« Je quitte quelque chose d’important. J’ai des bouffées de tristesse et de soulagement… » Au bout du fil, on sent toute l’ambivalence qui habite Dan Bigras. L’auteur-compositeur-interprète a annoncé jeudi qu’il quittait son rôle de porte-parole et de maître d’œuvre du Show du Refuge. « Je suis rendu là. J’ai fait ça 32 ans, j’ai 64 ans : c’est la moitié de ma vie ! »
Ça lui fait plus qu’un pincement au cœur, dit-il, mais c’est aussi un poids qui se dégage de ses épaules. Il a adoré monter depuis 1991 ce spectacle au profit du Refuge des jeunes, qui vient en aide à de jeunes hommes en difficulté et sans-abri. Mais la fatigue et l’anxiété, explique-t-il, le poussent à passer le témoin.
« J’étais très stressé, confie-t-il. Faire un mauvais show, tu t’en remets. Mais faire un mauvais Show du Refuge, en ayant peur que le Refuge ferme, ça m’a toujours hanté. Les ti-gars sont comme mes petits frères. »
Il reportait cette décision depuis quelques années, dit-il. Il l’a annoncée aux dirigeants du Refuge des jeunes en mars dernier. Il sera tout de même à la barre du 32e Show du refuge, le 13 octobre à la Tohu, qui sera présenté devant public pour la première fois depuis 2019 et diffusé pour la 30e fois à la télévision de Radio-Canada en décembre.
Les artistes invités, comme d’habitude, y seront nombreux et variés : Ginette Reno, Samian, Lulu Hughes, Guylaine Tanguay, Marie-Nicole Lemieux, Luce Dufault, Yama, Isabelle Boulay et Yves Lambert.
Il n’y a rien d’autre qu’une volonté de préserver sa santé, explique Bigras. C’est ce qui l’a motivé à prendre cette décision. Son père est mort d’une crise cardiaque à 57 ans et son grand-père à 50 ans. « Je suis en forme, mais je veux garder les chances de mon bord. J’ai moins d’énergie, pas à cause du cancer [colorectal de stade 2 qui s’est déclaré en 2017], mais de la chimiothérapie. Et puis j’ai eu un accident [de VTT, en 2020] qui m’a laissé avec une clavicule en métal. Ça finit par user ! »
Son association au Show du Refuge, rappelle-t-il, découle d’une idée de France Labelle, directrice générale du Refuge des jeunes, qui l’a vu à l’émission de Jean-Pierre Coallier chanter la phrase « J’espère qu’ailleurs on nous pardonne », tirée d’Ange animal, poème de Gilbert Langevin qu’il a mis en musique.
Après deux spectacles qui n’ont pas été télédiffusés, en 1991 et 1992, son ancien producteur Guy Latraverse a suggéré à Dan Bigras de le proposer aux Beaux dimanches, à Radio-Canada. « Je trouvais notre show un peu bum pour [l’animateur] Henri Bergeron et sa moustache ! dit-il en riant. Mais Guy avait raison. C’était une superbe tribune. J’ai profité d’une liberté totale depuis le début de la part de Radio-Canada. »
Il quitte le Show du Refuge rassuré sur l’avenir du Refuge des jeunes, mais inquiet du sort réservé aux jeunes marginalisés. « Personnellement, dit-il, si j’ai pu montrer au public que ce ne sont pas des déchets, mais qu’ils ont besoin d’amour et d’aide, j’espère avoir contribué à changer le regard qu’on pose sur ces jeunes qui souffrent. »
Dan Bigras restera associé, qu’il le veuille ou non, au Show du Refuge même après son départ le mois prochain. « De toute façon, je n’ai pas envie d’en faire mon deuil. Je ne serai pas loin. Ils savent que je serai là s’ils ont besoin de moi. »
Dan Bigras quitte le Show du refuge - La Presse
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