Dany Turcotte va mieux. Plus encore, Dany Turcotte va bien. Vingt mois après avoir quitté Tout le monde en parle, l’humoriste a retrouvé la sérénité et, surtout, la confiance nécessaire pour redescendre dans l’arène et amorcer un nouveau chapitre.
Dany Turcotte aurait pu effectuer son retour en terrain familier, en présentant un one-man show, par exemple. Mais l’envie n’y était pas. « On me l’a demandé, on m’a rencontré, on m’a invité à dîner, on m’a offert des équipes. On voulait que j’anime des galas au festival Juste pour rire, à ComediHa !… Mais j’aurais eu l’impression de rejouer dans le même film », indique celui qui a été membre du Groupe sanguin.
Dany Turcotte revient où personne (ou presque) ne l’attendait : dans l’univers du documentaire sur Savoir média, une chaîne de télévision à vocation éducative. Son premier projet, Du côté des hommes, entre en ondes cette semaine. Il s’agit d’une série du réalisateur et producteur Jean Roy (Vivre tous ensemble, La science de l’art) qui brosse le portrait de l’homme québécois actuel à travers six thèmes : la sexualité, la paternité, le travail, la santé mentale, la masculinité et l’éducation.
En souriant, Dany Turcotte parle d’une belle réintroduction dans l’industrie par « la porte arrière ».
C’est tellement champ gauche. Ce n’est pas mainstream. Mais c’est valorisant. Ce n’est pas une niaiserie. C’est un beau documentaire, classique. Et j’en suis fier.
Dany Turcotte
L’ancien fou du roi de Guy A. Lepage a raison. Du côté des hommes n’est pas une série popcorn qui cherche d’abord à divertir, comme celles qui envahissent Netflix. Elle présente plutôt des témoignages de spécialistes sans flafla, ni mise en scène. On y parle d’anxiété de performance, de réticence à consulter, de sous-scolarisation, etc.
« C’est une série nécessaire, estime Dany Turcotte. Parce que c’est un sujet peu traité dans les médias. Parce qu’on soulève des problèmes de gars, qui ont pris leur trou au cours des dernières années. Plusieurs se cherchent. Ils sont comme dans un no man’s land. Ils n’ont aucune idée comment réagir. C’est pour ça qu’on doit ouvrir la discussion. Je ne suis pas en train de dire qu’on va changer le monde, mais ça peut aider quelqu’un qui est tout seul chez lui dans sa misère. »
De nouveaux projets
Comme plusieurs hommes dépeints dans le documentaire, Dany Turcotte s’est remis en question au cours des dernières années. En entrevue, l’animateur raconte avoir « été marqué » par plusieurs drames. En tête de liste, il cite la disparition de Dominique Lévesque, son grand complice et acolyte du tandem Lévesque-Turcotte, survenue en 2016. « Ça m’a fait réfléchir. Mon ami est mort à 64 ans. J’en ai 57. La vie va vite. »
Le passage du temps se retrouve d’ailleurs au cœur d’un autre projet qui l’occupe cet automne. Pour Radio-Canada, il traitera du vieillissement des personnes LGBTQ+, plus précisément celles âgées de 75 à 80 ans, qui gardent des souvenirs de l’entrée en vigueur, en 1969, du projet de loi omnibus du gouvernement de Pierre Elliott Trudeau, qui décriminalisait l’homosexualité en sortant l’État des chambres à coucher.
C’est une génération inspirante. La première à sortir du placard. Mais quand ils arrivent en résidence, ils sont obligés d’y retourner parce qu’autour d’eux, les autres n’ont pas évolué au même rythme. C’est donc une fin de vie très triste.
Dany Turcotte
« Je veux leur rendre hommage, parce qu’ils ont travaillé fort, poursuit l’animateur. Grâce à eux, je peux être homosexuel publiquement. Je peux être à la télé. Mon chum peut venir me chanter une chanson à En direct de l’univers… Et c’est bien reçu, même s’il est 25 ans plus jeune que moi ! »
Dany Turcotte mijote d’autres documentaires, dont Personne n’en parle, une série dans laquelle il rencontrerait des personnes menant une vie exceptionnelle, loin des projecteurs. « Je suis rendu sérieux ! rigole-t-il. C’est différent de tout ce que j’ai fait jusqu’à maintenant. »
Changement de tempo
Après deux décennies sur scène et presque autant au petit écran, Dany Turcotte aime le changement de tempo qu’il s’est imposé en quittant Tout le monde en parle.
Je suis chanceux. J’ai beaucoup travaillé. J’ai accumulé un peu d’argent. Je peux choisir mes projets.
Dany Turcotte
« Quand j’ai laissé Tout le monde en parle, j’étais brûlé, mais je n’étais pas en burn-out. Je recevais tellement de bêtises sur certaines affaires. C’était un flot ininterrompu pendant des jours. Et quand ça t’arrive, tu finis par y croire, que tu n’es pas bon, que t’es un pourri. Ça finit par rentrer. Ça joue dans ta tête. »
Depuis son départ, Dany Turcotte affirme avoir « vaincu ses démons », notamment en retournant au talk-show dominical de Radio-Canada. Satisfait du résultat, et dorénavant « immunisé » contre les messages haineux sur Twitter et Facebook, il accepterait volontiers d’y participer de nouveau, de manière sporadique.
« À la fin, je tournais ma langue 25 fois avant d’intervenir. J’avais perdu confiance en moi. Mais tranquillement pas vite, c’est revenu. Peut-être que j’avais besoin d’un temps pour décanter, pour revenir aux vraies affaires. »
Du côté des hommes sera diffusé sur Savoir média, dès mardi, à 22 h. La série sera aussi offerte en ligne sur savoir.media et YouTube.
Le retour « champ gauche » de Dany Turcotte - La Presse
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