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Monday, June 13, 2022

Francos 2022 : les grandes retrouvailles… sans contraintes - Radio-Canada.ca

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Claude Bégin et ses collègues d'Alaclair Ensemble avec Sarahmée, soeur de Karim Ouellet, lors de l'hommage des Francos de Montréal à ce dernier.

Photo : Gracieuseté - Équipe Spectra / Benoit Rousseau

On s’attendait un peu à ce que l’hommage à Karim Ouellet, dimanche soir, sur la place des Festivals, soit un peu triste. Forcément. La disparition de quiconque à l’âge de 37 ans est une tragédie. C'était en partie le cas, mais très, très peu, finalement. Ce spectacle collectif Bye Bye Bye Karim : la veillée des ami.e.s aura aussi – et surtout – été festif et émouvant, comme l’artiste disparu en janvier dernier savait l’être.

Après une entrée sobre sur la musique des Brumes pendant que l’on pouvait voir sur les écrans géants l’image du masque de loup de Karim placé au bout de sa guitare, Louis-Pierre Phaneuf – ou Luis Clavis, si vous préférez son appellation au sein de Valaire – est venu dire à la foule monstre que nous étions ici pour pleurer et pour chanter. Il a même repris le truc de Karim qui demandait toujours aux spectateurs dans la foule de hurler leur prénom tous en même temps. Sympa. Le ton était donné.

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Claudia Bouvette, Fanny Bloom et Luis Clavis (de Valaire) lors de l'hommage à Karim Ouellet.

Photo : Gracieuseté - Équipe Spectra / Victor Diaz Lamich

Ariane Moffatt, toute vêtue de vert, est venue interpréter Il était une fois sur un ton juste, avant d’enchaîner Dans la nuit qui tombe avec Gabrielle Shonk, lorsque les cuivres ont fait sentir pour la première fois de la soirée leur présence et leur puissance pétaradante.

Avec des artistes qui ont privilégié le jaune, le vert et le rouge, c’est comme si nous avions droit à notre lot de soleil dans cet hommage au disparu. D’ailleurs, l’inscription Bye Bye Bye Karim en plein milieu de la scène, sur un fond jaune, nous rappelait de grands moments vécus avec Karim sur cette même scène au cours des ans.

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Sarahmée, Ariane Moffatt, Valaire, Hubert Lenoir, Alaclair Ensemble, Claude Bégin, Fanny Bloom, La Bronze et Claudia Bouvette ont uni leur musique le temps du spectacle-hommage « Bye Bye Bye Karim : la veillée des ami.e.s ».

Photo : Gracieuseté - Équipe Spectra / Victor Diaz Lamich

Claude Bégin, ami proche qui a réalisé trois disques de Karim Ouellet, est venu chanter avec sa sœur Élise Rien ne sert de courir, une chanson que le disparu n’avait jamais présenté en spectacle. Dynamique à souhait, mais moins attendue que Fox, également interprétée par le duo.

Les collaborations semblaient couler de source dans ce concert souvent vivifiant : La course (Gabrielle Shonk et Amélie Nault), Oh! Non (Claudia Bouvette et Hubert Lenoir) et La mer à boire (Ariane Moffatt et Hubert Lenoir) ont toutes frappé dans le mille. Incidemment, il était fascinant de constater à quel point les timbres de voix de Moffatt et de Lenoir se mêlaient à la perfection.

Certaines prestations individuelles ont donné la chair de poule. Du nombre, Plume (Ariane Moffatt) et Trente (Fanny Bloom). Cette dernière était visiblement émue lorsque les dernières notes de la chanson se sont envolées vers le ciel.

Comme c’est souvent le cas dans ces occasions, c’est l’union qui fait la force. L’amour, avec Alaclair Ensemble, a été explosive et a mené à une participation de la foule. C'était encore plus fort durant Le monstre, durant une vague de bras gigantesque. C’est là qu’on a entendu les boys hurler : Karim! On est ensemble! Frissons.

Ils étaient encore plus grands quand on a entendu la voix de Karim lui-même sur une chanson inédite, enregistrée quelque temps avant sa mort. La chanson, intitulée Héréditaire, parlait de la famille, lien évident avec la chanson d’Alaclair Ensemble qui a réuni tous les artistes d’un soir sur la scène, dont Sarahmée, la sœur de Karim.

Faites du bruit pour Karim, a-t-elle lancé, visiblement prise de court de la salve d’applaudissements qui ont redoublé lors de son arrivée, comme pour la soutenir dans cette terrible épreuve, plusieurs mois après le départ de son frère.

Maman, regarde comme ils aimaient Karim! a-t-elle crié à sa mère. Puis, à la foule, elle a lancé : Continuez à écouter sa musique et à monter le son f… fort!

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Une projection de Karim Ouellet à la place des Festivals.

Photo : Gracieuseté - Équipe Spectra / Benoit Rousseau

Après Trente, poignante, tout le monde est revenu pour Karim et le loup. En dépit de la peine, on ne voyait que des sourires sur scène. C’est à ce moment que je me suis souvenu du concert 25 ans, 25 artistes, pour les FrancoFolies, en 2013.

C’est lors de cette soirée que, menés par Daniel Boucher, Ariane Moffatt, Dumas, Pierre Lapointe, Mara Tremblay, Vincent Vallières, Yann Perreau et Karim Ouellet – qui était le petit nouveau au sein du groupe de vedettes – ont plongé et surfé plusieurs minutes sur la foule. Le sourire de Karim quand il était remonté sur la scène après la baignade de foule était magique. Comme une bonne partie de l’hommage de dimanche...

Damien Robitaille

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L'auteur-compositeur-interprète franco-ontarien Damien Robitaille

Photo : Gracieuseté - Équipe Spectra / Frédérique Ménard-Aubin

L’artiste francophone le plus populaire durant la pandémie n’a pas été Céline Dion, mais bien Damien Robitaille dont les clips presque quotidiens mis en ligne dans le cyberespace ont eu une résonance planétaire, rien de moins.

Ce dernier était en prestation au Studio TD (anciennement L’Astral) en début de soirée dimanche. Et après une ouverture d’une vingtaine de minutes de ses succès trépidants et rassembleurs (Mètres de mon être, Mot de passe, On est né nu, Omniprésent, Sortie de secours), le pianiste a mis les choses en perspective.

Il y a des gens qui sont ici qui n’ont aucune idée de ce que je fais, mais qui ont vu mes vidéos.

En effet. S’il est demeuré dans son univers – hormis Here Comes The Sun, interprétée à la guitare – durant un moment en nous présentant des chansons écrites durant la pandémie comme la loufoque Bienvenue à Longueuil, digne des Trois Accords, on se doutait que l’ami Damien allait donner aux spectateurs ce qu’ils voulaient.

Il a donc enchaîné durant une bonne heure des chansons, des succès, des classiques et des hymnes anglo-saxons ou francophones dans une ambiance frénétique : Queen, Toto, Led Zeppelin, Robert Charlebois, Elton John, Getty Boulet, les B.B., Gloria Gaynor, Technotronic, tout y a passé.

Durant la pandémie, Damien Robitaille voulait amener de la joie avec ses centaines de clips. C’est ce que le Franco-Ontarien qui réside désormais à Longueuil a fait dimanche. Il était un juke-box vivant et le Studio TD était la meilleure piste de danse en ville.

Quand j’ai quitté l'endroit pour me diriger vers la place des Festivals en vue de l’hommage à Karim Ouellet, Damien amorçait Andy, des Rita Mitsouko, au sein de son répertoire sans fond. Si ça se trouve, au moment où vous lisez ces lignes, il est peut-être encore en train de jouer…

Sa première Place des Arts

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Ariane Moffatt, accompagnée d'un ensemble à cordes, performe lors de la 33e édition des Francos de Montréal, le samedi 11 juin 2022.

Photo : Gracieuseté - Équipe Spectra / Benoit Rousseau

Vous connaissez la série Ma première Place des Arts? Étonnamment, Arianne Moffatt en était samedi soir à sa première présence en tête d’affiche dans le complexe lors des Francos de Montréal. En effet : petites scènes extérieures, grandes scènes dans la rue Sainte-Catherine ou sur la place des Festival, Spectrum, Métropolis… Elle avait tout fait depuis plus de 20 ans, sauf la PdA durant les Francos.

Pour l’occasion, elle présentait une version majorée de sa tournée Incarnat. J’avais vu le tout premier concert lié à cet album l’an dernier au FestiVoix de Trois-Rivières. La version crue et dénudée, dirons-nous. Ariane, ses claviers, sa guitare et son tambour, sur une scène extérieure, avec un soleil éclatant, les pieds dans le gazon. Samedi, nous avions droit à la version en salle dans la Théâtre Maisonneuve. La version riche et somptueuse, dirons-nous.

Ambiance feutrée, décor rougeâtre, beau et grand piano, claviers, guitare, tambour et l’ensemble de cordes Mommies on the Run dirigé par Mélanie Bélair, lui aussi majoré à 10 instrumentistes. La beauté était au rendez-vous lors de cette rencontre souvent somptueuse entre ivoires et cordes qui ont enveloppé Debout, Beauté – fort à propos – et Distance. La voix de Moffatt était impeccable pour Espoir qui bénéficiait de légers pizzicatos de l’ensemble.

La fille de l’Iceberg, Hôtel Amour et Miami – dédiée à Karim Ouellet – ont été les titres où l’intégration pop/musique classique a été la plus réussie, lorsqu’Ariane a délaissé le piano pour ses claviers. Remuant, mais pas autant que les versions guitare/tambour de Réverbère et Je veux tout au rappel.

Au fil d’arrivée, dans la pleine lumière ou dans la pénombre, dénudées ou richement arrangées, les chansons d’Incarnat n’ont pas raté leur cible ni notre cœur.

Koriass règne sur l’asphalte

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Le rappeur québécois Koriass salue la foule.

Photo : Gracieuseté - Équipe Spectra / Victor Diaz Lamich

Une place des Festivals remplie à perte de vue par autant d’enfants de l’asphalte qui venaient l’acclamer, une foule d’invités, des nouvelles chansons du disque Abri de fortune (pour fin du monde) et des titres désormais mémorables qui ont fait sa renommée : Koriass a livré une formidable démonstration de force vendredi soir.

Il faut dire qu’il était bien entouré pour l’occasion. Son vieux complice DJ Manifest aux platines, guitare, basse, batterie, un trio de cuivres et un autre de choristes. Rarement le rap s’offre une instrumentation aussi nourrie. Et il y avait tous les potes et amies : Mike Clay (De Clay and Friends), Safia Nolin (qui a partagé Marie-Jo, de Karim Ouellet, avec Koriass), Imposs, Jay Scott, Bobby, Souldia… C’était la fête pour tous et toutes sur scène et dans la rue Jeanne-Mance.

L’ajout des cuivres était magistral pour Juste fais-le, tout à fait indiqué pour Blacklights, et les collaborations pour Garde ta job, Effet spéciaux, Matusalem et Épitaphe ont fait mouche. En forme et en voix, le rappeur dont le débit et la qualité de prononciation sont toujours exemplaires était visiblement ému d’être là… comme la plupart d’entre nous, d’ailleurs.

La dernière ligne droite de la soirée avec Lendemain, Fin du monde et Enfant de l’asphalte a dynamité, comme si c’était possible, une foule survoltée qui ne voulait pas que la soirée se termine. N’empêche quand Cinq à sept a bouclé le concert et la soirée, on avait juste le goût d’être déjà à demain et à recommencer.

Sauver notre âme

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Luc De Larochellière lors de la 33e édition des Francos de Montréal, le samedi 12 juin 2022.

Photo : Gracieuseté - Équipe Spectra / Victor Diaz Lamich

Luc De Larochellière n’a pu sauver sa vésicule biliaire la semaine dernière lors d’une opération d’urgence. Il a néanmoins sauvé son âme et la nôtre, vendredi, à son concert extérieur où il interprétait intégralement et en séquence son album de 1990, Sauvez mon âme.

En raison de la plage horaire plus longue – une heure et demie –, il a même proposé les cinq premières chansons du disque Amère America en ouverture (Amère America, La route est longue, Le silence, Chinatown Blues, Les élections). Ajoutez à cela les chansons-phares de son deuxième album (Sauvez mon âme, Ma génération, Cash City, Si fragile, Six pieds sur terre) et la prestation avait les allures d’un concert de grands succès.

C’était, au fond, presque le même concert que celui proposé au théâtre Outremont en novembre 2021 lors de Coup de cœur francophone. L’album Amère America étant joué intégralement ce soir-là, lui aussi. Mais c’était lors des restrictions sanitaires. Vendredi, l’exercice avait quelque chose de salvateur. Luc, tous ses collègues musiciens et choristes de l’époque, devant des milliers de personnes – trois générations, au moins – qui chantaient les chansons dont les paroles sont encore bigrement d’actualités. Succès populaire s’il en est un.

Le meilleur commentaire entendu : Après quelques chansons, vendredi, sur une scène extérieure, Félix Dyotte a remercié le public attentif et aimant qui, effectivement, savourait les paroles de la musique de ses chansons dans un silence presque religieux. Et c’est là qu’il a ajouté : À ma famille et mes proches, j’aimerais vous dire que vous êtes ceux qui parlez le plus durant mes chansons. Le commentaire avait beau être – en partie – une blague, il y avait quelque chose de réjouissant d’entendre ça.

Le coup de cœur jusqu’ici : En première partie du concert d’Ariane Moffatt – et lors du duo Jamais trop tard avec elle durant sa prestation –, Étienne Coppée a charmé avec ses chansons planantes, l’utilisation originale de son melotron et une forme de sympathique maladresse qui n’était pas sans rappeler celles de la tribu des McGarrigle.

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La foule était nombreuse sur la place des Festivals lors des Francos de Montréal.

Photo : Gracieuseté - Équipe Spectra / Benoit Rousseau

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