie, ses services étaient surtout retenus comme animatrice. De 2010 à 2015, en marge du téléroman Yamaska, elle s’est retrouvée aux commandes de quatre émissions différentes : Par-dessus le marché, Livraison d’artistes, Les chefs ! et Oser une autre vie.
« Je voulais gagner ma vie, et c’était ce qu’on m’offrait, raconte-t-elle en entrevue. Le fait que j’étais restauratrice envoyait peut-être le message que j’avais moins de temps pour jouer. Et j’avais joué le même personnage pendant 12 ans. »
Quoi qu’il en soit, Chantal Fontaine est aujourd’hui ravie de connaître, à 57 ans, un nouveau sommet. Cette saison, plus d’un million de téléspectateurs la retrouvent chaque semaine dans L’échappée, dans l’uniforme de Gisèle Bayeur, infatigable lieutenante de police de Sainte-Alice. Elle défend également le rôle de Jeannine, femme bien bronzée du caïd de Sainte-Foy, dans C’est comme ça que je t’aime, et celui de Monique, veuve amoureuse d’Un lien familial.
Dans une semaine, le public la (re)découvrira dans Ma mère, nouvelle offrande du tandem d’auteurs-producteurs Anne Boyer et Michel D’Astous (L’heure bleue, L’homme qui aimait trop). Dans cette minisérie de six épisodes réalisée par François Bouvier (Ruptures, La Bolduc), Chantal Fontaine campe Chantal Bélanger, une femme qui recouvre sa liberté au terme d’un séjour de huit mois en prison au cours duquel elle a reçu un diagnostic de bipolarité. Sa sortie ravive de nombreuses blessures et bouleverse ses trois enfants, Justine (Rachel Graton), Éric (Steve Gagnon) et Valérie (Marilyn Castonguay), qu’elle a négligés pendant longtemps. Comme dirait son personnage, « tout roule carré ».
C’est une femme en reconstruction. C’est difficile, mais elle persévère. Même quand le plancher s’ouvre sous elle, elle s’accroche. Il y a quelque chose de lumineux là-dedans.
Chantal Fontaine au sujet de son rôle dans Ma mère
Comme une boule de quilles
De son propre aveu, Chantal Fontaine ne connaissait « rien du tout » aux troubles bipolaires avant d’entamer l’aventure Ma mère. En guise de préparation, elle raconte avoir parlé à plusieurs personnes, consulté beaucoup d’articles et regardé énormément de vidéos sur YouTube. Elle est sortie du tournage avec « beaucoup, beaucoup d’empathie » pour tous ceux et celles qui souffrent de maladie mentale, et leurs proches.
« Quand j’apprenais mes textes, des fois, je m’arrêtais et j’étais comme : "Pauvre femme ! Mon Dieu que ça doit être difficile de vivre avec ça." Parce que moi, Chantal Fontaine, 57 ans, ce que j’ai construit autour de moi, mes enfants, ma famille, c’est une fierté. C’est un clan. C’est mon nid, mon refuge. Ça représente tant de choses… Mais pour mon personnage, son nid, c’est un grand vide. Parce que chaque fois qu’elle construisait quelque chose, elle envoyait ensuite une boule de quilles qui détruisait tout. »
La maladie mentale fait tellement de ravages. Les gens autour abdiquent parce qu’ils n’en peuvent plus.
Chantal Fontaine
Ma mère compte plusieurs scènes chargées émotivement. On pense notamment à cette prise de bec particulièrement acrimonieuse entre Chantal et son aînée au deuxième épisode, lorsque cette dernière déterre ses nombreuses erreurs passées.
L’actrice était ravie de mordre dans des scènes aussi denses. Après 30 ans de carrière, elle était prête à relever ce défi colossal. Elle salue d’ailleurs les auteurs d’avoir écrit une série articulée autour d’un personnage féminin qui frôle la soixantaine.
« La télé doit représenter la société dans laquelle on vit. Ça serait bien bête d’exclure ces générations. À 57 ans, je ne me sens pas vieille. Je me sens encore jeune. Des femmes de mon âge qui jouent des rôles hyper importants dans notre société, j’en connais plein ! Et aujourd’hui, quand tu as 60 ans, tu n’es pas finie. Tu as encore un cristi de boutte à faire ! »
Une forte impression
Avec sa performance dans Ma mère, Chantal Fontaine a visiblement laissé une forte impression autour d’elle, puisque durant notre entretien, réalisé au terme du visionnement de presse des premiers épisodes, cinq membres de l’équipe de tournage sont venus nous interrompre pour l’encenser.
L’actrice se souhaite beaucoup d’autres rôles riches et complexes comme ceux qu’elle interprète cet automne. Celui qu’elle défend dans un projet ultrasecret actuellement en tournage s’inscrit dans cette lignée, indique-t-elle.
« Jeannine [dans C’est comme ça que je t’aime] a changé la donne pour moi. Elle est venue dire : Chantal peut jouer n’importe quoi. J’avais déjà confié au réalisateur Jean-François Rivard que j’adorais jouer la femme droite, de tête, contemporaine, mais que j’avais envie d’en jouer une tout croche. Quand il m’a appelée pour m’offrir Jeannine, il m’a dit : "Tiens ! La v’là, ta tout croche ! Have fun !" »
Du plaisir, Chantal Fontaine espère en avoir pendant plusieurs années encore. « Quand je regarde Béatrice Picard, je suis comme : c’est ce que je veux faire, jouer à 90 ans. Si j’ai encore la tête pour apprendre des textes, pourquoi pas ? »
TVA présentera Ma mère à partir du mardi 8 novembre à 20 h.
Ma mère | La renaissance de Chantal Fontaine - La Presse
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